L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 10 octobre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Tous des pédés

imageCette semaine, j’ai une nouvelle fois été confronté à l’intolérance de notre siècle, au déclin de notre liberté d’expression, et, disons-le tout net, à la connerie humaine.
Pourtant, pour une fois, je ne fus pas celui directement visé.
Je n’ai pas, cette fois-ci, eu à subir les récriminations hargneuses de lecteurs qui goûtaient mal de me lire traiter un développeur de mongolien (horrible démonstration d’une volonté d’humiliation des trisomiques), de me moquer des Canadiens (détestable xénophobie), de railler la censure de certains pays musulmans envers le jeu vidéo (racisme évident), ou d’affirmer que Twilight, le film, c’est vraiment de la merde (machisme primaire, insulte de la gent féminine, anti-Pattinsonisme primaire, et de toute manière je suis trop débile pour comprendre la substantifique moelle du cinéma hollywoodien).
Non, cette fois, rien à voir avec ma plume immonde, mes billevesées verbales, mon caractère détestable ou mon sens de la provocation inné.
Non. Je rentrais chez moi, tranquillement, par un après-midi ensoleillé, une baguette de pain à la main. Une saloperie de baguette tradition à 1,20 €, pas même bonne soit dit en passant, quand une autre boulangerie, à peine plus loin, la vend 1,05 € et vous régale les papilles. Je garde encore une certaine rancune envers cette petite voix qui m’a soufflé un « tiens, et si on essayait le pain dans cette boulangerie, aujourd’hui ? ».
Mais bref. Je ne suis pas là pour me lancer dans une diatribe contre les boulangers qui deviennent aussi voleurs que des garagistes ou lancer une pétition pour abattre les boulangères à lunettes qui vous recommandent leur spécialité parce que « c’est leur meilleur pain », vous laissant du coup imaginer avec effroi la qualité des autres.
Je rentrai chez moi, donc. Et trouvais, juste devant ma porte et donc m’empêchant tout accès à ma demeure, deux jeunes garçons, d’environ 8-10 ans, qui se chamaillaient « pour rire ». Finalement, l’un pris le dessus et chopa la tête de son adversaire sous son bras pour le faire plier et lui faire avouer sa défaite. Ce dernier, peu enclin à abandonner l’affrontement, préféra se réfugier dans les « gestes immoraux », ceux interdits par les règles du Marquis de Queensberry et que seule la rue vous apprend. Il tenta donc un « arrachage testiculaire » bien senti et, parce qu’il ne s’agissait pas d’un vrai combat, suffisamment dosé pour faire lâcher prise à son assaillant, mais suffisamment retenu pour ne pas l’énucléer tout à fait et le laisser étendu à terre, vomir tripes et boyaux et prier Sainte Brigitte Lahaie que les deux gonades redescendent un jour dans leurs sachets.
Dans un grand rire, le responsable du geste peu catholique, s’éloignait, la mine rayonnante du vainqueur. L’autre se lançait alors dans un monologue insultant : « T’es une tapette ! Y’a que les tapettes qui font ça ! Tu me touches la bite ! T’es une tapette. »
imageDes mots d’enfants, en quelque sorte. Des mots que nous avons, les garçons, tous prononcés à un moment ou un autre dans la candeur de notre jeune âge. Et, soit dit en passant, nous ne sommes pas devenus pour autant des tueurs psychopathes homophobes qui rentrent dans une rage folle à la moindre prononciation des mots « Queen, Village People, Tokio Hotel ou Link de Zelda ».
Enfin, pour Tokio Hotel, si, mais ça n’a strictement rien à voir avec les mœurs sexuels de leur chanteur mais avec leur insipide musique. Et pour ma part, leurs origines teutonnes.
Reste qu’une passante ne l’entendait pas de cette oreille. Et elle se décida à châtier les impudents. Ces graines de voyous qui ne commencent par se traiter de tapettes qui finissent par brûler des voitures, fumer du haschisch et violer des petites filles.
Elle commençait donc à tancer leurs dérapages verbaux, maudissant leur manque d’intelligence, leur manque d’éducation et finissant par un « toi, je connais tes parents, je vais leur dire un mot, tu vas voir, je vais t’apprendre à parler correctement et à tenir des propos homophobes, c’est lamentable, c’est une honte, mais dans quel siècle vit-on Jésus Marie Joseph ». Les gamins, médusés et choqués devant le visage de leur interlocutrice, déformé par la haine, restaient comme deux ronds de flan.
Elle saisissait donc par le bras l’auteur de ces débordements dont elle semblait connaître les géniteurs, et faisait mine de l’emmener subir son châtiment avec un « viens, je vais dire à ta mère que tu tiens des propos horribles, tu vas voir un peu ».
 
imageFort heureusement pour les deux pré-adolescents, je suis un sale con. Parfaitement. J’ai tendance à ouvrir ma bouche quand elle ferait mieux de rester fermer, et à lever les yeux quand ils devraient se baisser. Je veux dire, j’aurais dû faire comme tout le monde : me taire et passer mon chemin. Rentrer prestement chez moi et me faire la tambouille en pensant aux tests de F1 2010, Civilization V, Castlevania Lords of Shadows, Racket Sports PS Move, ou Wii Party, parmi la dizaine de jeux qu’il me reste à tester.
Mais j’ai un neurone défaillant, ou je suis possédé par un démon (ce qui me paraît, au final, nettement plus probable) qui prend mon corps sans que je m’en rende compte et me fait parfois agir de manière irraisonnée. Je regardais donc la mégère et lui lançait un « putain (toujours commencer par un mot qui claque et attire l’attention), vous ne pouvez pas leur foutre la paix, à ces gamins ? ».
La discussion continuait alors en un échange peu sympathique et à l’agressivité latente :
« - Non mais de quoi je mêle ? Mêlez-vous de vos affaires, monsieur ! »
« - Parce que vous vous mêlez des vôtres en emmerdant ces deux jeunes ? Faut vraiment que vous n’ayez rien d’autre à faire que de faire chier le monde »
Bon. Ok. On était loin d’un échange à la Rostand entre Cyrano et le Vicomte. Mais mieux vaut prendre le contrepied de son interlocuteur : être courtois et avoir un langage soutenu face à une petite frappe, et sombrer dans la vulgarité face à une bigote.
Je lui expliquais donc, avec quelques mots imagés, que jouer les Ayatollah verbaux face à des enfants est déplacé,  et qu’il n’y a finalement rien de plus insupportable et détestable que de voir un adulte vouloir imposer sa vision du monde, ses carcans et ses restrictions à un enfant.
Finalement, elle abandonnait la partie en lançant un « ça ne s’arrêtera pas là » au jeune garçon, que je surenchérissais par un « eh bien ce n’est pas à votre honneur » et goûtait à mon nouveau statut de héros tandis que les gamins me remerciaient vivement.
 
imageTranche de vie qui se termina par une tranche de pain. Pas bon, donc, le pain.
 
Reste que ce non-évènement romancé que je viens de vous conter n’est là que pour illustrer un état d’esprit détestable de notre société. Même dans l’insulte, éructation primale d’une haine pourtant contenue, nous devons faire attention à ce que nous disons. Alors qu’il s’agit d’un état sauvage sensé libérer une frustration nerveuse, il faut bien peser ses mots. Un « pédé » de travers et vous risquez l’amende pour homophobie. Un « mongolien » et vous voilà taxé de haine envers les trisomiques. Bientôt, traiter quelqu’un de « trou du cul » vous vaudra une assignation en justice par l’ordre des proctologues.
 
Je ne dis pas que ce type d’insulte est forcément « intelligent » ou très malin. Juste qu’il serait bon, une fois pour toutes, que les bien-pensant pensent surtout à nous lâcher la grappe. Nous laissent traiter Mario de (sa)lopette, Link de petite pédale des bois, Lara de broute-minou, Duke Nukem de mongolien mono-neuronal, tout ça sans risquer les foudres d'une intelligentsia prompte à vous accuser de tous les mots sans vous connaître, sans savoir que, par ailleurs, vous fréquentez régulièrement des homosexuels, des trisomiques, et, oulalalah, même des maghrébins ou des noirs, bref que même avec de tels débordements verbaux, vous êtes bien plus tolérant que la quasi-totalité (réunie) de vos détracteurs.
Et surtout, surtout, qu'ils foutent la paix aux gamins.


 


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Commentaires

Ecrit par Cedric Gasperini le 11/10/2010 à 22:59

 

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Ecrit par ftorama



Oh tu ne m'as pas déçu, je n'ai pas lu tes pavés insipides.



T'es pas le premier troll à passer et tu seras pas le dernier
Pour le coup, dans ses pavés déformant la réalité de mes propos, il s'est permis d'être insultant. Envers moi, envers le lectorat, et de refuser tout débat en condamnant tout ce qui ne va pas dans le sens de ses idées.

Donc, utilisateur banni.

Faut juste pas déconner. Avant de réclamer le respect et jouer les moralisateurs, il faut apprendre à lire, à réfléchir et surtout, éviter de venir chier sur les bottes du taulier.

7014 Commentaires de news

Ecrit par Kef le 11/10/2010 à 23:37

 

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Ecrit par gizmo

et surtout, éviter de venir chier sur les bottes du taulier.
smiley 15

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Ecrit par Freddu92 le 12/10/2010 à 01:12

 

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Ecrit par gizmo

Pour le coup, dans ses pavés déformant la réalité de mes propos, il s'est permis d'être insultant. Envers moi, envers le lectorat, et de refuser tout débat en condamnant tout ce qui ne va pas dans le sens de ses idées.

Donc, utilisateur banni.

Faut juste pas déconner. Avant de réclamer le respect et jouer les moralisateurs, il faut apprendre à lire, à réfléchir et surtout, éviter de venir chier sur les bottes du taulier.



bah quand on veut faire passer des idées, autant éviter de les noyer dans une diarrhée verbale....Merci pour le résumé, j'ai rien raté smiley 54

1905 Commentaires de news

Ecrit par ZorakZoran le 12/10/2010 à 10:04

 

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Rhooo, merde, j'en ai raté une bonne là !



Il est génial son SCUM Manifesto, j'ai jamais lu une aigreur si condensée et intense, on sent la pauvre nana mal baisée, voire pas baisée du tout, moche, revancharde, bref c'est bien dommage de l'avoir virée car j'aurais adoré faire mumuse avec. La vie est triste parfois...

smiley 19



Un bon rappel :

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1989 Commentaires de news

Ecrit par Maxol le 12/10/2010 à 13:05

 

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Cedric,

Attention smiley 32 (c'est plutot ironique non?)

je constate que l'expression "chier dans les yeux" ne te convient guère.

J'avais espéré etre ta muse alors je t'en propose une nouvelle qui serait à mon avis parfaite pour tes fins de commentaires pleins de bon sens (enfin dans ce cas prècissmiley 13- on se refait pas...- même si j'en ai moi même fait les frais...mais on ne va pas non plus refaire l'histoire. Cela donne donc :



Je te conchie!



Et si tu veux etre un peu plus poli tu peux bien entendu utiliser le vouvoiement ce qui donne :

Monsieur, je vous conchie de bonne grâce.smiley 53



Et merci aux commentateurs pour les liens.smiley 20

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Ecrit par Raging le 12/10/2010 à 19:20

 

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"Quel est le problème avec les gens du neuf trois?

L'argot ça fait "évoluer" la langue et ceux qui sont pas content c'est pareil et pi c'est tout!"



Aucun, j'en viens, je veux juste en sortir...





"Pour ma part afin d'élargir ton faible vocabulaire je te propose Fiotte (ça te changera un peu) :

http://www.dictionnairedelazone.fr/index.php?page=definition&index=resultat&type_recherche=&mots=fiotte&photo=&audio=&video=&illustration=&terme=fiotte"



Bah fiotte c'est pas mieux que taffiolle ou pédé, ça désigne clairement les homos quand tapette au départ ne désignait pas spécialement les homos. Et quand je traite quelqu'un de tapette, ça n'a aucun lien avec les homos (et je pense que c'est pareil pour beaucoup de monde).

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Ecrit par Kef le 12/10/2010 à 20:45

 

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Et quand je traite quelqu'un de tapette, ça n'a aucun lien avec les homos.



Moi non plus, c'est en référence aux tapettes à souris

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Ecrit par Maxol le 13/10/2010 à 11:00

 

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@raging



Tu veux en sortir (du 93)?

Perso la majeure partie de ma culture provient du 93.

Et oui comme tu le sais (puisque tu en viens) il y a belle et bien de la Culture dans le 93. Pas de la culture de bas étage non. Toute sorte de cultures.



Un peu de culture (grammaticale) :

- Toutes sortes de + subst. De nombreux, de multiples. Je me donne une indigestion, le lendemain, à regarder arriver toutes sortes de bonnes choses (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 624).

- Toute sorte de + subst. (vieilli). Un nombre indéterminé de. Toute sorte de livres ne sont pas également bons (Ac.)..



Perso ado j'étais Punk et j'avais des amis rappeurs! Le 93 m'a apprit la diversité des cultures et la tolérance. Ce qui à mes yeux est sans nul doute les choses qui on le plus de valeur dans la vie.

Tu devrais plutôt être fier de ta culture, de tes origines et les défendre corps et âme. Enfin c'est mon avis.

Le problème n'est pas le vocabulaire mais belle et bien sa maîtrise.

Le cliché n'est pas dans l'argot mais plutôt dans le faite que tu ne saches pas toutes les définitions du mot tapette. J'aime écrire dans un langage "soutenu"(enfin à mon niveau que j'essai sans cesse d'améliorer) tout en plaçant quelques mots d'argot savamment choisi. Histoire de dire aux pseudo intello que je l'ai emmerde (et que j'ai plus de vocabulaire qu'eux).

Alors revoie ta copie et arrête de renier tes origines.



http://www.cnrtl.fr/definition/tapette





PS : Petit les insultes fusaient NTM, enculé, pd...

uniquement dans la cour d'école. Mes parents ne l'auraient pas toléré. Ca s'appel l'éducation. Il faut savoir faire la part des choses.



PS 2 : c'etait de l'ironie "fiotte". N'hesite pas à regarder la définition de "ironie" dans le Lexilogos. Tu verras sur la droite de l'écran que plusieurs types de dico te sont proposés.



Bon courage.

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Ecrit par stolx10 le 13/10/2010 à 11:11

 

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Ecrit par Raging le 14/10/2010 à 12:26

 

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Mais c'est quoi ton problème toi?



Tu ne me connais ni d'Eve ni d'Adam, tu ne sais pas ce qui me rend fier ou pas, et si il y a plein de choses que j'adore dans ma banlieue (qui n'est pas du 93 mais c'est le même genre), c'est pas le côté "wesh gros c'est d'la boulette t'as vu?!" qui me rend le plus fier (ouai j'écoute du rap mais j'essaie de trouver des trucs avec des neurones dedans).



Et je défends mes couleurs et mes origines en les criant certainement plus fort que t'imagines, donc évite de me faire la moral ce serait gentil.



Maintenant, si t'as grandi dans un quartier dur, que t'as vu la moitié de tes potes partir en prison, une partie se prendre coup de fusil, couteau ou autre, la dernière défoncée du matin au soir, je vois pas où est le trip de faire vivre ça à tes mômes... mais bon, y a des bons petits quartiers dans le 93 après tout, on a peut être pas vécu les même choses.





"Le cliché n'est pas dans l'argot mais plutôt dans le faite que tu ne saches pas toutes les définitions du mot tapette. "



Je vais essayer de ré-éxpliquer puisque tu n'as pas l'air de bien comprendre, avant, lorsqu'on utilisait le mot tapette, personne ne s'en offusquait, la connotation homosexuelle n'était pas évidente.



B. − Fam. Langue, organe de la parole. Synon. bagou (fam.), baratin (pop.). Avoir une bonne, une sacrée, une fière tapette. Il continua à parler tout bas. Mme Cottard ne distingua que les mots « de la confrérie » et « tapette », et comme dans le langage du docteur le premier désignait la race juive et le second les langues bien pendues, Mme Cottard conclut que M. de Charlus devait être un Israélite bavard (Proust, Sodome, 1922, p. 1038)



1872 « personne bavarde » c'était la tapette du Sénat (Poulot ds Larch. Nouv. Suppl. 1889, p. 235).



C'est cool google, on a l'air super intelligent avec...

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