Publié le Vendredi 2 mars 2012 à 12:00:00 par Vincent Cordovado
Test de Catherine (PS3/Xbox 360)
Cauchemar lubrique
Il arrive parfois que le paysage vidéoludique soit traversé par de véritables OVNI. Des titres difficiles à classer, au mariage des genres plus qu'improbable. Un peu comme en cuisine pour le mélange des saveurs. Reste que si la prise de risque est louable, la réussite n'est pas forcément au rendez-vous et le résultat peut être indigeste. Et autant dire qu'en mélangeant visual novel, érotisme, ésotérisme, horreur et casse-tête, Atlus, avec son Catherine, prend de sérieux risques.Se déroulant sur une petite semaine, Catherine nous conte les aventures de Vincent, un jeune trentenaire qui se laisse vivre tranquillement. Vincent est, en effet, le genre de gars qui a du mal à se projeter dans l'avenir, au grand damne de Katherine, sa petite amie avec qui il est depuis 5 années et qui aimerait bien que leur relation passe à la vitesse supérieure. Un jour, complètement ivre après une soirée avec ses potes, Vincent va faire la connaissance de Catherine, petite blonde aux formes généreuses et à la tenue légère qui est tout simplement l'idéal féminin de notre bonhomme. La demoiselle va lui fait du gringue et notre héros se réveillera finalement, le lendemain matin, à ses côtés, sans aucun souvenir de la soirée de la veille. Dans la foulée, Katherine lui annonce qu'elle est enceinte et qu'ils devraient envisager le mariage. Triple argh pour Vincent. Parallèlement, des rumeurs sur une malédiction qui toucherait les hommes infidèles et les ferait mourir dans leur sommeil commence à circuler.
On retrouve dans Catherine la marque de fabrique de la Team Persona, à savoir, deux gameplays différents selon que l'on soit en journée ou la nuit. La journée sert à enrichir le personnage. On enchaine les scènes de type visual novel dans des lieux différents, avec des personnages différents. Katherine au salon de thé, notre pote Orlando au restaurant de sushi et aux toilettes (!), notre petite bande de potes et parfois Catherine le soir au bar. Tout s'enchaine pour nous conter l'histoire, mais pas seulement. Vincent devra faire des choix, notamment dans le bar, lieu dans lequel le joueur est le plus "libre" de ses actions. On peut converser avec les gens, boire (tout plein afin d'augmenter sa vitesse dans les cauchemars), répondre à ses SMS, regarder la TV ou encore jouer au jeu d'arcade. L'intérêt de certaines actions, comme discuter ou répondre aux messages, est de faire changer son alignement, ce qui modifie légèrement le déroulement des scènes, mais surtout le dénouement final de l'histoire (8 fins différentes). A vous de voir comment vous voulez faire vivre son adultère à Vincent. Cette phase de gameplay est finalement un peu "le calme avant la tempête", parce qu'autant le dire, les cauchemars du garçon sont justement de véritables cauchemars à parcourir.
En effet, chaque nuit, Vincent va se retrouver transporter dans un monde étrange et malsain, rempli d'hommes transformés en moutons, dans lequel il s'agira d'escalader des cubes jusqu'à la sortie. Concept assez bizarre de prime abord, il s'agit surtout d'une belle métaphore qui symbolise l'ascension intérieure du personnage et sa montée en maturité. Particulièrement diaboliques dans leur conception, ces niveaux sont stressants et mettront vos nerfs à rude épreuve. Déjà, parce qu'il existe de nombreux types de blocs. Les normaux que l'on peut déplacer comme on le souhaite, les lourds que l'on déplace donc plus lentement, les fissurés qui se cassent sous nos pas après deux passages, les explosifs qui effritent ceux aux alentours, les ressors, les piégés... Ensuite, parce que la base du parcours s'effondre au fur et à mesure du temps, vous obligeant constamment à grimper. Diantre. Cerise sur le gâteau de la difficulté, chacun des niveaux se termine par un affrontement contre un boss (symbolisant généralement les peurs de Vincent). Ces boss viendront perturber votre ascension, par exemple en envoyant des projectiles qui peuvent inverser vos commandes ou tout simplement vous tuer sur le coup. Certains boss peuvent même faire changer les types de blocs en pleine partie. Joie. Le jeu est donc extrêment difficile, et même si l'on rencontre bien quelques checkpoints et qu'on l'on a la possibilité de faire des rewind (sauf en hard), vous risquez d'avoir envie de balancer la manette par la fenêtre plus d'une fois. D'ailleurs, si les contrôles sont simples, il arrive parfois que l'on ait du mal à diriger Vincent, notamment lorsqu'il est suspendu. Rien de grave, mais quelques fois il arrive que cette petite perte de temps vous soit fatale. Reste qu'au final, une fois toutes les subtilités du gameplay maîtrisées, ces phases deviennent addictives et on éprouve une certaine satisfaction à les réussir.
En dehors de l'escalade même, à chaque palier, vous allez pouvoir aider les autres moutons. Sorte de quête annexe, discuter avec eux permettra de les sauver d'une mort certaine. Enfin, tout dépend des réponses que vous leur donnerez. Vous vous rendrez compte que ces mêmes moutons sont en fait des clients réguliers du bar que vous fréquentez tous les soirs dans la vie réelle. D'ailleurs, en ce qui concerne le bar, sachez que ceux qui aimeraient pouvoir apprendre les ficelles du métier de grimpeur, sans avoir le stress du temps, y trouveront la borne d'arcade Rapunzel, qui demande juste de terminer une série de stages (128) en un nombre de coups limités.
Outre la quête principale, Catherine propose deux modes de jeux annexes : Babel et Colloseum. Le premier se compose de 4 parcours que l'on débloque en obtenant l'or sur les différents niveaux de la quête principale. A faire seul ou à deux, ces parcours sont créés aléatoirement. Le deuxième est un mode Battle pas vraiment intéressant. Le titre d'Atlus possède donc une durée de vie tout à fait correcte. Entre sa quête principale qui se parcourt en une quinzaine d'heures en normal, Rapunzel, Babel et toutes les fins à découvrir, il y a de quoi faire. Alors certes, quand on est habitué à Persona, on peut se dire que 15h pour une quête principale, c'est court, mais au vu du style de jeu et du stress engendré lors des phases de cauchemars, on se dit que c'est pile poil le temps qu'il faut. Ni trop court, ni trop long.
Techniquement, le titre flatte la rétine. Que ce soit les cinématiques ou le jeu en lui-même, le style est agréable à regarder, l'univers cohérent. De plus, l'ambiance est bonne. On passe de la déconne à l'angoisse en quelques secondes. Il en est de même pour la bande-son qui est tout aussi excellente, en mélangeant des titres de musique classique pendant les cauchemars et des titres plus modernes pendant la journée.
Si le jeu m'a particulièrement séduit, il est clair et net qu'il ne plaira pas à tout le monde. Avec sa difficulté titanesque, Catherine fait office de Dark Souls du puzzle-game et souffre donc du même problème. Extrêmement exigeant et stressant, le titre sera jugé par la plupart comme étant d'une difficulté abusive, notamment en hard. D'autre part, la relative passivité, inhérente au genre du visual novel, risque de déplaire à certains. Vous n'êtes, finalement, véritablement libre de vos mouvements que lors des phases au bar. Reste que le scénario est suffisamment bien foutu, les thèmes abordés bien traité, sans cliché, et surtout universels, pour qu'on se laisse emporter par l'histoire et que l'on veuille en voir le bout. Catherine est donc une excellente surprise. Plus qu'un simple jeu un brin coquin, c'est une belle expérience que nous livre Atlus. Pour peu qu'on surmonte sa difficulté, tout comme Vincent surmonte (ou non) ses peurs.
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Catherine (PS3/Xbox 360)
Images du jeu Catherine (PS3/Xbox 360) :
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