Publié le Dimanche 13 décembre 2009 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Mort à l'arrivée

Elle s'appelait Stéphanie. J'avais 16 ans, elle, 17. Elle avait la beauté d'une jeune femme. Ces petits seins bien fermes des filles de son âge. Ce sourire pincé qui vous transporte. Ces gestes mal assurés plein de charme et d'amour. Des yeux verts émeraude où j'aimais tant me perdre. Elle embrassait divinement bien. Ce n'était pas de ces baisers fougueux où les langues se mélangent avec violence, mais de doux baisers tendres et passionnés. Elle avait une peau d'une douceur incroyable. Le galbe de ces cuisses était d'une exquise grâce. J'aimais les sentir s'enrouler autour de ma taille lors de nos câlins amoureux.
C'était ma première fois. Elle sortait à peine d'une expérience désastreuse avec un type de deux ans son aîné. Elle n'avait jamais connu l'orgasme et, avec la candeur de son âge, elle pensait être frigide. Elle avait peur. Et moi donc ! J'étais terrifié.
Ses parents étaient partis en week-end et elle le passait à garder la maison en compagnie de sa meilleure amie, Sabine. Sabine était dans une autre chambre, avec le mien, de meilleur ami. Justement. Même si nous nous doutions de ce qu'il adviendrait - nous en avions parlé -, rien n'était tout à fait planifié, tout à fait décidé.
Mais cette nuit fut celle où je découvrais les plaisirs interdits.
Oh, je ne vais pas faire le fanfaron et vous dire à quel point j'étais doué, tellement que les Dieux eux-mêmes en pleurèrent des larmes de frustration toute la nuit. Pas vraiment. Il pleuvait, certes. A torrent. Mais disons que je découvris que l'amour entre deux êtres, c'est une aventure merveilleuse et, il faut l'avouer, qui demande de l'amour, de la tendresse et, surtout, de l'attention. Je le découvris entre 01h23 et 01h24 du matin, disons...
Bien entendu, nous ne nous arrêtâmes pas sur cette première expérience. La nuit était encore longue. Et c'est seulement au petit matin que nous nous endormîmes, serrés l'un contre l'autre, moi à me dire que l'amour physique était une chose fabuleuse, elle à savoir désormais que frigide, elle n'était pas. Du tout.

Nous sommes restés presque 6 mois ensemble. 6 mois à découvrir nos corps. A les faire découvrir à notre partenaire. A découvrir aussi, au bout d'un moment, que la pilule est une invention fantastique et que le sexe sans protection est bien plus intense, bien plus plaisant.
6 mois après, nos chemins prenaient des directions différentes. Nos cœurs s'éloignaient à jamais pour aimer d'autres corps.

Je ne l'ai jamais revue.
J'ai appris, cette semaine, qu'elle était décédée.
Elle s'est éteinte à l'âge de 37 ans, victime du SIDA.

Je suis séropositif.

Nous étions jeunes. Nous étions un peu insouciants. Et au bout d'un certain moment passés ensemble, ayant confiance l'un en l'autre, nous n'avons plus fait vraiment attention. Son premier amant était porteur du virus. Et il l'a contaminée. Nous avions fait un test, avant... mais le virus ne s'était pas encore déclaré en elle. Il faut un certain temps (3 mois, je crois). Et par la suite, c'est moi qui fut contaminé.

J'ai toujours fait attention. Je n'ai jamais plus eu d'aventure sans protection. Même si à l'époque, je ne savais encore rien de ma maladie.
Je ne l'ai appris finalement que quand on m'a annoncé que j'avais tué ma compagne et ma fille aînée.
La petite dernière, elle, n'a, fort heureusement, pas été contaminée. Ma fille aînée et ma compagne, si. C'est là que nous avons appris. Lorsque l'on nous a annoncé que ma fille était contaminée, qu'elle ne réagissait pas aux traitements et qu'elle allait mourir.
J'ai tué ma fille. J'ai tué ma femme.

...

Je vous rassure. Cette histoire est une fiction.
Je ne suis pas séropositif. Du tout. Dieu et Durex m'en préservent. Durex, surtout, puisque pour le coup, Dieu ne peut pas faire grand chose à ce sujet.
Ma première expérience ne s'appelait pas même Stéphanie (même si elle aurait pu, d'ailleurs).
Ma femme va bien. Mes filles sont en pleine santé. La petite dernière se remet d'une grippe dont nous ne connaissons pas la lettre de l'alphabet. Mais nous pensons effectivement qu'elle a commencé sa vie en obtenant direct un A. De quoi être fier.
J'espère simplement que cette histoire vous a bien foutu les boules. Grave. C'était le but.

Il y a quelques temps, j'ai eu une discussion privée avec l'un de vous. Sur la vie. Sur la sexualité. Sur la nécessité de se protéger. Du fait de ne pas le faire forcément toujours.
Et mes arguments avaient du mal à peser. A expliquer que le SIDA tue. Que les médicaments aident, mais que tout le monde ne les supporte pas. Et surtout qu'ils ne soignent pas. Ils retardent juste l'inévitable.
Et en moi a germé l'idée de cette mascarade. De ce texte. Simple. Ecrit comme un témoignage.
Est-ce mon rôle ? Est-ce le lieu ou l'endroit pour le faire ?
Oui. Parce que certains sujets sont suffisamment importants pour être traités n'importe où, n'importe quand, avec n'importe qui.
Faites gaffe.
En plus, hein, un lecteur qui meurt, c'est... euh... un lecteur de moins. Ce serait con de faire baisser nos stats juste pour un coup de rein mal placé, mal donné, mal protégé.
Il existe aujourd'hui des préservatifs si fins qu'on ne les sent pas tout à fait (perso, je suis adepte de Manix, la gamme Infini est ultra fine). Et le coup de l'allergie au latex qui, si on vous écoutait, toucherait 50% de la population, en touche en réalité moins d'un pour cent. Et il existe de plus des préservatifs sans latex.
Alors faisez gaffe, comme on dit. Vraiment. Il suffit d'une seule fois pour foutre sa vie en l'air.

Pour terminer sur une note plus joyeuse, mon sapin de Noël est décoré. Les fêtes arrivent. Vous continuez de voter pour vos jeux préférés. Il reste encore l'élection des meilleurs jeux 360, Wii et DS.
Ensuite, nous réunirons vos titres préférés dans une catégorie globale pour que vous élisiez LE jeu que vous avez préféré cette année.
Les résultats seront annoncés début janvier.
Et nous remettrons des récompenses aux éditeurs. Vraiment. Elles sont en chemin. Elles devraient arriver à la rédaction dans le courant de la semaine. La seconde édition des Hamsters d'Or. Parce que le jeu vidéo, c'est une grande boule dans laquelle nous courrons inlassablement. Et que, si vu de l'extérieur, on a l'air vraiment con, vu de l'intérieur, on s'éclate grave.
Vous découvrirez également la preview d'Heavy Rain lundi soir, à 18 heures pétantes. Nous vous y décrirons notre émerveillement, mais aussi nos joies et nos déceptions.
Avec un peu de chance, le test de The Saboteur sera écrit. Et celui de Lego Indiana Jones 2 (il vient tout juste d'arriver à la rédac). J'aimerais aussi que Vincent prenne le temps de faire celui de New Super Mario Bros Wii. Parce que le jeu en vaut la peine.

Enfin, la semaine prochaine, Microsoft annoncera que Natal sortira en septembre prochain. Nintendo annoncera que la Wii 2 est prévue pour fin 2010 et qu'elle intègrera des graphismes HD 720p. Sony n'annoncera rien. Sauf que la PS3 dominera le monde en 2012 parce que c'est la seule à résister à une explosion nucléaire et qu'après la fin du monde, il n'y aura plus que la PS3 qui fonctionnera. Comme d'habitude, on se dira que la firme est dirigée par des alcooliques, on rira, mais on les aimera toujours autant quand même.
Activsion annoncera qu'ils rachètent Electronic Arts. Et 505 Games.
UbiSoft annoncera qu'ils arrêtent le jeu vidéo pour se lancer dans le cinéma et que leur premier long-métrage sera Assassin's Creed avec Leonardo Di Caprio dans le rôle titre.
Et parce que le monde est fou, Pierre annoncera qu'il a dessiné une BD pour Army of Two : 40th Day dont je suis le scénariste, Vincent annoncera qu'il a retrouvé une copine et Geoffroy qu'il a trouvé un copain et qu'il part au Brésil pour vivre avec.

Ou pas.