Guild Wars 2 (PC)

 

Publié le Lundi 3 septembre 2012 à 12:00:00 par Alexandre Combralier

 

Test Guild Wars 2 (PC)

L'école classique

imageArenaNet préfère les tortues aux lièvres. Il a fallu sept ans pour que Guild Wars premier du nom se trouve une suite. Annoncé dès 2007, Guild Wars 2, enfin, arrive dans les étals virtuels. Une longue attente pour tous les fans des MMORPG. La licence de NC Soft n’a cependant rien perdu de son prestige et compte tout faire pour le maintenir et l’accroître encore, surtout en ce second semestre 2012 chargé en surtout MMORPG (Guild Wars 2 débarque entre The Secret World et World of Warcraft : Mists of Pandaria). Reprendre le meilleur du premier épisode mais en même temps dépasser la tradition pour l’ouvrir à de plus larges publics, tout en maintenant l’exigence qualitative de la série : un beau pari que celui d’ArenaNet. Pari, on peut le dire, en grande partie tenu.

Si Guild Wars a si bien résisté à World of Warcraft, sorti pourtant pratiquement en même temps que lui, c’était parce qu’il ne s’attaquait pas frontalement au pachyderme de Blizzard. D’abord et surtout, il n’y avait aucun abonnement mensuel : acheter le jeu une fois suffit pour y jouer toujours. Ne pas conserver cet alléchant système aurait été presque suicidaire pour ArenaNet, et il apparaît qu’en effet le taux de suicides n’a pas dû connaître d’explosion : Guild Wars 2 n’a aucun abonnement payant, et évite en même temps certains excès des Free-to-Play (parfois renommés « Pay-to-win ») à la faveur du ticket d’entrée s’élevant à l’habituelle quarantaine d’euros. C’est, autant le dire tout de suite, un des plus gros avantages du jeu.

Second point sur lequel Guild Wars premier du nom se différenciait de World of Warcraft : son essence même. Guild Wars était d’abord moins un MMORPG qu’on CORPG (RPG en coopératif). Si ArenaNet avait resigné un CORPG, on aurait pu le te taxer de manque d’ambition. Exit, donc, le CORPG : Guild Wars 2 se veut être un véritable MMORPG. Ou presque. Le jeu est divisé, selon la progression du joueur, en « zones ». L’exploration du « monde » se fera donc petit à petit, sans pouvoir donc ressentir le gigantisme de certains autres MMORPG. Les zones sont cependant bien assez grandes pour ne pas se sentir non plus cloisonné ou enfermé (le concept de MMORPG à couloirs est donc toujours inexploré, avis à la population). Ce qu’il faut donc comprendre, c’est que Guild Wars 2 n’est pas un monde « parallèle » et encore moins ouvert, mais un grand parc d’attractions. Passée la déception, on s’amuse comme un petit fou découvrant pour la première fois Marne-la-Vallée.

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screenL’héritage CORPG de Guild Wars se ressent en réalité bien plus franchement qu’on pourrait d’abord le croire. Les développeurs ont voulu mettre l’accent sur l’entraide permanente entre les joueurs, que l’on connaisse ou non son prochain. Ici, un événément aléatoire (défense de position, boss à abattre…) va se déclencher, et tous les joueurs aux alentours vont se précipiter et triompher (ou pas) de l’épreuve ensemble, avec à la clé de substantielles récompenses ; là, un joueur est invité à ranimer un inconnu. ArenaNet a voulu faciliter son entraide par de nombreux ajouts de gameplay : par exemple, quand deux joueurs tuent ensemble le même monstre, l’expérience obtenue n’est pas divisée, et chacun reçoit autant d’expérience que s’il avait tué la bête à lui seul ; même système pour le loot : le premier arrivé ne sera pas le premier servi, mais chacun aura le même dû. Comme me le disait d’ailleurs encore récemment Jean-Luc Mélenchon, Guild Wars 2 abandonne toute logique concurrentielle néo-libérale pour miser sur la communauté des biens.

screenLe jeu d’équipe ne serait cependant pas grand-chose si ArenaNet n’avait pas concocté des classes aussi complémentaires. Loin du classicisme habituel dans les jeux du genre, huit classes sont disponibles (Guerrier, Élémentaliste, Envoûteur, Nécromant, Gardien, Rôdeur, Voleur et Ingénieur). Aucune n’est à proprement parler typée : le Guerrier ne sera pas forcément qu’un gros tank, et le Nécromant ne sera pas une brêle à la hache, même si, évidemment, il y aura toujours quelques différences naturelles qui se sentiront quoi qu’il arrive. Les joueurs sont invités à collaborer entre eux grâce à un système de combos inter-classes : aucun joueur n’est ainsi laissé à l’écart, et un mauvais choix de départ ne vous condamnera pas à l’ostracisme systématique de tout groupe.  

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screenDans les faits, Guild Wars 2 reste cependant un MMORPG somme toute très classique, si l'on dépasse ses pourtant nombreuses innovations de gameplay. Ainsi, malgré la présence d’un système d’attribution dynamique de quêtes, ces dernières ne sont souvent pas forcément affolantes de pur bonheur. Chaque personnage aura certes l’impression d’avoir une trame personnelle, mais on sera en réalité sur des rails scénaristiques ; et, ni les cutscenes en forme de dialogue, ni la qualité d’écriture, ne feront vivre une aventure inoubliable d’un point de vue personnel. Seuls les événéments aléatoires viennent pimenter le tout, même si là encore les objectifs sont tout sauf loin d’être originaux. ArenaNet a toutefois diversifié les moyens de gagner de l’expérience dans le jeu, comme en découvrant de nouvelles zones ou de nouveaux lieux remarquables. Là où Guild Wars nous apparaît certainement très (trop) classique, c’est dans son système de combat et dans son design.

screenLes combats dans Guild Wars 2 ne sont pas bien compliqués à appréhender, y compris pour un novice du MMORPG. On ne va pas revenir sur toutes les subtilités inhérentes au genre, dont certaines pourront même ignorées du joueur lambda. Sachons donc que la barre de compétences du personnage est divisée en deux : à gauche, celles spécifiques à l’arme en main, elles-mêmes dépendantes de la classe ; à droite, celles spécifiques à votre personnages. A cela s’ajoutent des Aptitudes spéciales, débloquables à partir du niveau 11. Du déjà-vu, mais qui fonctionne cependant comme il faut. Histoire de ne pas céder la place à un spammage récurrent des touches de compétence (Guild Wars 2 est pourvu d’un auto-lock), ArenaNet a voulu aussi rendre quasiment crucial, surtout dans les affrontements de masse, le déplacement et l’esquive. On se concentre donc presque au final moins à donner des coups qu’à éviter d’en recevoir, quand cela apparaît nécessaire. Guild Wars 2 sort ainsi d’une vision purement statistique des affrontements pour donner plus d’importance au skill instantané du joueur. Malheureusement, dans ces mêmes affrontements de masse, les combats prennent un aspect beaucoup trop brouillon : on ne sait plus trop où on en est, sur qui l’on tape, et on se contente, au bout du compte, de regarder sa barre de compétences en attendant que celles-ci se rechargent. Concilier le dynamisme et la lisibilité de l’action est une tâche difficile, et ArenaNet n’a pas encore trouvé la formule magique.

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screenCela pourrait devenir gênant dans le cadre du PvP. On l’oublie vite devant la qualité de ce qui est proposé. Le PvP « structuré » propose à deux équipes de huit joueurs, automatiquement boostés au dernier niveau, de s’écharper joyeusement. Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est le génial World of World, véritable expérience épique qui donne réellement l’impression d’affrontements de masse. Au-delà de la simple bastonnade entre frères humains, le World vs World de Guild Wars 2 se distingue par un ingénieux système de gestion de ressources à gérer et organiser pour tous les fans de logistique. Sans abandonner totalement le principe des évenemtets d’aléatoires, Guild Wars 2 penche ici nettement vers le MMORPG, le vrai, le grand, l’épique.

screenVenons-en maintenant au design du jeu. Guild Wars 2, on l’a vu, dans ses quelques originalités, mise aussi sur l’exploration. Il convient d’abord de préciser que, techniquement parlant, le jeu est plutôt daté. On mesure peut-être là aussi le retard qu’a pris le projet. Guild Wars 2 n’est pas moche, non, mais vous n’y jouerez certainement pas pour ses graphismes. Quant à la direction artistique, elle alterne le chaud et le froid : pour un décor qui nous fait vraiment plaisir à la rétine, on a aussi plusieurs zones bien trop classiques et sans aucune âme. Le tout est souvent desservi par un design général vu et revu. Néanmoins, par bonté, on retiendra aussi les nombreux jolis plans du jeu. De toute manière, il est clair que, vu la grandeur de l'ensemble, ArenaNet ne pouvait pas faire partout de miracle. Dommage, quand on voit la qualité de certaines zones.

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screenDommage aussi, et l’on terminera par cela, qu’ArenaNet ait manqué, disons, de professionnalisme au moment de la sortie. On a connu, nous autres Français, les joies des serveurs de débordement de nombreuses dizaines de minutes durant. Voilà un système qui, et c’est peu de le dire, est loin de faire l’unanimité. Sinon contre lui. Souci qu’on espère cependant passager (c'est encore aujourd'hui trop souvent le cas), et qui ne sera plus d’actualité à n’en pas douter une fois l’effervescence des premiers jours réglée. Guild Wars 2 se jouant sur le long terme, ce lancement plutôt raté n’impactera donc pas réellement notre ressenti final.

screenEt puisqu’il faut conclure, on aura compris que Guild Wars 2 ne réinvente pas la roue du MMORPG. Que ceux qui recherchent une expérience originale à tout prix dans ce monde codifié soient avertis : Guild Wars 2 est classique. On peste sur des décors trop convenus ou sur un gameplay qui n’a rien d’innovant. Mais le jeu d’ArenaNet est aussi classe qu’il est classique. Et, n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon, Guild Wars 2 est conservateur (de quintessence) : avec lui, on a au moins le plaisir de retrouver ce qui a toujours marché dans les MMORPG. Il y a bien quelques innovations de ci de là, rendant certainement le jeu plus pimenté en de nombreux points. Mais rien de révolutionnaire. Ce que Guild Wars 2 fait, il le fait avec un brio et s’impose sans aucun souci comme le meilleur nouveau MMORPG de l’année. L’aurait-il été si ArenaNet avait pris plus de risques ? Peut-être. Après tout, Guild Wars 2, tout en restant très sobre pour un MMORPG, n’a presque plus rien à voir avec son grand frère. 

 

 
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Guild Wars 2 (PC)

Plateformes : PC

Editeur : NC Soft

Développeur : ArenaNet

PEGI : 12+

Prix : 40 € (aucun abonnement)

Aller sur le site officiel

LA NOTE

LA NOTE DES LECTEURS

note 8/10

 

 

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