Wasteland 2 (PC)

 

Publié le Vendredi 19 septembre 2014 à 12:00:00 par Alexandre Combralier

 

Test Wasteland 2 (PC)

I'm a poor lonesome...

imageFallout, Fallout 2, Bard’s Tale… C’était l’âge d’or du RPG, durant les années 90. La réputation de Brian Fargo était faite avec celle du studio Interplay. Aujourd’hui, grâce à Kickstarter, nous vivons une nouvelle période dorée. On attend Pillars of Eternity ou encore Tides of Numenera (le successeur officieux de Planescape Torment) : attentes interminables. Celle pour Wasteland 2 prendra fin ce 19 septembre. Développé par inXile (qui a pu s’appuyer sur un véritable carton sur Kickstarter : 3 millions de dons !), Wasteland 2 se veut logiquement ambitieux. Il est la suite de Wasteland, sorti en 1988 (!), le vrai premier Fallout si l’on veut. Les attentes sont grandes ; les nostalgiques ne veulent pas être déçus ; et après l’excellent Divinity : Original Sin (qui surfait aussi beaucoup sur cette vague old-school), l’exigence n’est plus la même.


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screenHélas, mes premières heures avec Wasteland 2 ont été plus que difficiles. Tout d’abord, la création de personnages. Rien à dire dessus : très détaillée niveau caractéristiques, techniques, avec des persos sans classe, entièrement personnalisables… On n’avait plus vu de telle profondeur dans une fiche de personnages depuis longtemps. Il est possible de créer les quatre personnages de votre futur groupe comme vous l’entendez : bourrin au corps à corps, sniper peureux mais mortifère, charmeur As de la duperie pour les dialogues du jeu, spécialiste des explosifs… Tout est permis. On regrettera quand même un manque au niveau de la personnalisation physique des personnages. J’ai passé trois quarts d’heure à créer mes personnages. La larme à l’œil, je cliquai sur le bouton suivant. Puis… retour bureau. Tout perdu.

screenAprès avoir finalement décidé de ne créer qu’un seul personnage pour prendre les personnages pré-crées du jeu, je commençais ma première exploration du monde de Wasteland. Un monde post-apocalyptique, désertique (l’Arizona américain )… et malheureusement bien décevant à l’écran. La plupart des environnements sont répétitifs esthétiquement, assez pauvres pour tout dire. Le moteur du jeu a deux bonnes années de retard minimum. Bien sûr, quelques plans sont plus réussis que d’autres ; mais pour l’essentiel, vous passerez votre temps à déambuler sur du sable, dans le désert. Heureusement, les artworks (présentant les têtes des personnages dans les nombreux dialogues du jeu) rattrapent le coup. Finement réussis (bien qu’ils contrastent souvent avec les pauvres polygones 3D), ils permettent de livrer le joueur à l’imagination… Mais c’est un peu chiche pour faire de Wasteland 2 une perle graphique.

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screenPour ne rien arranger, les premières quêtes ne sont pas passionnantes. Surtout celle qui vous mène à l’AG Center, une exploitation agricole dont les légumes ont un peu trop pris de radioactivité… Au milieu des citrouilles géantes, on fait de nombreux et inutiles aller-retours dans le vaste centre, gambadant on ne sait trop où pour chercher on ne sait trop quoi. Hélas, vous n’aurez pas des débuts aisés (même dans le mode facile, le jeu offre un challenge agressif au début de l’aventure, suffisant par la suite) : pénuries d’argent, de munitions, de trousses de soin (la vie ne remontant évidemment pas automatiquement). Bref, on galère dans des environnements moches durant deux-trois bonnes heures (à noter que vous pouvez éviter cette mission à l’AG Center en vous dirigeant directement vers Highpool : retenez-le). Et on se dit que Wasteland 2 est en train de manquer le coche. Comme un bon roman, Wasteland 2 est âpre dans son prologue.

screenLa difficile initiation passée, la magie commence à opérer, et Wasteland 2 devient pleinement la tuerie attendue. Un jeu profond, âpre, rugueux, libre, libertaire même. Une merveille d’écriture et d’immersion. Le pitch de départ est connu, et pour ainsi dire classique : la fin du monde. Boum. Orgie de bombes nucléaires, et des fallout (vf : des retombées radioactives) un peu partout. Sauf… sauf dans un coin du sud-ouest des Etats-Unis (mais aussi ailleurs ? A vous de le découvrir). Dans ce monde à la Mad Max, les hommes se sont peu à peu groupés selon leurs intérêts. Les égoïstes font régner l’anarchie ; d’autres prétendent protéger les gens en créant des campements salvateurs, mais en profitent pour faire régner la terreur et l’exploitation ; c’est la guerre de chacun contre chacun, pour la nourriture, pour l’eau ; et puis il y a les rangers : le groupe auquel vous appartenez. Un groupe de bons, mais de bons qui sont prêts à dégainer les premiers pour ne pas se faire manger dans la jungle du désert. Bien vus par certains, beaucoup moins par d’autres, qui n’y voient qu’un groupe de bandits solitaires, qui tuent avec la légitimité d’une justice apparente.

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screenVotre groupe de quatre personnages vient d’arriver parmi les Rangers. Le clan est en émoi. Le valeureux Ace, une véritable figure, vient de mourir dans des circonstances mystérieuses, assassiné selon un procédé qui rappellera de mauvais souvenirs… Ace enquêtait sur d’étranges signaux radio venant de l’Est lointain, là où l’on pensait pourtant que la vie avait depuis longtemps disparu. A vous d’enquêter sur ces signaux radio, et pourquoi pas de venger la mort d’Ace. Comme dans un vrai RPG occidental, le joueur a l’impression de n’être qu’un pion dans un vaste tableau, de ne pouvoir tout comprendre ; peu à peu il voit les fils se nouer, d’autres se défaire alors qu’il les pensait solides. Et comme dans un RPG des années 90, vous pouvez totalement vous déconnecter de cette intrigue pour explorer le monde de Wasteland 2 (un monde semi-ouvert, certes) pour donner libre court au sentiment de l’aventure.

screenOui, Wasteland 2 est un roman. Une fois rentré dedans, on accroche terriblement. L’ambiance y est pour beaucoup. Elle ne passe pas tellement par les décors, qui on l’a dit, déçoivent la plupart du temps. Elle passe par l’écriture. Par les dialogues tout d’abord. Nombreux, bien sûr. Chaque rencontre est différente et les personnalités sont assez creusées pour n’être pas manichéennes. Dans l'ensemble, pas tellement d'humour : trop en décalage avec l'ambiance du jeu (mais quand il y en a, il est d'autant plus inattendu et réjouissant). Grâce aux caractéristiques de votre personnage (pour info, il n’y a pas moins que trois skills dédiés aux dialogues uniquement), il est possible d’accéder à des options cachées. Votre perso est du genre intelligent ? Il repérera les failles et les contradictions dans le discours mensonger d’un homme voulant vous tromper. Est-il doué en perception ? Face à un individu vous pointant de son arme, il décèlera un petit écusson, sur sa veste, d’un clan ami. On aime ça. A tel point qu’on aurait aimé que de telles options fussent encore plus présentes. Ou qu’il y ait plus de dialogues entre votre groupe de personnages (au maximum quatre de base, et trois compagnons), et pourquoi pas des romances.

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screenAu-delà des dialogues, l’ambiance passe par la narration. En bas à droite de l’écran, on aperçoit un cadre où se récapitulent tous les dialogues du jeu. Mais on y lit aussi les descriptions de pratiquement chaque personnage, et chaque paysage. C’est ce qui pouvait sembler un détail qui m’a fait pleinement rentrer dans le jeu. C’est la base même de l’immersion, de l’imagination, qui faisait tout le sel de RPGs comme Fallout ou Planescape Torment. C’est la même chose ici. Un vrai livre dont vous êtes le héros, mais auquel on aurait ajouté un puissant sentiment de liberté.

screenCar les vieux RPGs, c’était aussi cette immense sensation de liberté qui donnait la sensation de pouvoir tuer n’importe qui pour n’importe quoi. Dans Wasteland 2, il est en effet possible de tuer tout le monde. Absolument tout le monde. Même vos compagnons. Même… les enfants (oui, j’ai essayé sur un mioche qui m’avait subitement reproché d’avoir tué sa maman, l’insolent). Coucou la PEGI. Du coup, vous pouvez faire foirer un maximum de quêtes (ou les résoudre de différentes manières) sans jamais faire bugger le jeu. Bon, honnêtement, c’est absurde de tuer tout le monde, et rater ainsi les dialogues. D’autre part, vous êtes aussi libre d’aller où vous voulez. A condition d’avoir le niveau, bien entendu. Et sous réserve de trouver des oasis sur la carte du monde, car vous ne pourrez jamais aller bien loin sans faire le plein du précieux H2O…

screenDémarre alors l’exploration d’un monde vivant. Chaque zone a sa petite histoire. Par exemple ce canyon, où pour passer avec sûreté, on peut choisir (ou pas) de se faire guider par un protecteur qui a la fâcheuse manie de déclencher une explosion suicidaire qui ne blesse pas que vos ennemis… Et au détour de chaque zone (qu’on explore en trois-quatre heures à fond chacune environ), ou trouve encore là une petite ferme isolée dont le paysan, décomposé, vous supplie de retrouver ses porcs… là une femme en détresse qui vous demande de réparer son puits. On interagit avec les personnages rencontrés bien sûr, mais il y a aussi des compétences pour à peu près tout : du craft, bien sûr ; du crochetage de serrures (à ne pas confondre avec le crochetage de coffres-forts, car oui, il y a même une compétence pour cela) ; de la réparation en tout genre ; on peut apaiser les animaux ennemis pour qu’ils vous suivent ou fuient le combat ; défoncer les portes qui bloquent le passage… On peut faire beaucoup de choses, et on en rate aussi beaucoup, forcément.

screenOn en aurait presque oublié que dans Wasteland 2, on combat. Le jeu adopte un système au tour par tour, qui fait penser à Fallout Tactics ou encore à XCOM, avec un certain nombre d’AP à dépenser par personnage. A vous d’adapter votre tactique selon chaque affrontement. Des snipers ? Envoyez votre bourrin au corps au corps pour gêner leurs visées. Des animaux venant au corps à corps ? Restez à distance, ou envoyez votre charmeur d’animaux les calmer. Il vous faut aussi jouer avec les décors du jeu, en exploitant au maximum les couvertures. Le jeu offre assez d’options tactiques (mise en embuscade, headshots, position accroupie pour mieux viser…) pour offrir des affrontements à la profondeur tactique jamais effrayante, et toujours séduisante (surtout quand les combats sont relevés).

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screenPrendre l’avantage du terrain, disperser assez vos personnages pour ne pas être sous la menace d’une grenade radioactive, économiser un maximum de munitions… Les exigences de chaque combat peuvent changer du tout au tout. La difficulté des affrontements varie assez : tantôt un groupe assez facile, tantôt un combat relevé qui donnera du fil à retordre. Mais jamais la difficulté n’est insurmontable. Du moins si vous ne décidez pas de déclarer la guerre au monde entier. Un monde qui s'étend sur une première vaste carte (le Wasteland, dans l'Arizona), qui s'explore environ en 25 heures. Le joueur arrive ensuite en Californie... et malheureusement, la région n'était pas encore disponible dans la version presse (qui proposait le contenu final de seulement une partie du jeu). Les développeurs ont annoncé une bonne cinquantaine d'heures de jeu en moyenne, ce devrait donc être le cas. Evidemment, beaucoup plus si vous fouillez tout, et si vous jouez de surcroît en difficulté supérieure.

screenEn ce moment, l’amateur de RPG old-school est aux anges. Divinity : Original Sin offrait déjà un système de combat profond allié à un monde fourmillant de rencontres. Je mettrais la même note aux deux jeux. Une rapide comparaison s’impose : Original Sin est plus beau et un poil plus intéressant niveau combats ; les musiques de Wasteland 2, hélas bien oubliables (Mark Morgan, compositeur des musiques de Fallout 1 et 2, tourne visiblement en rond), ne soutiennent pas la comparaison ; mais pour ce qui est de l’immersion, des dialogues, de l’écriture, Wasteland 2 est supérieur. D’un point de vue personnel, j’ai préféré Wasteland 2, plus rugueux, plus réaliste, plus vrai. Mais à choisir on se tromperait : jouez aux deux.

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Le bilan de ce voyage ? Wasteland 2 est une tuerie. Il est une tuerie, à condition de ne pas tenir compte de graphismes un peu sommaires, à condition d’aimer lire, de savoir se plonger dans un jeu, de se mettre dans l’ambiance. Si on accroche, c’est une belle et grande expérience. Au-delà d’un jeu, Wasteland 2 est un roman. Un roman d’aventures, un roman noir, un roman de chevalerie… A vous de décider. Il y aura toujours des ronchons : inXile, avec ses trois millions, aurait pu faire plus d’efforts sur les graphismes, sur les dialogues entre les personnages, aurait pu proposer un monde ouvert sans carte du monde reliant les zones, aurait pu aller plus loin niveau insolence (quitte à être moins réaliste)… Ce n’est pas entièrement faux. Mais il est difficile de noter un RPG qui vous tend la main comme un jeu de bagnoles : difficile de le noter objectivement. J’ai accroché. Je mets un 9. Vous n’avez pas accroché. Vous mettrez un 7. Vous auriez aussi raison. Comment savoir ? Téléchargez Fallout 2, voyez si vous aimez. Dussiez-vous y plonger, vous kifferez grave. Car Wasteland 2 n’est pas bien différent.

 

 
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Wasteland 2 (PC)

Plateformes : PC

Editeur : inXile Entertainment

Développeur : inXile EntertainmentInxile

PEGI : 16+

Prix : www.inxile-entertainment.com/

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LA NOTE

LA NOTE DES LECTEURS

note 9/10

 

 

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