Publié le Dimanche 24 avril 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

NYC

Là, tel que vous me voyez. Ou plutôt, tel que vous me lisez, j’ai redéfini les caractéristiques techniques intrinsèques du jetlag. Revenant de 3 jours à New York, pour le boulot bien entendu, j’ai tout ce qu’il faut de décalage horaire et de manque de sommeil dans les yeux, dans la tête, dans les pieds et dans tout ce que vous voulez d’autre d’ailleurs. Vous m’excuserez donc le fait que, très certainement, certaines phrases n’auront ni queue ni tête ou seront tellement alambiquées que vous en perdrez le sens premier de la lecture. Je suis encore à cheval sur deux continents, ce qui me fait faire le grand écart à m’en craquer mon jean.

Trois jours pour le boulot, et pour le plaisir aussi parce que le boulot, à Manhattan, quand le voyage de presse est magnifiquement organisé, ça devient plus un plaisir qu’un boulot.
Bizarrement, et sans doute justement parce que le voyage était parfait, je n’ai pas spécialement d’anecdote croustillante à raconter, de ratés sur lesquels m’étendre ou de choses étranges qui auraient pu arriver. Nous avons même eu quelques heures de libre pour visiter et nous imprégner de la culture américaine. New York est une ville grandiose, au sens propre du terme, à savoir que tout y est démesuré. Même les prix, soit dit en passant.
Mais avec un simple sourire, les américains sont charmants et accueillants, et vous croisez durant vos pérégrinations des canadiens serviables qui s’arrêtent pour vous expliquer le chemin à prendre, des vendeuses venues tout droit de Côte d’Ivoire au sourire ravageur, des serveuses typiquement ricaines et fort aimables… un mélange de couleurs de peau qui vivent, ici tout du moins, dans une harmonie palpable. On voit côte à côte déjeuner l’ouvrier du bâtiment avec le casque retourné et le bandana sous le casque, le costard-cravate, les deux échangeant des amabilités et quelques rires. On croise le rider Harley Davidson se taper une bière avec le petit minet en polo qu’on croirait sorti tout droit de Harvard et avec un mexicain chicano. Derrière, deux minettes s’embrassent goulument sans que personne ne trouve à y redire.

Je sais. C’est loin d’être la même chose dans tous les Etats-Unis. Loin de là. Mais Manhattan fait mentir tous les clichés US. C’est bien simple, les seuls qui gueulaient dans cet océan d’amabilité… étaient les touristes français. C’est amusant de voir des compatriotes cracher constamment sur la connerie américaine et de se rendre compte, une fois sur place, que les cons ne sont pas ceux qu’on pensait…

Mais bref. L’île de Manhattan est écrasante de hauteur, manque totalement d’humilité, et ressemble bien souvent à un concours de bite pour savoir qui aura la plus grosse, réalisé à grands coups de buildings démesurés. Times Square est une insulte permanente à l’écologie et l’économie d’énergie.

Et Prince est mort. Ce dont, personnellement, je n’ai strictement rien à foutre. Je vois sur les réseaux sociaux des dizaines de personnes se répandre en pleurs ou hommages et j’avoue, ça me laisse totalement de glace.
Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’aimais bien sa musique. Sans être totalement fan, j’aimais bien. J’ai deux ou trois albums du bonhomme. De sa grande époque. Mais c’est justement là le souci : sa grande époque était bien loin derrière lui. Depuis 30 ans, il n’avait pas fait grand-chose de potable et s’était perdu dans des batailles d’égo et des chemins musicaux obscurs. Bref, pour moi, Prince était déjà mort depuis bien des années. Qu’il se soit fini à l’héroïne ou n’importe quel autre truc n’est finalement qu’une confirmation.

Sur ce, il est tard. Ou tôt. Je ne sais plus trop. Du coup, je vais devoir me lever. Ou me coucher. Ou les deux.