La chronique cinéma de Paf ! : Melancholia 2015

 

Publié le Samedi 14 mai 2016 à 12:00:00 par Paf!

 

La chronique cinéma de Paf ! : Melancholia 2015

L'arme à l'oeil

Mélancholia 2015

Quitter l’enfance, certes. Mais pour aller où ?


Il est comme ça des saisons qui vous portent à la mélancolie et à une certaine grâce négative. Que celle-ci confine à l’horreur pure, à l’extase infantile ou aux deux.

Pour Cedric et nombre de ses commentateurs histaminisés, il semble que cela soit le printemps de façon générale. Dans mon cas, c’était plus factuel : mon automne 2015 s’est révélé rimbaldien et m’a remis en mémoire d’autres infernales saisons de mes enfances.

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Pour Hermann, c’était ainsi « Un hiver de clown » (1983), à mon sens le meilleur Jeremiah jamais réalisé par le grand maître, un surréaliste avant-goût du « ça » de King et du « Game of Thrones » de Martin, un hommage vraisemblable au génie de Todd Browning.     

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Pour Robert Mulligan, c’était « Summer of 42/un été 42 » (1971), une bluette fondue au noir où l’adolescent perd sa virginité et quitte l’enfance pour le monde des adultes : celui des armes et de la guerre.

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Et pour Harmony Korine, c’était « Spring breakers » (2012), le versant hype post-moderne de la mélancolie post-hippie précédente : hyperculte de l’apparence ne pouvant trouver son achèvement que dans la plus extrême médiocrité et l’ultraviolence.
Visitez l’Amérique :
Los Angeles, la cité des anges
Florida, l’Etat des déchus.
   
Et je ne vous parle même pas d’un des sombres joyaux du maître King, intitulé « Different seasons » et ayant donné lieu à trois excellents films dans leurs genre : l’enfance et le pouvoir de l’imagination selon Rob Reiner, Frank Darabont et Bryan Singer*.

Comme l’a si bien écrit le Yoda velu de ce site dans certains Édito du dimanche précédant Noël et postcédant Noël, l’automne 2015 était vraiment une saison de merde.

Début décembre dernier, le Paf ! en moi s’était emplumé pour vous parler de « Crazy Amy » de Judd Apatow et de « 21 nuits avec Pattie » des frères Larrieu, sur fond de décès de mon père, mais je n’ai pas osé vous soumettre une chronique qui aurait redondé ces funèbres éditos. D’autant qu’un de mes lecteurs préférés m’écrivait alors en commentaire de mon défaut d’article sur Star wars : « Triste pour pifpafpouf que pôpa lui ait cassé son rêve à la sortie du deuxième film, mais c'est sa vie et pour tout dire, on s'en bat un peu les steaks. »
Il vous arrive parfois d’être un peu durs dans vos commentaires. Et pis, de toute manière, j’vous avais pas envoyé de faire-part…

Cinq mois plus tard, retrouvant cette chronique dans un tiroir, j’ai essayé de la dépoussiérer un peu de son pathétique et voilà ce que la patine du temps en a finalement fait : une chronique douce-amère sur quelques madeleines d’un cinéphile lassé de 2015. Je vous la ressors parce qu’après « Crazy Amy » en mars, « 21 jours avec Pattie » vient de sortir en dvd. Séance de rattrapage donc, pour ceux qui n’ont pas vu ces hilarantes comédies en salles durant cet automne hivernal.

Car heureusement, entretemps, le printemps est arrivé…

Avec son pollen assassin et ses funèbres petites fleurs blanches.


 
Crazy patine

Car je sais pas Vous, mais une phrase du Seigneur des anneaux me fait toujours pleurer : « Aucun parent ne devrait à avoir à enterrer son enfant. »

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Comme dans le « Titanic » de James Cameron où il jouait l’effaré Commandant du célèbre navire, Bernard Hill est magnifique de douleur en Roi Theoden dans la non moins magnifique version cinéma des Deux Tours due à Peter Jackson.

Découverte par le Roi que son fils Theodred est tombé, petites fleurs blanches fleurissant sur les tombes des seigneurs du Rohan, cercueil porté par les Rohirims, gros plan sur Eowynn tandis que sa voix s’élève pour un chant funéraire d’un pathétique extraordinaire. Frissons déjà, et paf !: « No parent should have to bury their child. ».


Bientôt, le maître des cavaliers du Rohan agonisera lui aussi, les reins brisés sous son cheval** et à chaque vision, je pleure encore avec Eowynn à son côté.

Parce que finalement, si on y réfléchit bien - ou pas -, l’inverse est pas terrible non plus…

Perdre l’un de ses parents fait sourdre une grande douleur, quel que soit l’âge de votre orphelinat soudain. Comme si perdre un père ou une mère vous faisait remonter l’enfance dans la gorge pour qu’elle vous étouffe de sanglots.

Oh bien sûr, vous allez m’dire : Paf !, t’es bien sensible sous tes dehors bourrus, t’as tout d’la fiotte, mon gars et si ça s’trouve, t’es pt’êt’ pas cynique que cela ?

Bon, d’abord, je Vous défends de me tutoyer et d’autre part, les « Je te tues, toi » de 2015 ne m’auront guère poussé vers l’esprit de Noël. Pour l’an prochain, si 2016 est aussi pourri pour vous que 2015 le fut pour moi, Je vous donne gratis mes remèdes pour surmonter l’idée du premier Noël de votre vie sans l’un de vos proches des plus proches.

En 1) ESSAURAGE


Commencez par le film le plus triste et le plus beau que vous connaissiez : « Mélancholia » de Lars von Trier par exemple. La fin du monde en grand écran sur grand écran et parmi les plus belles premières minutes de film de toute l’histoire du cinéma, parmi les plus émouvantes dernières minutes de film d’icelle.


Etre consolé de l’apocalypse par une dépressive, ça, ça vous requinque et vous essore de vos liquides salés!

En 2) MÉLANCHOLORIAGE

Replongez en enfance et dans le sens de la vie en (re-re-re-re-)voyant bien entendu  « The Muppet Christmas Carol » d’après « Un conte de Noël » de Charles Dickens. (« Noël chez les Muppets » (1992). Sortie dvd 2003, Walt Disney France). Michael Caine encore et toujours, ici entouré par une bande d’émouvants Muppets dans ce que je considère comme leur meilleur film.

On y joue, on y chante, on y pleure, on y rit, on a parfois peur***  et cela finit bien. Je le regarde chaque année et chaque année, il m’émeut et me met du baume au cœur car ca sent bon Nooo-ëëël ! It feels like Chriiii-stmas !



Bon c’est vrai, là où ca pêche et où tout peut vous ramener à votre douleur, c’est que ce film de 1992 commence par un carton nous indiquant qu’il est dédié à Jim Henson.

Adieu hilarants Muppets et autres « Dark crystal » (1982).

A l’image du Tim burton qui travaillait lui-même dans l’ombre de Disney en cette année 1982, Jim Henson dansait sur le fil tendu entre humour noir et tendresse, originalité géniale et naïveté assumée. De fait, son œuvre avait parfois des ratés, comme ce « Labyrinthe » (1986) où David Bowie rivalisait dans le péroxydé avec la Tina turner de « Mad Max 3 » sorti l’année précédente. L’un et l’autre pourtant méritent d’être revus parce qu’ils ont trait à l’enfance, aux contes et au pouvoir de l’imaginaire sur celui des Kalash’.

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Mais  il n’empêche, Jim Henson, c’était l’enfance personnifiée. Un peu comme Cabu, notre éternel grand frère, il était de la famille. Comme Honoré et Wolinski, nos oncles cultivé et libidineux. Comme Charb, notre sale gosse de petit frère.
Et comme tant d’autres chez qui j’aimais railler le goût du hard-rock et de la bière en terrasse. Ca vous détruit les oreilles et les papilles, putain ! Pensez jazz et ouiskie les mecs, classique et pinard, soul et caoua,… Allez, faut vous secouer ! Si vous écoutez de la merde et en buvez par désespoir ou parce que vous venez de perdre un être cher, j’ai plein de remèdes.

En 3) DILATÉLARATAGE

Précipitez-vous au cinéma pour voir une grosse connerie bien trash à la Farelli ou Feige.

Qu’est-ce qu’y a en ce début décembre comme comédie à l’affiche ?

Ouais, un nouvel Appatow avec Amy !!!

Et un Frère Larrieu où Karin Viard débite des insanités !!!

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Bon, sauf que si vous êtes comme moi et que vous ne regardez jamais la bande-annonce des films que vous souhaitez voir, faites quand même une exception en période de grande douleur et intéressez-vous pour le moins au synopsis de la grosse connerie en question: « Crazy Amy » est l’hilarante histoire d’une femme endeuillée de son père, « 21 jours avec Pattie », l’hilarante histoire d’une femme endeuillée de sa mère.

C’est marrant, j’ai trouvé ces comédies hypersexuées beaucoup plus émouvantes que drôles. Faudrait que je les revoie d’un œil sec.

Heureusement que ce monde est aux mains des adultes ! Ca aide pour faire rigoler le Bon Dieu, comme disait celui qui voulait emmener Madeleine au cinéma :

« Et puis, les adultes sont tellement cons
qu’ils nous feront bien une guerre.
Alors, je viendrai pour de bon
dormir dans ton cimetière»


*****

* 1982, publié en 1986 en France sous le titre « Différentes saisons » chez Albin Michel, aujourd’hui disponible dans Le livre de Poche et regroupant 4 nouvelles formidables : « Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank » (Titre français du film qui en est tiré : « Les évadés »),  « un élève doué »  (idem), « Le corps » (« Stand by me »),  « La méthode respiratoire » (jamais adapté au cinéma).

** Le premier qui me taxe ici de spoiler quoi que ce soit, je lui arrache la tête avec les dents pour la jeter aux Wargs ! Pour tous ceux qui tentent de vivre heureux en attendant la mort, il serait grand temps pour vous de lire et voir les plus grandes sagas littéraire et cinématographique des XXe et XXIe siècles si ce n’est pas déjà fait.

*** Moi non, mais l’esprit du Noël futur terrorise mes enfants. Joanne K. Rowling et la Warner s’en seraient-ils inspirés pour leurs Dementors d’Azkaban ?


 

 
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Commentaires

Ecrit par dieudivin le 14/05/2016 à 20:29

 

1

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Inscrit le 18/03/2011

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Punaise, j'ai vu quasi aucune des références citées, c'est grave ??? smiley 13

Sinon, tu fais comme d'autres, tu quittes l'enfance pour aller ailleurs, et tels des Chinois ou des Italiens aux US, tu refais ta ville d'enfance dans ce monde de sauvage smiley 8

4347 Commentaires de news

Ecrit par Paf le 15/05/2016 à 07:14

 

2

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Inscrit le 01/01/2016

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J'écris précisément pour partager mes passions et désillusions. Dis-moi quels sont les titres qui te viennent à l'esprit quand tu songes aux films les plus trisres et les plus drôles que tu connaisse?

Précipite-toi sur "un hiver de clown", petit veinard.

101 Commentaires de news


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