Publié le Dimanche 22 septembre 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Tout va bien, je vais bien

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, l’hiver va être chargé. Hein ? Mais non, je ne vous parle pas de jeux vidéo. Soyons sérieux deux minutes. Il n’y a rien de bien neuf, palpitant ou excitant qui arrive avant Noël, si ?
Je vous parle d’emploi du temps personnel.
Voilà dix ans, grosso modo, j’ai récupéré un petit pavillon tranquille, dans un petit village tranquille, après en avoir expulsé les trafiquants de drogue qui y vivaient. Le problème, chez les trafiquants, c’est qu’ils misent tout sur leur activité et négligent leur environnement. Du coup, il a fallu refaire intégralement la maison, du sol au plafond. Peintures, carrelages, aménagement…
Heureusement, outre alcooliques, nous sommes bricoleurs de père en fils dans la famille. Du coup, je me suis chargé, à part le gros œuvre, de la majorité des travaux.

Mais dix ans ont passé. Et c’est à peu près le cycle des rénovations.

Bon, en fait, je vais être sincère avec vous : j’y passerais bien encore cinq, six, voire dix autres années sans rien toucher, hein. Mais dans les innombrables erreurs que j’ai pu faire dans ma vie, il en est une où j’ai dit « oui » devant un représentant de la République. Du coup, je n’ai pas mon mot à dire. D’ailleurs, ne rêvons pas : on nous fait croire depuis la nuit des temps que l’homme dirige le foyer et qu’il est maître chez lui. L’homme fort. Dominant. Roi en sa demeure.
…
C’est une grosse, une gigantesque, une incommensurable connerie.

C’est la femme qui a toujours tout dirigé. C’est elle qui décide. Qui dicte. Qui impose. Et l’homme n’est finalement qu’esclave en sa maison. Non mais ne cherchez pas, hein. On a beau l’ouvrir en grand devant les copains, jouer à qui a la plus dure et la mieux tendue vers le ciel… nous ne contrôlons que ce que la femme veut bien nous laisser comme miettes.
Remarquez, elles n’ont pas non plus intérêt à trop fanfaronner… vous avez-vu dans quel état elles nous ont mis la société ? Dans quel état elles ont laissé l’éducation de leurs enfants ?

Enfin bref. Ma femme a déjà dressé le planning des hostilités. Le salon à repeindre. Murs et plafond. La cuisine à repeindre. Murs, plafond et placards. La chambre à refaire. Sol, murs et peut-être même plafond… Avec la consigne ultime qui fait mal : « La dernière fois, on était pressé d’emménager, donc il y a eu quelques imperfections. Cette fois-ci, il faudra bien faire ».

C’est bon. L’hiver peut être rude. Il peut geler à pierre fendre. Moi je vais avoir bien chaud, à m’agiter avec mon gros pinceau. Et malheureusement, cette image n’a rien cochon.

Oui, je sais. Je vous parle de bricolage alors que je pourrai vous parler de sujets bien sérieux. Comme la sortie de GTA V qui a remis sur le tapis tout un tas de débats sur la violence dans les jeux vidéo. Mais que dire à ce propos que je n’ai pas déjà dit ? Les médias généralistes sont à la quasi-unanimité des incapables qui ne font pas correctement leur boulot et se jettent sur le premier sujet putassier comme des morpions à l’agonie sur une paire de baloches. Et pardonnez-moi la vulgarité de cette image. Mais avouez que le parallèle s’il est singulier, n’en est pas moins judicieux.
Tant qu’on laissera s’exprimer sur les ondes, sur la toile, ou dans les journaux, des personnes limitées persuadées d’être la voie de la raison et de la sagesse, on aura encore et toujours une vision erronée, stupide, tronquée et archaïque du jeu vidéo.
D’un autre côté, quand on voit certains de mes confrères et leur attitude, on se dit que les gens n’ont pas tout à fait tort non plus de prendre les fans de jeux vidéo pour des cons.
Sans parler de l’état de l’éducation parentale, que là encore, GTA V a mis en exergue via l’âge souvent très jeune des joueurs qui y jouent. Monde de merde, va. Génération de débiles.

Et après, on s’étonne de devenir alcoolique, tiens.

Hein ? Non, même pas. Je ne suis même pas de méchante humeur. J’ai même passé une plutôt bonne semaine. Et ce, malgré une journée clouée au lit pour cause de maladie non identifiée et le fait que je me sois quasiment crevé l’œil avec… un coin de feuille pliée en 4… Non mais ne cherchez pas. Je dirai aux attachées de presse que je me suis battu avec un ours.
Enfin bref, j’aurais toutes les raisons du monde de hurler à la semaine de merde. Mais non. Elle fut bonne. Elle fut grande. Elle fut juteuse. Je fus bon. Je fus grand. Je fus jut… euh… non, rien. Je vous épargnerai cette dernière image. Je préfère vous laisser. Je vais faire du vélo. Parfaitement. Oui, je sais, j’ai toujours détesté les cyclistes qui me pourrissent la vie sur la route, à ne respecter ni les signalisations, ni les sens interdits, ni les feux rouges, ni rien… Mais chhhhuuuuut. Ne dites rien. Je suis infiltré…