Publié le Dimanche 24 août 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Confidences pour confidences

Nous voilà donc rendus à la fin d’un été que nous n’aurons pas vraiment eu. Enfin, ok, l’été se termine officiellement le 21 septembre, j’avoue. Mais je parlais d’un été scolaire, avec la reprise des cours planifiée pour dans un peu plus d’une semaine. Retour, donc, à un rythme classique. Aux bouchons. Aux gros cons sur la route. Aux gros cons dans les transports en commun. Aux gros cons dans la rue. Aux gros cons au bureau. Aux gros cons dans les commerces. Aux gros c… hein ? Oui, je sais. Mais je n’y peux rien. Je vois des gros cons partout. Certaines personnes ont tendance à penser qu’il y a du bon dans chacun d’entre nous, jusqu’à preuve du contraire et d’une déception. Personnellement, j’ai tendance à penser qu’il y a du gros con dans chacun d’entre nous, jusqu’à preuve du contraire et d’une bonne surprise.

C’est un de mes défauts. Parmi tant d’autres. Oh, je vous rassure, j’en ai, des défauts. Non, non, n’insistez pas. Je vous remercie de vouloir me persuader du contraire et de faire l’éloge de mon intelligence et de ma magnificence. Mais je vous assure, j’ai moi aussi quelques petits travers. Tenez, j’ai même quelques secrets honteux à ne surtout pas partager en public. Plein de trucs qu’on n’avouerait même pas à son curé en confession ou à son rabbin sur son lit de mort.

Oh, ne faites pas les étonnés, hein. Chacun a son petit lot de hontes, de trucs pas forcément choquants ou consternants, juste des petites manies, des goûts particuliers, des envies spéciales qui seraient au centre de toutes les moqueries si elles étaient révélées au grand jour. Tenez, qui d’entre vous dort encore avec une peluche dans son lit ? Ou une femme qui elle-même dort avec une peluche ? Le genre qu’elle emmène même en vacances ? Qui ne se sent à l’aise qu’avec de gros slips kangourous totalement inesthétiques ? Qui trempe son camembert dans son café du matin ? Qui préfère les crocodiles Haribo jaunes aux autres couleurs ? Qui préfère un verre de coca à un verre de Champagne ? Qui a acheté, bordel de merde, les albums de Sexion d’Assaut et autres bouses qui font saigner les oreilles de Black M ou Maître Gimms ?
Vous voyez, on a tous quelque chose à cacher. Certaines plus graves que d’autres, notez bien. Parce qu’acheter les albums de Sexion d’Assaut ou les opus solos de ses membres n’est pas seulement une honte mais la preuve irréfutable d’un handicap mental qui n’est pas sans raviver la question de l’euthanasie.

Et donc, moi aussi. Moi aussi j’ai mes petits défauts et mes secrets honteux. Même au niveau musical. Mes acolytes de Gamescom, à qui j’ai fait mal aux oreilles durant tout le trajet en voiture, m’en sont témoins. Et non, aimer la musique des années 80, de Début de Soirée à L’Aventurier d’Indochine n’est pas en soi une honte mais juste une question générationnelle. Par contre, étais-je obligé d’acheter les différents albums de Partenaire Particulier, même après qu’ils soient tombés dans l’oubli ? Etais-je obligé de continuer à être fan de A-ha jusqu’à avoir tous leurs albums, même les plus récents ? Alors je vous rassure, je contrebalance ces hontes musicales par quelques bons goûts tout de même comme Pet Shop Boys ou… ah non, pardon, mauvais exemple… comme New Order, U2, AC/DC, Led Zep’ et autres « classiques » inattaquables – ou presque. Mais quand même.

Et ce n’est pas tout. Je suis bordélique.

Tenez, j’ai passé un test de QI. Officiel, hein. Et tout et tout. Le résultat, contestable tellement j’ai l’impression parfois d’être con, est tombé : J’aurais un QI de 130. Oh, je vous rassure, quand on connait ce que cela signifie, ça n’a strictement rien à voir avec l’intelligence. C’est plutôt une mesure de la vivacité intellectuelle et des capacités à réfléchir, analyser, résoudre… Sachant que vous pouvez avoir un QI de 150 mais être con comme un melon parce que vous ne vous en servez pas. Tout comme en théorie vous êtes plutôt censés être « ouvert d’esprit » alors qu’en cherchant bien, au milieu des cohortes de mongoliens qui le composent, je suis certain qu’on arriverait à trouver quelques QI élevés au FN, par exemple. Enfin bref. J’aurais en théorie de quoi me la péter et vous expliquer que nous ne sommes que 2,2% de la population à pouvoir prétendre à ce score. N’empêche que, comme dirait ma femme, « même Forrest Gump avec ses 75, il comprendrait que quand la poubelle est pleine, il faut la vider, et qu’appuyer dessus pour faire encore rentrer des trucs, c’est con, ça la fait déborder et maintenant tu prends l’éponge et tu nettoies ce qui a coulé par terre ». Ou encore « Rain Man, lui, il avait une chambre nickel alors que toi tu n’es pas foutu de ranger ton bureau ». Et puis je n’y peux rien. Je n’arrive pas à me mettre dans le crâne qu’il faut passer un coup d’éponge sur le plan de travail après avoir cuisiné (je cuisine très bien, merci de demander, permettez que je contrebalance mes défauts avec quelques qualités quand même) malgré les innombrables engueulades à ce sujet. Et puis avoir un QI de 130 pour l'utiliser en testant des jeux vidéo, comment dire... c'est pas un peu la honte, ça ?

Et puis parmi mes films préférés, je citerais La Relève, avec Clint Eastwood, Hollywood Homicide avec Harrison Ford, L’Arme Fatale 3 avec Mel Gibson ou encore High Fidelity avec John Cusak. Ou même Serendipity avec ce même John Cusak, tiens, pour citer un film fleur bleue. Là encore, hein, j’ai choisi les plus à même d’être critiqués, parmi ceux que je vois et revois au moins une fois par an tellement je les aime – et vous les citer me donne même envie de les revoir, tiens. Mais c’est là encore à contrebalancer avec quelques gros titres incontournables, des Tontons Flingueurs à Le Bon, La Brute et Le Truand pour ne citer qu’eux. N'empêche que le film que j'ai le plus vu, c'est L'Arme Fatale 3 et puis c'est tout.

Et je déteste la framboise. Et oui, j’ai commandé du Tang sur Internet parce que j’aime ça. Et je bois une tasse de lait le matin. Et je déteste le Nutella. Et je ne porte quasiment que des tee-shirts parce que je déteste les chemises. Et je dors mal si je n’ai pas un oreiller petit, ferme et que je triture dans tous les sens pour me le caler sous le cou. Et j’ai plus de chaussures que ma femme. Et j’ai eu mes premiers émois avec Samantha Fox. Et je frappe mes gamines quand elles me gonflent. Et d’ailleurs, tenez, j’adore le silence. Je m’isole parfois juste pour me baigner de silence, et Dieu sait si avec trois nanas à la maison, c’est dur d’en avoir, du silence. Et je déteste les repas qui durent trop longtemps. Le dernier repas familial, dans ma belle-famille, je me suis barré avant le dessert parce que ça s’éternisait trop. Je vous rassure, ils ne m’en veulent pas. Enfin pas trop. Enfin je ne sais pas, la dernière fois mon beau-père m’a jeté des cailloux mais je ne sais pas si ça a un rapport. Et j’ai des chaussettes Lapins Crétins. Et quand je dis qu’il existe 52 manières de tuer quelqu’un avec une petite cuillère mais que j’en connais 53, ce n’est pas vrai. En fait, j’en connais 54. Et je suis râleur.

Bon. Je pourrais continuer longtemps comme ça. La liste pourrait s’allonger avec mes fantasmes, mes déviances – sexuelles ou non – mes goûts et dégoûts, mes envies et mes peurs… Mais avant que vous ne me jetiez des cailloux, sachez que j’ai quand même quelques qualités qui ne me rendent pas tout à fait invivable ou asocial. J’ai même plein d’amis. Enfin… quelques-uns. Enfin… au moins un. Enfin je crois. Et puis j’ai une femme qui m’aime. Un peu, quoi. Et puis y’a vous. Vous m’aimez, hein ? Enfin…

Dites…

vous m’aimez ?