Publié le Dimanche 28 décembre 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Bonnes résolutions mon cul

Noël, c’est fini. Voilà une bonne chose de fête (sic). Les yeux pétillants, des millions de gamins ont déballé des millions de jouets auxquels ils ne joueront qu’une seule fois avant d’en paumer la moitié ou de les ranger dans un coin de leur chambre. Mine de rien, de votre côté, vous avez participé au génocide de milliers de dindes, à la castration barbare de milliers de coqs et à la torture de milliers d’oies.

Alors non, je vous arrête tout de suite. Je ne me lance pas dans un grand combat pro-Bardot militant pour la protection des animaux et dénoncer la barbarie carnivore à grands renforts d’études biaisées et d’exemples douteux sensés promouvoir un régime végétarien. Nan. Pas mon genre, ça. Y’a rien de plus dégueulasse qu’un steak de soja et celui ou celle qui tentera de vous convaincre du contraire ne mérite que du mépris et, éventuellement si vous êtes dans un bon jour (esprit de Noël, par exemple), une grande baffe dans sa gueule pour avoir de tels goûts de merde. Mériteraient de mourir étouffés à grands coups de saucissons, tiens. Et puis d’abord, parler de génocide de dindes, de castration barbare de coqs ou de tortures d’oies ne signifie pas forcément qu’on en dénonce la situation.

Non parce qu’il faut quand même se rendre à l’évidence, et arrêter deux secondes de défendre n’importe quoi, de se lancer dans n’importe quel combat débile et imbécile : Y’a quand même rien de plus con qu’une dinde, un coq ou une oie.
Enfin si. Sans doute. L’affirmation est exagérée. On trouvera sans nul doute bien plus con qu’une dinde en tête de cortège de la Manif pour Tous et bien plus agressif qu’une oie dans les hautes sphères du FN. Mais dans l’idée, une dinde, un coq, une oie, ça reste quand même très très con.
Mais si. L’oie par exemple, c’est juste un gros canard qui vient se dandiner en jaquetant et tente de vous pincer alors que vous, vous lui apportiez juste à manger. C’est dire si c’est con et si ça mérite qu’on lui bouffe le foie après enfournage de maïs par kilos. Et puis de toute façon, c’est vachement bon, le foie gras. Un pur délice. Faut quand même être crétin, ou pire, américain, pour s’en priver.

Bref, je vous rassure, je suis le premier à fourrer ma bouche entre les cuisses d’une dinde. Et pas seulement pendant les fêtes.

Permettez que je fasse une petite pause après cette révélation pour vous en laisser savourer l’ambiguïté. Et vous laisser imaginer la saveur du jus qui vous coule entre les lèvres quand elle est cuisinée à point.

Tout ça pour dire qu’on va remettre le couvert. Au sens propre comme au figuré. Le Réveillon du 31 arrive et à nouveau, on va défoncer de la volaille par tous les orifices. Par le haut pour certaines, gavées au maïs, par le bas pour d’autres, fourrées aux marrons.

Bien évidemment, pour accompagner toute cette pitance, l’alcool va couler à flots. Et vous aurez bien raison. Non parce qu’il faut arrêter avec le politiquement correct, hein. Rien de tel qu’une soirée arrosée avec un bon Champagne, voire un grand vin. Merde alors. On ne va pas fêter la Nouvelle Année avec du Red Bull, non plus. Le machin immonde qui vous ruine l’œsophage, c’est quand on vomit, hein, pas quand on avale. Et le Red Bull, c’est quand même la seule boisson plus agréable à vomir qu’à avaler, quand même.
Et je n’ai même pas envie de vous dire d’y aller avec modération. Faites-vous plaisir, quoi. Explosez-vous.

Y’a juste une petite question qui s’impose : serez-vous complètement con pour reprendre la voiture après ?

Non parce que si vous avez envie de vous choper un platane et tuer votre femme (ça peut éventuellement se comprendre) ou vos enfants (là aussi, si si, je vous jure), c’est votre problème. Mais risquer de buter d’autres personnes en ratant un virage, en s’endormant sur la route, ou en grillant un feu que vous n’avez pas vu mais si je te jure je suis encore en état de conduire, ça fait de vous un putain de meurtrier. Dormez sur place. Parce qu’il n’y a pas d’âge pour faire du camping sur un matelas gonflable au milieu du salon.

Bref, oui à l’excès de biture. Mais faites-le intelligemment. On n’a jamais assez de lecteurs pour se permettre d’en perdre quelques-uns bêtement. Et y’a mieux pour débuter l’année que derrière un cortège funèbre portant un cercueil d’enfant. Et pire : ça serait impardonnable de se coller un Grand Vin dans le sang pour le laisser échapper sur le bitume ensuite.

Voilà. C’était la dernière parole sage de l’année.

Et une année qui s’achève, outre des cheveux en moins et des rides en plus, ça nous ouvre la porte à des résolutions qu’on ne tiendra jamais. Enfin pour vous. Personnellement, les résolutions, je les tiens. Si si. Je n’en prends pas à chaque fois, notez bien. Les dernières que j’ai prises, c’est il y a une dizaine d’années. Arrêter de fumer. Je n’ai jamais retouché une clope depuis. Et le réveillon de l’année dernière, j’avais dit que je ferai un petit régime… résultat, hop, 25 kilos de moins.
Bref. Faites les résolutions que vous voulez : arrêter de boire du Red Bull, arrêter de porter des tongs, arrêter de fumer, arrêter de toucher des petits enfants, arrêter de prendre deux tailles de froc par an, arrêter d’écouter de la musique de merde, arrêter d’acheter des magazines people… Autant de choses que vous tiendrez pendant 2 à 3 jours avant de craquer.

Pour ma part, cette année, j’ai décidé de ne pas attendre dix ans avant de prendre de nouvelles résolutions. En 2015, j’ai donc décidé de :
- Déménager à l’étranger (c’est en cours).
- Faire un troisième enfant (c’est en cours).
- Publier mon premier roman (c’est en cours).

Bref. 2015 s’annonce chargé. Pourvu qu’elle commence en déchargeant.

Je vous laisse méditer sur cette phrase. A l’année prochaine pour la cuvée 2015 de l’édito.