Publié le Dimanche 14 novembre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Révolution

Tout comme la télé ou un écran d’ordinateur n’abime pas la vue, mais va révéler d’éventuels problèmes déjà existants, Internet ne rend pas con. Il révèle simplement la connerie des gens. Car c’est assez extraordinaire de voir à quel point certains sont d’une connerie incommensurable. D’un égocentrisme formidable. Et ont un manque d’éducation flagrant.
A en mettre des coups à leurs parents pour leur avoir donné les bases d’une personnalité si détestable et si vomitive.
Il faut dire que c’est si pratique, de jouer les stars du web bien à l’abri derrière son écran, à oublier sa petite existence misérable où l’on n’est qu’un simple bouffon invisible noyé dans cette masse indistincte qu’est la société. Un besoin de se hisser au-dessus des autres, si possible en les écrasant, pour donner du piment à son quotidien insipide.

Ces petites gens, ces ados débiles, ces adultes pitoyables, il y en a plein la toile. Ils vont et vienne au gré des marées diarrhéiques odorantes de leurs pensées étriquées, baver leurs pourritures irréfléchies.

Je le sais. J’en ai croisé un nombre incalculable durant toute ma carrière. Et il en vient de temps en temps sur ce site.

Prenez un exemple : vous écrivez un article. Que ce soit un simple rapport d’une information ou une critique plus poussée. Peu importe. Dans les deux cas, vous tentez de faire pour le mieux. Dans le cas de GamAlive, vous tentez même de rendre le texte un peu plus informel, un peu moins engoncé dans un sérieux qui ne sied véritablement pas à notre sujet : le jeu vidéo. Et parfois, derrière, l’un de ces petits puants aux idées nauséabondes se croient le devoir de dénoncer votre hérésie et d’en appeler à votre lapidation.
Un texte, une réflexion qui ne plait pas et nous voilà accusés de tous les maux, avec le dénigrement qui va avec : nous ne sommes pas professionnels, nous écrivons de la merde… et j’en passe.
Oh, je vous rassure, cette attitude ne nous est pas réservée. De très nombreux confrères, et pas seulement dans notre pays, sont souvent victimes de ces commentaires stupides et détestables.

« Nous ne sommes pas professionnels ».

C’est hallucinant comme certains sont persuadés d’être le centre du monde et jouent les petits Mussolini de base, les Pinochet du dimanche, les Franco du web.
Un article leur déplait. Soit. Il y en a des milliers sur le site. Des dizaines par semaine. Si une info ou une réflexion ne leur convient pas, ma foi, pourquoi ne pas passer à autre chose ? Si c’est le ton du site, ou du rédacteur qui leur déplaît, voire si l’ensemble du site n’est pas à leur goût, pourquoi ne pas aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte ?
Non, ils sont persuadés que leur avis est le seul qui compte, le seul valable, et que tous les autres ne sont qu’un ramassis d’incultes qu’il faut éduquer à tout prix. Ils se sentent donc obligés d’étaler leur mécontentement dans nos colonnes, à donner des leçons.
C’est tellement pratique, d’être en caleçon devant son écran et de jouer les redresseurs de (ses) torts.
Je ne sais pas, mais lorsque je vais dans un magasin de fringues et que je trouve les nouvelles collections hideuses (et Dieu sait si ça arrive souvent), je ne vais pas choper la vendeuse par le col et lui mettre un coup de boule parce que « c’est moche, c’est de la merde, t’as 2 heures pour tout changer ou je brûle ton magasin ». Lorsque je trouve une frite dans mes potatoes au McDo (et Dieu sait si ça arrive tout le temps), je ne vais pas éclater la tronche du serveur à grands coups de caisse enregistreuse et en hurlant que « merde, j’ai bien précisé potatoes et qu’est-ce que fout cette frite dans le paquet ? ».

Pourtant, il y en a qu’une petite frite dans nos potatoes quotidiennes exacerbe la connerie.

Et d’abord, ça veut dire quoi « ne pas être professionnel » ? Sur quels critères de « professionnalisme » se basent-ils ? En plus d’être persuadés de détenir l’avis ultime, la pensée unique, s’estiment-ils suffisamment compétents en la matière pour donner des leçons de journalisme, de rédaction ou même d’analyse ?

Aujourd’hui, si Internet est un formidable portail sur le monde, plein de savoirs à partager, merveilleux outil de communication et d’information, il véhicule malheureusement aussi les preuves de ce que l’humanité a de plus détestable.
La pensée démocratique, l’humour sous toutes ses formes, bref tout ce que la liberté peut avoir de sublime, auraient dû trouver sur Internet une tribune où se répandre, où combattre la tyrannie et l’obscurantisme.
En fait, c’est le contraire qui se déroule. Chaque rire, chaque pensée partagée, chaque tentative de faire un pas en dehors des sentiers battus, se retrouvent étouffés, condamnés, pointés du doigt.

Je ne vous sortirai pas le refrain du « on s’en fout, sur GamAlive, on continuera à résister encore et toujours à l’oppresseur ». Quand bien même ce sera le cas. Quand bien même nous souffrons régulièrement de nous heurter à de tels personnages. Nous ne sommes pas seuls, fort heureusement. Et nous comptons aussi sur vous pour répandre la bonne parole. Quelle que soit cette parole. Même si elle n’est pas la nôtre. Pourvu que la liberté d’expression signifie encore quelque chose.

Amen.

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