Prise en main : Nikon Coolpix P6000

 

Publié le Mercredi 23 septembre 2009 à 16:00:00 par Pierre Le Pivain

 

Boîte noire

Un peu de professionnalisme dans un monde de compacts

screenDans les années royales de la photographie argentique, nombre de photographes et reporters travaillaient généralement avec deux appareils photos, l’un reflex et gros (ou un à télémétrie du genre Leica, mais gros et lourd) et un appareil compact plus léger. Ceci mettait en exergue une approche de la photographie très paradoxale : même si le photographe est l’acteur principal de la photographie, même si c’est lui qui décide de la nature du cliché qu’il prend, il fallait se rendre à l’évidence qu’on ne prend pas une photo avec un reflex, ou un matériel imposant, de la même façon que l’on prend une photo avec un appareil compact.

screenEn gros, si lorsqu’on se cache derrière son appareil photo énorme, on avertit son entourage qu’on est photographe, l’appareil photo compact, lui, permettrait (et c’est un conditionnel) de se fondre « dans le sujet », et impressionnerait moins (toujours au conditionnel) le sujet visé. Au delà de ça, il est surtout vrai que les compacts offrent une souplesse d’usage liée à leur petite taille, et permettent au photographe de « dégainer » plus rapidement sur une action inattendue et soudaine, que s’il se servait exclusivement d’un reflex. D’où la nécessité, pour nombre de reporters, et autres professionnels de la photo, d’avoir un « Robin » compact, accompagnant fidèlement le « Batman » reflex, Leica, ou moyen format.

Aussi, nombre de photographes professionnels exigent beaucoup de leur compact, c’est la raison pour laquelle le Coolpix P6000 a été construit : répondre aux exigences des professionnels. Et, bien que cet appareil ne soit pas une nouveauté, il valait bien le coup qu’on en parle.

Le premier contact avec l’appareil est très agréable. Le plastique, de bonne qualité, semble donner un grande solidité au boîtier. Nikon a pris le design auquel il nous a habitué avec ses premiers Coolpix, avec le renflement du côté droit de l’appareil, pour en faire une « poignée » en saillie, mais en y ajoutant un grip en caoutchouc noir sur cette zone de prise en main, ce qui donne un confort d’utilisation très appréciable. Il est à noter que les attaches de sangles permettent non seulement l’usage d’une simple dragonne, mais surtout l’usage d’une VRAIE sangle, du genre de celle qu’on se met autour de cou.


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L’appareil est assez épais, en tout cas plus épais que bien d’autres compacts en vente à l’heure actuelle. De même, certains disent de lui qu’il a un côté « old school », mais c’est surtout à cause de la présence d’un sabot pouvant accueillir un flash qui doit faire dire cela (et qui doit, notamment, justifier l’épaisseur de l’appareil). Il est à noter que la présence de ce sabot n’ a pas interdit l’installation d’un flash interne rétractable. Mais ce qui donne l’aspect « compact de pro » au P6000, c’est, comme sur son prédécesseur le P5000, la présence d’un viseur direct, placé juste au dessus de l’écran de 2,7’’ … C’est assez bizarre d’écrire cela, mais si la présence d’un viseur direct sur un appareil photo numérique compact était plus qu’évidente il y a moins de 4 ans, aujourd’hui, elle se raréfie, et de vous à moi, si l’arrivée de l’écran vidéo pour cadrer une image est un remarquable outil pour le photographe, la suppression de l’organe de visée directe, en faveur de l’usage exclusif de l’écran vidéo, est sans doute la plus grande erreur du monde de la photographie numérique actuelle.
 
Comme à leur habitude, en matière de menu, les gens de Nikon nous propose une navigation claire et très ergonomique, tant à travers la qualité et la limpidité des menus, qu’à travers la disposition intuitives des boutons de commande. Les possesseurs d’appareils reflex Nikon y trouveront même une certaine communauté de fonctionnement.

prise normale Prise avec flash intégré

Prise "normale"  /  prise avec flash intégré

D’une manière générale, on peut presque tout faire avec cet appareil. Si l’utilisateur néophyte peut se contenter de travailler avec un appareil réglé sur les modes « auto » ou « program », des photographes plus aguerris pourrons accéder à toutes les fonctionnalités de l’appareil. Non content de pouvoir compter sur des modes priorité à la vitesse ou priorité à l’ouverture, l’utilisateur peut aussi jouer sur l’exposition ( /- 2 diaph), demander un bracketing (série de photos en rafale variant de plusieurs diaph les unes des autres), passer en mise au point manuelle, déplacer le point d’autofocus, et même régler l’intensité du flash de l’appareil. Cerise sur le gâteau, l’appareil dispose d’un dispositif GPS… Impossible de se perdre, si tout du moins on sait lire les coordonnées géographiques. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est assez complet, à quelques exceptions près… Exceptions sur lesquelles nous reviendrons plus tard.

La prise de vue passe à travers une optique Nikkor zoom x4, d’une équivalence 24x36 de 28-112mm. L’ouverture est de f/2.7, ce qui est pas mal pour ce genre de caillou. L’optique comporte 9 lentilles en 7 groupes. Côté capteur, ce dernier est un capteur de 13,93 millions de pixels (13,5 Méga pixels affichés), et sa dimension est, bien évidemment, plus petite que celle des appareils reflex de la marque nippone (7.40 x 5.55 mm, contre 23.6 x 15.8 mm pour la gamme reflex de Nikon). Le capteur est du type CCD, ce qui, lorsque l’on voit les 6 400 ISO de sensibilité affichée par le constructeur, fait un peu peur vue la petite taille du dispositif. A cela, Nikon a volontairement fait réduire la définition des images prises au delà de 3 200 ISO à la taille de 3MP afin d’en limiter le bruit… Ce n’est pas si mal, surtout si l’on souhaite passer à un mode automatique de sélection de sensibilité, selon la nature de l’éclairage ambiant. Mais là où le P6000 est étonnant, c’est que sa sensibilité descend à 64ISO… L’air de rien, ceci présente un avantage formidable lorsque le photographe essaie de faire une image sur un sujet baigné de lumière : il peut carrément travailler sur ses nuances de blancs ! Toujours dans un soucis d’un certain professionnalisme, il faut signaler que le P6000 a la possibilité de prendre des clichés sous le format RAW.

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Zoom optique maxi / Zoom numérique maxi

A l’usage, le Nikon Coolpix P6000 est sans doute le meilleur compact que je n’ai jamais eu en main. La qualité d’image est au rendez-vous (et quand bien même certains trouvent que les images Nikon « souffrent » d’une tendance à aller un peu trop dans le vert). L’appareil est souple d’usage, et s’adapte très rapidement aux conditions imposées par le sujet. De plus, il est répond tout autant aux exigences d’un photographe professionnel, qu’à celles d’un amateur sans pour autant que ce dernier n’ait besoin d’être très éclairé… C’est LE compact polyvalent par excellence, et cette polyvalence est d’autant plus accentuée par le fait que l’utilisateur peut, par soucis d’économie d’énergie, peut couper l’affichage sur son écran LCD, et ne se servir que du viseur optique pour cadrer ses photos.

Il, n’en demeure pas moins que si le produit fait « pro », il souffre tout de même de certaines imperfections, qui pousseraient, justement, le « pro » à tiquer sur quelques points… Et pour le prix qu’il affiche (autour de 450 euros en boutique, mais parfois autour de 380 euros sur le net) on est en droit d’exiger ces « petits trucs » en plus.

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Image prise à 6400 ISO

Le principal reproche qu’on peut faire à Nikon, d’une manière générale, c’est de ne pas fournir son logiciel Capture X2 avec l’appareil acheté, lorsque ce dernier est capable de prendre des fichiers RAW … La dernière fois que j’ai vu ce programme fonctionnel donné avec l’appareil acheté, c’était lorsque j’ai acquis mon D100, en 2003… Après le programme a été donné, mais dans une version limitée dans le temps, et en ce qui concerne le Coolpix P6000, capable de prendre des fichiers RAW, il a carrément disparu de la boîte… Ce serait bien que Nikon pense à rectifier le tir sur ce point. Autre reproche, plus « pointu » celui-là. Si l’utilisateur a la possibilité de pouvoir bouger de place le point d’autofocus, il est très regrettable qu’il ne puisse pas en faire autant avec le point de mesure spot (mesure de lumière). Tout ceci n’enlève tout de même pas un gros défaut de l’appareil : le viseur optique direct « mange » près de 20% de l’image ! En gros, on a 5% du côté gauche qui « saute » et 15% du côté droit qui disparaissent lorsqu’on regarde dans le viseur, par rapport à l’image qui est prise sur le capteur (et donc, affichée sur l’écran LCD). Prudence donc lorsque l’on se sert exclusivement de l’organe de visée optique.

Maintenant si je devais conseiller l’achat d’un appareil photo numérique compact, sans regarder le prix, ce serait, en l’état de mes connaissances sur les boîtier compact actuels, le Coolpix P6000 sans discussion. Non content d’avoir des qualités optiques et numériques remarquables, l’appareil de Nikon dispose d’une d’une intuitivité remarquable, tant dans ses menus, que dans ses fonctionnalités ergonomiques. Mieux encore ! cet appareil est, à lui tout seul, un véritable petit cours de photographie à lui tout seul. Celles et ceux qui n’osent pas encore franchir le pas pour passer de la photographie « amateur » vers des équipements plus lourds, pourront apprendre très aisément des automatismes et des méthodes de travail photographique grâce à cet appareil… Le Coolpix P6000 est un très bon appareil photo numérique compact… Evidemment, son design « old school » fait que pour frimer avec, c’est pas le top, mais dans la vie, il y a deux catégories de gens : ceux qui font les marioles, et ceux qui les prennent en photo.

Mon pied droit, mon café, mon salon...

 

 
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