Publié le Dimanche 22 mars 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Still inconsolable

Dear Rhianna,
Maybe that's to much. I've already talked about the pain I feel after your father's passing by. I've already talked about how much it affected me. I've already talked about that filiation of style, of humour that I claim from him. I've already talked about that feeling that I am… that we all are orphans today.
I've already said how much your father was important to me and had a deep influence in my Life.
He was a mentor. He was a friend that told me fabulous stories, that brought me to undiscovered and marvelous worlds. He was here at night, he was here on my holidays, he was here every time I needed it. He taught me how to look at the world, how to look at people, how to look at life. He taught me that even if life is sometimes a real deep shit, it’s worth living and it’s worth having a big smile with nostrils wide open, in spite of the odor.
But even if my readers think that I'm doing to much about this, I just want you to know that I'm still inconsolable and that my heart is full of tears.
Please be sure that today, our thoughts are deeply with you. An will always be.

Ma très chère Rhianna, j'ai une totale confiance en toi pour prolonger l'œuvre de ton père et lui insuffler ton univers, ton style, ton talent. J'ai hâte de te voir, de te lire, de t'observer.
Je t'envoie, quoiqu'il en soi, tout mon amour et mon soutien.

Et parce que Terry Pratchett était un homme merveilleux, un exemple de tolérance et d'ouverture d'esprit, un véritable plaidoyer pour l'intelligence et l'autodérision, qu’il était porteur d’un vrai message humaniste, je ne peux que vous enjoindre, pardon, vous supplier de voter intelligemment aujourd'hui. Et voter intelligemment, c'est obligatoirement, impérativement, logiquement, évincer l'obscurantisme, le totalitarisme, la haine, la violence, le racisme, véhiculés par l’extrême-droite. Voter extrême-droite, ce n'est pas voter contre le PS et l'UMP. Ce n'est pas un vote de contestation. C'est un vote qui bafoue et humilie les valeurs profondes de notre pays. La liberté. L'égalité. Et surtout la fraternité.

Et je m'en fous que vous railliez ma simplicité ou ma naïveté. Que vous railliez le fait que je radote. Que vous critiquiez mon obsession. Que vous soupiriez de lire une nouvelle fois mes craintes, mes appels au réveil, à la morale, à l’intelligence, à la prise de conscience.
Notre société va mal. Nous souffrons tous. Nous peinons tous sous les décisions stupides et étouffantes des gouvernements précédents. Nous sommes tous d’accord pour appeler de nos vœux un changement radical. Un sang neuf et non corrompu. Mais rejeter le passé en se tournant vers les extrêmes, c'est oublier que l'Allemagne en fit de même en 1933. Et que même s’il avait eu des nichons, Hitler serait resté Hitler. Et que même si les chemises avaient été bleues marines et non pas brunes, le bras serait resté tendu. Et que même si Goebbels avait fait son coming-out, il serait resté Goebbels. Et surtout, niveau sang neuf et non corrompu, y’a comme un petit souci en se tournant vers cet extrême-là.

Je refuse de croire que 30% des électeurs sont assez cons pour croire qu’un bras droit tendu vers l’horizon est salvateur pour notre pays. Je refuse de croire que 30% des électeurs sont assez cons pour être nostalgiques de l’époque coloniale.
Et même si aujourd’hui, de plus en plus, les actes et insultes racistes sont quotidiennes, je reste persuadés qu’ils ne sont commis que par une poignée d’handicapés mentaux et d’abrutis congénitaux qui n’ont rien à voir, ni de près ni de loin, avec la vraie France.

Allez, si vous êtes sages, la semaine prochaine, je reviens à des sujets plus légers.