Publié le Mardi 23 septembre 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Super héros ou super zéros ?
Le nouveau combat des jeux vidéo avec figurines débute dès à présent avec la sortie de Disney Infinity 2.0 : Marvel Edition. Comme son nom l’indique, il s’agit du jeu Disney Infinity avec des figurines Marvel. Les trois figurines fournies avec le jeu sont : Iron Man, parce qu’il faut bien un personnage phare pour appâter le chaland, Thor, parce qu’il faut bien qu’il soit présent dans les Avengers et, impopulaire, le personnage ne se vendrait pas seul donc il faut l’inclure dans le pack, ainsi que la Veuve Noire, parce que les Marvel sont quand même des super-héros qui intéressent principalement les petits garçons et qu’il faut bien un personnage qui séduise et attire un tant soit peu les filles.
Dans le pack, un totem translucide aventure est inclus, ainsi que deux disque boost (avec des pouvoirs supplémentaires pour les personnages).
Le principe du jeu – hélas ? – n’a pas changé : vous posez un totem aventure sur le plateau fourni avec le jeu, et une figurine. Deux si vous jouez à deux –écran divisé dans le sens de la hauteur. Et c’est parti mon kiki. Le totem vous propose une aventure à vivre. Dans celui inclus avec le jeu, vous débutez lors d’une attaque de Manhattan par Loki et ses Géants de Glace. Les Avengers se réunissent donc pour combattre l’infâme et rétablir l’ordre.
Humour potache, voire franchement gamin, sont l’apanage des quelques cinématiques qui illustrent le propos.
L’aventure proposée pourra vous occuper une poignée d’heures pour les parents, et quasiment à l’infini pour les enfants qui aiment faire et refaire les niveaux avec des personnages différents. Premier constat : c’est moche. Non, non, ne cherchez pas : graphiquement, le jeu est franchement décevant. Pas d’amélioration notable par rapport au premier épisode. Textures floues et simplistes, effets lumineux du pauvre… même sur PS4 et Xbox One, le jeu est en-dessous de tout ce que l’on est en droit d’attendre. Même les animations sont tout juste honnêtes. Il y a franchement de quoi taper du poing sur la table et admonester les développeurs d’un « putain, les mecs, c’est peut-être un jeu pour les gamins mais vous pourriez faire un peu plus d’efforts, merde à la fin ». Je sais, j’suis vulgaire, mais j’suis énervé. Bref, si vous vous attendez à en prendre plein la vue, c’est loupé.
Maintenant, il faut remettre les choses aussi à leur place : le graphisme a-t-il un quelconque intérêt pour ce jeu ? Parce qu’il faut bien l’avouer : Dinsey Infinity 2.0 est un jeu exclusivement destiné aux gamins. Gamers et parents, passez votre tour, ou attendez bien sagement à côté en lisant un bouquin, pour filer un coup de main de temps en temps quand votre enfant a un peu de mal sur certains passages trop difficiles pour lui.
Testé auprès de plusieurs gamins, de différents âges (6, 7, 9, 11, 13), les graphismes n’ont été dans aucun commentaire post-partie, ni aucun reproche fait sur le jeu.
L’important est que l’univers Marvel est respecté. Les personnages sont fidèles aux attentes. Thor vole et frappe avec son marteau. La Veuve Noire est agile et équipée d’un pistolet laser. Iron Man vole et tire son rayon avec les mains… Que demander de plus ?
Au fil des parties, vous débloquez de nouveaux pouvoirs, de nouvelles possibilités, pouvez faire évoluer légèrement votre héros sans que le gameplay en soit bouleversé… bref, c’est de ce côté-là plutôt réussi. On est en terrain connu et conquis d’avance.
Même si le jeu est, finalement, très paresseux dans sa conception, les enfants sont séduits et en redemandent.
Plusieurs autres remarques : les figurines ont vraiment plu. A tel point que le jeu éteint, tous ont joué avec comme avec n’importe quelle autre figurine. Même si les petites filles sont plus portées, c’est un fait constaté, sur les héros féminins, Thor écopant souvent du rôle du bellâtre ou du prince, tandis qu’Iron Man, bizarrement, endosse souvent le rôle du méchant.
Bref, Disney Infinity est un vrai « 2-jeux-en-un » avec cette possibilité supplémentaire.
Autre remarque : un mode Toy Box est toujours inclus dans l’aventure. Il s’agit de la possibilité de créer son univers, son monde, un peu à la manière d’un MineCraft pour enfants. Si en-dessous de 9 ans, les gamins qui ont testé le jeu ne s’y sont pas montrés sensibles, ils ont aimé l’idée de pouvoir partager leurs créations et, surtout, récupérer celles des autres. Ils ont alors pu tester des petites courses de voiture et autres mini-jeux qu’il est possible de créer à partir de ce mode. Mieux encore : des aides sont disponibles et des personnages peuvent vous créer, de manière aléatoire, des mondes. Une excellente idée.
Mais en-dessous de 9-10 ans, le système de création est trop complexe pour séduire les enfants, même s’il m’a semblé plus clair, plus simple et mieux fait que dans le premier opus (c’est peut-être juste une impression, notez bien).
La surprise, au final, c’est qu’au-delà de cet âge, notamment ma gamine de 9 ans, la Toy Box a limite plus plu que le jeu normal. Elle a passé des dizaines de minutes à essayer de créer son monde, créer son univers, construire des escaliers, un château suspendu dans les airs, une maison… pendant que finalement, les plus petits venaient s’y balader aussi et, dans la limite du possible, lui saccager ses créations ce qui a entraîné quelques belles engueulades (merci Disney). Mais le mode a vraiment plu. Un bon point, donc.
Notez enfin que des packs d’aventures supplémentaires sont d’ores et déjà disponibles : Les Gardiens de la Galaxie et Spider-Man.
Pour conclure, l’avis du Père et du joueur est assez mitigé : Disney Infinity est un jeu paresseux. Graphiquement sous-exploité et manquant de variété et de liberté au niveau des aventures. Le fait qu’elles ne soient jouables qu’avec les personnages adéquats reste aussi dommage. On aurait aimé fritter Loki avec la Reine des Neiges, par exemple. En restant fidèle à son ultra-protectionnisme des univers, Disney bride l’imagination des enfants. La Toy Box, par contre, est bien fichue et offre désormais plus de possibilités et des pré-constructions aléatoires sympathiques.
L’avis des enfants est, par contre, nettement plus positif. Et c’est forcément le plus important, non ? Si le jeu a été globalement senti comme « plus masculin que féminin », les super-héros ont, par leur charisme et leurs pouvoirs, réussi à séduire les garçons comme les filles. Les plus petits (moins de 9 ans) auront très certainement besoin d’un coup de main, à moins qu’ils ne soient habitués des jeux vidéo. Mais tous prendront plaisir à vivre des aventures et à construire de nouveaux mondes.
Bref, une nouvelle fois, Disney Infinity est très loin d’être parfait et mériterait un bien meilleur traitement, mais ça fonctionne parfaitement auprès des gamins. Et c’est, du coup, le principal. Ce sont donc eux qui donneront au jeu sa note finale.