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Publié le Lundi 5 mars 2012 à 12:00:00 par Alexandre Combralier

 

Test Wargame : European Escalation (PC)

Quel est le calibre d'un GIAT CN-105 F-1 ?

imageNous sommes en 1975. En pleine Guerre Froide, donc. Oui mais non. Oui car, c’est vrai, il y a toujours deux gros pays et leurs copains qui se regardent droit dans les yeux en fronçant les sourcils et en faisant des grimaces pour apeurer l’autre. Non, car la Détente est alors à son apogée. La mission Apollo-Soyouz a été lancée avec succès et, surtout, les Accords d’Helsinki, suite à la conférence du même nom, ont été signés. Le monde est plutôt rassuré, on est presque dans une ambiance Paris-Plage un après-midi ensoleillé d’août. Et puis paf, un bête soldat est-allemand, Werner Weinhold, déserte à l’ouest en tuant deux gardes-frontières. Jusque-là, on reste dans le domaine de l’Histoire. Là où l’on commence à dévier un petit peu, c’est quand les dirigeants Est-allemands demandent à leurs homologues de l’Ouest l’extradition de cet empaffé de Werner, sorte de Gavrilo Princip (allez hop, point culture) des seventies. Bonn refuse. Une crise diplomatique éclate entre la RFA et la RDA ; puis cette crise dégénère en accrochages frontaliers ; "escalade" oblige, l’état de guerre est enfin déclaré et, par le jeu des alliances, les deux blocs rentrent en guerre.

Quand on dit Troisième Guerre mondiale, on pense tout de suite à apocalypse nucléaire, fin du monde et survie de quelques spécimens humains en Antarctique à l’origine du futur homo pinguinis. Mais pas dans Wargame : European Escalation (heureusement, sinon il n’y aurait pas eu de jeu). Pour une raison que je qualifierais de compréhensible (éviter la destruction de toute civilisation, les inférieures comme les supérieures), l’arme atomique ne sera pas employée ; elle est d’ailleurs absente de Wargame : European Escalation, et on ne va pas s’en plaindre. Non, finalement, cette Troisième Guerre mondiale prend la forme d’une bonne vieille guerre conventionnelle.

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screenLe décor est planté, on peut désormais partir à la guerre. La première chose à dire au moment d’aborder le gameplay de Wargame : European Escalation est... qu’il ne s’agit pas d’un Wargame. Ben non. Pour moi comme pour tout le monde, un Wargame, c’est un jeu de « grand stratégie » où l’on ne voit qu’une grande (et moche) carte du monde, et où les affrontements se résolvent de manière automatique et surtout ne constituent pas l’intérêt du jeu. Wargame : European Escalation est en fait un STR, un jeu de stratégie en temps réel. « Grand stratégie » face à simplement « stratégie » : dans le jeu, on dirige les unités sur un terrain d’opération bien précis, directement, en temps réel et les affrontements sont au cœur du gameplay. Il y a donc tromperie sur la marchandise, il y a donc publicité mensongère. Allez hop, 2 sur 10 pour la peine. On plaisante. Wargame : European Escalation a bien sûr de nombreux arguments à faire valoir. A commencer par sa profondeur incroyable.

screenContrairement à RUSE, dernier jeu des Français d’Eugen Systems, qui était aussi sorti sur consoles, Wargame : European Escalation est une exclusivité PC. Un signe annonciateur. Wargame : European Escalation annonce la couleur : on n’est plus là pour se marrer, on est entre hommes, entre joueurs de PC. Aucune concession, aucun compromis. Wargame : European Escalation est, vous l’aurez compris, un jeu hardcore. Et permettez-moi d’insister sur « hard ». On le voit rien qu’à l’écran d’accueil, sobre, peut-être austère, mais surtout « professionnel ». On le comprend encore mieux en s’aventurant dans l’immense base de données du jeu. Chaque arme, chaque véhicule, chaque brindille d’herbe (ou presque) a droit à sa fiche de caractéristiques dédiée. Et des caractéristiques, il n’y en a pas qu’un peu. Il va falloir apprendre à manier tout cela, à apprendre presque par cœur le blindage de toutes les nombreuses unités de tanks disponibles. Des unités, il y en a d’ailleurs des centaines, des inamovibles tanks en passant par l’infanterie ou les hélicoptères (mais pas de navires ou d’avion). Tout cela nous arrive de moult contrées, qu’elles soient du côté de l’Oncle Sam (on pourra donc, ô bonheur, manier des chars AMX français !) ou de « l’Ursse » (à vous les joies des matériels polonais ou tchèque !). Plein d’unités (361 au total). Partout. A tel point que ça peut faire peur, que ça peut choquer. L’un des développeurs parlait de « pornographie militaire ». Âmes sensées s’abstenir.

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screenWargame : European Escalation n’est pas à proprement parler une simulation ultra-complète (ce ne serait alors plus un jeu), mais reste l’un des titres les plus réalistes dans son genre. Bien sûr, le joueur rompu aux parties de RUSE retrouvera des mécanismes similaires, mais, dans l’ensemble, tout est rendu plus complexe, ou plutôt plus profond. Il y a des tonnes et des tonnes de paramètres à gérer. Le moral de vos unités est très important (les balles qui passent à leur portée, même sans les toucher, deviendront votre meilleur ennemi). Leur placement, encore plus. La règle de base est qu’un tank, par exemple, ne peut pas tirer en roulant (ou alors, en ratant sa cible, à moins d’avoir des stabilisateurs dernier cri et hors de prix) : il faut donc le positionner de manière à avoir un champ de tir le plus top qui soit. Il est impossible encore de jouer sérieusement sans employer méticuleusement ses unités de reconnaissance (ce qui est pour le coup un peu lassant à la longue). Et plein d’autres choses encore sont à gérer (le carburant, les munitions, le type de blindage…). Chaque unité a évidemment ses forces et faiblesses qu'il s'agira de prendre en compte. Vous envoyez des héliocoptères en reconnaissance ? Attention, ils sont des proies faciles pour n'importe quelle batterie AA. La moindre erreur se paie cash (en multijoueur au moins). Chaque partie a une intensité qui ne laisse pratiquement pas de moment de distraction. Le joueur, au début, est en terrain hostile.

screenLe terrain, justement, a, encore plus que dans RUSE, une importance stratégique primordiale. Je n’ai pas besoin, d’abord, de vous expliquer l’intérêt qu’il y a à tirer parti du relief ou de la topographie (on peut se cacher dans les forêts, ce que par ailleurs l’I.A. fait à merveille). Ensuite et surtout, le contrôle du terrain est déterminant dans la réussite du seul objectif final en multi (détruire un certain nombre d’unités adverses). Dans Wargame : European Escalation, on joue sur des cartes ma foi assez gargantuesques, divisées en régions précises. Certaines (aux noms de code comme « Alpha » ou « Delta ») sont des zones spéciales, contrôlables en y sécurisant des bien frêles unités de commandement et offrant l’indispensable carburant mais aussi un flux continu de points au joueur. Ces points pourront être utilisés en cours de partie pour appeler des renforts, faisant partie des mêmes unités qu’il faut choisir dans son deck en début de partie. L’idée est donc de prendre bien soin de ses unités de départ en subissant le moins de pertes possible.

Le moteur graphique du jeu permet de donner un sens nouveau aux affrontements. On l’a dit, la taille des cartes est impressionnante (et du coup, le déplacement en temps réel des unités, parfois un peu trop long). Heureusement, le zoom de la molette permet en un instant de passer d’une vision au ras du sol à une vision panoptique, surplombant tout le champ de bataille avec les unités signalées par des simples noms dans des rectangles de couleur. On passera finalement peu de temps dans le zoom le plus rapproché, ou alors juste pour admirer notre obus finir sur la gueule du tank d’en face.

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screenPuisqu’on parle du moteur graphique, on pourrait penser que, puisqu’il s’agit d’une simulation pointue, le jeu est forcément moche. D’accord, Wargame : European Escalation est loin d’être une claque, mais la qualité graphique dans l’ensemble est tout à fait honorable. Il s’agit là d’une version améliorée du moteur de RUSE (sorti en septembre 2010). Le jeu n’aura donc paradoxalement pas besoin d’une configuration de l’US Navy pour bien tourner. Gros point noir cependant, le clipping est beaucoup trop prononcé et voyant. La fluidité de l’ensemble est d’ailleurs assez remarquable, y compris en ligne.

Et heureusement. Car, comme dans RUSE, la campagne solo, c’est bien gentil (quoique… la difficulté y est relevée), mais le cœur du jeu, c’est bel et bien l’affrontement entre deux (ou huit au maximum) intelligences humaines. L’expérience peut donc évidemment varier selon l’adversaire rencontré.. Si aucune partie ne se ressemble, reste que chacune d’entre elles a tendance à durer beaucoup trop longtemps, à défaut d’abandon de la part du joueur se sachant condamné à la défaite. Sur les serveurs, un bon d’état d’esprit semble heureusement régner. Mais autant prévenir : on n’est pas dans le monde des Bisounours ; l’apprentissage sera rude (d’où l’utilité de la campagne solo).

screenWargame : European Escalation ne fait donc pas beaucoup de concessions. S’il en fait, c’est pour se concentrer encore plus sur les affrontements militaires proprement dits. Ainsi, on ne trouve pas de gestion de « ruses » ou de ressources (mais la logistique reste bien présente). L’essentiel est ailleurs et tient en une question : comment pourrais-je aborder l’affrontement dans les meilleurs conditions possibles ? On ne fait certes pas un bon jeu simplement en le rendant complexe. Le soft fait partie de ces titres si difficiles à évaluer, puisque la qualité de votre expérience répond d’abord de la contingence propre au multijoueur et du caractère de chaque joueur (saurez-vous vous amuser avec un jeu ultra-pointu ?). Au point de vue du potentiel, alors, Eugen Systems a livré toutes les armes en main aux férus de stratégie militaire pour qu’ils puissent s’éclater (à ceci près qu'on aurait aimé avoir plus de 11 cartes Escarmouche). Sur ce terrain, Wargame : European Escalation surclasse World of Conflict, qui date de toute manière de plus de quatre ans. Rien que pour cette situation de quasi-monopole, le jeu mérite une bonne note.

screenClemenceau disait : "La plus petite unité de poids est le milligrame, la plus petite unité de longueur est le milimètre et la plus petite unité d'intelligence est le militaire." Pour le coup, le con qui fonce tête baissé, dans Wargame : European Escalation, finit K.O. en moins de cinq minutes. S’il y a un plaisir dans Wargame : European Escalation, c’est bien celui du détail. Tout le défi est de répondre au rythme effréné de la partie avec le maximum de recul et de considération possible. Une guerre permanente contre les conditions, voilà ce qu’est Wargame : European Escalation. Pour y prendre goût, il faut aussi savoir accepter de ne faire aucune concession. La guerre sera complexe ou ne sera pas.

Et sinon, le calibre d'un GIAT CN-105 F-1 (équipant les chars AMX-30), c'est 105 mm. Si vous voulez vous en sortir en online, il vaudrait mieux le savoir. Je plaisante. Quoique...

 
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Wargame : European Escalation (PC)

Plateformes : PC

Editeur : Focus Home Interactive

Développeur : Eugen Systems

PEGI : 16+

Prix : 40 €

Aller sur le site officiel

LA NOTE

LA NOTE DES LECTEURS

note 8/10

 

 

Images du jeu Wargame : European Escalation (PC) :

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