Au Cœur de l'Océan, la critique du film

 

Publié le Mercredi 9 décembre 2015 à 12:00:00 par Alexandre Combralier

 

Au Cœur de l'Océan, la critique du film

Est-on réellement serré au fond de cette boîte ?

imageMoby Dick est un grand classique de la littérature américaine, mais l’on sait moins que le roman de Melville se fonde lui-même sur des faits réels : le naufrage de l’Essex, un navire de baleiniers coulé par un gigantesque cachalot. Soucieux de ne pas livrer une adaptation de Moby Dick en plus, Ron Howard (Apollo 13 Da Vinci Code, Rush…) a donc préféré se frotter à un essai de Nathaniel Philbrick (In the Heart of the Sea: The Tragedy of the Whaleship) consacré à cette tragédie de l’Essex.

Au Cœur de l’Océan, en dépit de ces fondations réalistes, se présente tout de même comme un véritable blockbuster épique dont le cahier des charges est simple : l’aventure, l’Océan, le large, la chasse à la baleine. A l’image du roman de Melville, le film de Ron Howard est un peu plus que l’histoire d’une traque ; le cachalot n’apparaît pas de très longues minutes à l’écran, et l’action comme les dialogues se concentrent plus souvent sur les relations entre les hommes de l’Essex.

Le capitaine du navire, George Pollard (Benjamin Walker), un bonhomme qui a donc réellement existé, est le fils d’un célèbre armateur. Sa mission ? Aller ramener des barriques pleines d’huile de baleine. Le petit Pollard ne doit sa position qu’aux finances de papa. Son second, Owen Chase (Chris Hemsworth, Thor ou bien James Hunt dans Rush), est en revanche plus capable et forcément, de cette sévère injustice vont naître quelques tensions. Dès le départ, le capitaine Pollard voudra affirmer son autorité, et même ses compétences, au risque de mettre en danger l’équipage. Chris Hemsworth (qui a perdu une vingtaine de kilos pour l’occasion) est convaincant dans son rôle de capitaine officieux mais toujours bridé ; Benjamin Walker est également parfaitement rentré dans la peau de l’héritier qui veut à tout prix cacher son incompétence derrière un masque de placidité. Ron Howard construit donc la bonne première moitié du film sur cette relation, avec suffisamment d’efficacité et de tension dramatique, même si elle aurait pu encore être davantage complexifiée.


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screenToute la narration de la traque des baleines se fait à travers le récit d’un moussaillon rescapé de l’épreuve, Thomas Nickerson, à Meville en personne, venu à la pêche aux informations pour un roman qu’il projette d’écrire (ce qui sera, on l’aura compris, Moby Dick). De temps à autres, la caméra nous ramène dans le présent. D’abord rétif, Thomas Nickerson se livre de plus en plus, avant de peut-être reculer face aux actes les plus inavouables qu’il a dû commettre en pleine mer… Le procédé n’a rien de très original, mais il a le mérite d’apporter une touche de profondeur à l’ensemble et quelques moments de respiration nécessaires face à l’action du grand large.

Le film se divise en réalité en trois parties. La première tient jusqu’à la découverte du cachalot géant. La deuxième consiste dans la confrontation avec la petite bête. La troisième, le récit des naufragés de l’Essex, sur le chemin du retour, fait furieusement penser à Seul au monde. Ceux qui voudront y trouver le goût du grand large et une immersion réussie dans un équipage de baleiniers du milieu du XIXème siècle ne seront franchement pas déçus. Les décors sont soignés, le vocabulaire précis de la navigation est de sortie, les images de synthèse (paysages ou animaux marins) sont réellement superbes. On aurait encore aimé un ou deux chants de marins pour que la fête fût parfaite… En parlant de la bande-son, notons qu’elle accompagne efficacement l’action mais reste trop peu mise en valeur tout le long.

screenEn bref, tous les attendus des amateurs du genre y passent : tempête, naufrage, chasse à la baleine… La première partie du film (avant l’apparition du cachalot blanc) est d’ailleurs un modèle. A regarder à fond, en totale immersion (et avec les sous-titres anglais, à moins d’être membre de la Royal Navy). Set sail, quoi ! Par la suite,

Au cœur de l’Océan manque un peu de folie et de surprises. L’ensemble du scénario est certes prévisible (il s’agit, après tout, d’une adaptation) ; cependant le traitement demeure trop classique, en particulier pendant la troisième partie du film, qu’on aurait souhaité un peu plus courte. Le film a beau être long (deux heures environ), on reste quelque peu sur sa faim, non seulement concernant les relations entre les personnages (trop de personnages secondaires disparaissent sans que cela nous émeuve vraiment), mais encore au sujet de cette fameuse baleine. Est-ce la difficulté du tournage ? La nécessité de scènes d’actions ?

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screenLa bête semble avoir une véritable conscience ; elle traque les baleiniers ; il n’y a pas l’épouvante et la peur qui rôdaient dans Les Dents de la Mer (ce n’est pas d’ailleurs le but), mais à chacune de ses apparitions, la créature, majestueuse dans sa puissance, impressionne. On fera bien sûr une mention spéciale à la qualité des modèles 3D. Cependant la confrontation à la baleine reste encore trop physique, directe, et jamais assez psychologique, comme on l’attendait du film, comme on le lit chez Melville ou chez Philbrick. Comment les marins perçoivent leur propre condition de chasseurs, quand eux-mêmes deviennent chassés par la baleine ? Pourquoi persistent-ils à poursuivre la mort et l’absurde ? Il manque en somme au film une touche de profondeur, un volet initiatique à l’épreuve, à l’image de ce même Seul au monde, ou de l'Odyssée de Pi.

screenQuoi qu’il en soit, Au cœur de l’Océan demeure un tableau saisissant d’un long voyage en mer au XIXème siècle. La première partie du film, jusqu’à la première rencontre avec le cachalot, est excellentissime et fait monter dans le spectateur l’excitation du grand large. Les promesses ne sont toutefois pas totalement comblées par la suite des événements. La partie consacrée au naufrage et à la survie en mer aurait ainsi clairement mérité plus de prises de risques pour faire du film de Ron Howard un réel classique de l’aventure. Mais grâce à cette photographie déroutante et une immersion parfaite dans le monde de la mer, on tient probablement le film aquatique de l’année.

 

 
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Plateformes :

Editeur : Warner Bros

Développeur : Ron Howard

PEGI : 7+

Prix : cinema

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