Publié le Mardi 30 juin 2015 à 12:00:00 par Sylvain Morgant

 

Tale of Tales, la critique du film

Mécontes de fées

A une époque baroque, dans un royaume reculé, une reine stérile est prête à tous les sacrifices pour enfanter. Dans un autre royaume, un roi lubrique passe ses journées et ses nuits à assouvir ses besoins sexuels. Un autre roi est fasciné par une créature étrange au point d’en délaisser sa fille.

Ces trois souverains vont voir leurs histoires s’entremêler et leurs vies bouleversées dans un monde où la magie, les monstres, les ogres et les sorciers cohabitent avec les hommes.

Réalisé par Matteo Garrone, Tale of Tales, ou Il racconto dei racconti dans sa langue d’origine, est l’adaptation de 3 contes du livre Pentamerone de Giambattista Basile écrivain du XVII siècle. Pour ceux que cela intéresse, ce sont ces contes qui ont servi à Charles Perrault et aux Frères Grimm pour écrire leurs propres histoires. Je vous laisse imaginer ce que ça veut dire en termes de royalties si seulement le concept avait existé à l’époque...

On retrouve au casting de ce film Salma Hayek, John C. Reilly, Toby Jones et Vincent Cassel pour les noms les plus prestigieux. Viennent ensuite Christian et Jonah Lee, Shirley Henderson, Hayley Carmichael, Stacy Martin et Bebe Cave pour les autres rôles.


Autant le dire de suite, dans ce film nous sommes très loin des versions des contes de fée que l'on connaît. Ici, on peut dire que l'on a le matériau brut, sans fioriture, sans guimauve et sans morale. On peut aussi dire que c'est la version "pas pour les enfants". Car quand on retire l'enrobage de guimauve, que reste-t-il ? Des histoires cruelles. Entre la mère qui sacrifie son mari pour enfanter et qui est prête à tuer pour garder son fils ; une princesse violée par un ogre après que son père l’ait offerte lors d'un concours et enfin une sœur laide qui pète un câble et se fait volontairement écorcher vive pour tenter de ressembler à sa sœur bien plus belle ; on ne peut pas dire que ce soit la grande joie. Sans oublier qu’il arrive les pires saletés aux protagonistes…

Et c’est un petit souci, d’ailleurs, puisque l’on ne comprend pas toujours pourquoi ni comment. Les raisons ne sont pas toujours claires et cela tombe parfois comme un cheveu sur la soupe. Ajoutez l’impression de prendre l'histoire en marche et de la quitter brutalement, ce film laisse le sentiment qu'il nous manque un bout du récit pour tout comprendre. Avec en plus le malaise et la dépression qui se rajoute vu le ton global du film. Il y a vraiment un manque de consistance, un souci dans la narration.

Autre point important, les décors. Si les "vrais", c’est-à-dire les châteaux et décors naturels utilisés sont superbes, hélas ceux construits font toc et carton-pâte. Idem pour les 2-3 monstres rencontrés qui sont de gros machins en latex à peine dignes d'une série Z. Au contraire des maquillages des acteurs et leurs habits, très réussis. Bref, un contraste gênant qui ne rend pas hommage au film.

En parlant des acteurs, il faut vraiment que Vincent Cassel arrête de jouer en Anglais. Déjà qu'il a une élocution pas forcément exceptionnelle en Français mais alors en Anglais, c'est une catastrophe. Autrement dit, voir le film en français s’impose malheureusement comme le moindre mal.

Au final, le résultat nous laisse dubitatifs. Ne sachant pas trop où le réalisateur a voulu en venir, ne voyant pas vraiment de fil conducteur fort au film, Tale of Tales ne convainc pas. Trop brouillon, trop d’erreurs, trop de problèmes de narration et d’effets spéciaux… Dommage. L’idée était prometteuse, le résultat n’est finalement que brouillon.