Publié le Mercredi 13 juillet 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Alma fait le pont
Alma revient. Et tel un pilier sous un pont encastré dans la tête d’une princesse, elle a décidé de se payer des rivières de sang et de tripes.
Ce nouvel épisode de FEAR est cette fois-ci développé par Day 1 Studios et non plus Monolith. Pour info, Day 1 s’occupait des portages sur consoles du jeu. On aurait pu se dire que, du coup, ils connaissaient leur sujet. Force est de constater qu’ils ont raté l’écrit, l’oral et le rattrapage. Pas certain, pour autant, qu’on les autorise à repiquer. On aurait tendance à leur conseiller de changer de branche, pour le coup.
Mais commençons pas le commencement. Vous y en a être Point Man. L’un des rejetons psychopathes d’Alma. Vous avez gentiment flingué votre frère, Paxton Fettel qui, du coup, a décidé de revenir en qualité de fantôme. Un fantôme qui n’hésite pas à venir posséder le corps d’ennemis. Et, pas rancunier pour un sou, il vous libère des soldats d’Armacham et décide de vous accompagner un bout de chemin. Un bout de chemin sanglant.
Oubliez l’ambiance flippante, les sursauts, la peur de l’obscurité, ou même les apparitions d’Alma qui vous collent le trouillomètre à zéro. FEAR 3 est un FPS ultra-violent, mais sans une once d’horreur ou de peur. Oh, ce n’est pas forcément ce que les développeurs ont voulu, hein, mais le résultat atteint par le jeu. Les flashbacks, les hallucinations… rien ne vous vaudra un seul sursaut, une seule goutte de sueur, une seule incontinence urinaire.
La faute, en fait, à une narration bâclée et des niveaux vraiment pas inspirés et, surtout, sans lien les uns avec les autres. Vous allez traverser la prison, les égouts, un bidonville, un centre commercial et j’en passe, dans des environnements globalement… lumineux. Et avoir la frousse en pleine lumière, c’est assez difficile. D’autre part, les niveaux sont comme une sorte de toboggan géant : tellement façonnés en couloirs, tellement dirigistes, tellement rapides à parcourir, qu’on a une vague impression d’être trimballé d’un endroit à un autre sans lien, sans corps, sans âme. Et les quelques embranchements sont là pour vous mener à des objets ou indices bonus. Si vous les ratez (si vous prenez directement la bonne direction), notez que vous ne pourrez que très rarement revenir sur vos pas : la plupart du temps, les portes se ferment définitivement derrière vous…
Résultat, le level design est franchement lassant, peu inspiré, peu intéressant. D’autant plus qu’il est de ce genre qui regorge de portes fermées que vous tenterez- en vain- d’ouvrir, avant de trouver la bonne. Il y a des tas de bidons, certains explosifs, des tas de blocs derrières lesquels se planquer, un peu comme si le chemin avait été fait par vos ennemis pour vous permettre de vous mettre à couvert facilement…
Les niveaux s’enchaînent sans passion, sans véritable lien les uns avec les autres, passant d’un décor à un autre sans comprendre pourquoi. Le rythme est soutenu, les ennemis nombreux et la difficulté, particulièrement faible. En fait, pour tout vous avouer, je m’ennuyais tellement dès le deuxième niveau que j’ai décidé de continuer le jeu en tirant le moins de coups de feu possible, et en me jetant sur les ennemis pour les abattre au corps à corps uniquement…
Il faut dire qu’ils sont particulièrement stupides. Ils ne cessent de courir d’un point à un autre, de s’appeler, de donner des indications sur là où ils se trouvent, sur ce qu’ils font… se mettant souvent à découvert. Il suffit de les aligner… ou de les contourner pour les tuer au couteau. Cela dit, au bout du troisième niveau bouclé, j’en avais déjà ma claque…
Graphiquement, le jeu est assez moyen. Pas mal de textures très moches, décors répétitifs… pas de quoi s’extasier, loin de là. De la même manière, l’animation des ennemies est très perfectible.
Par contre, si FEAR 3 rate complètement le coche question trouille, il met le paquet sur l’hémoglobine. On démembre, on éviscère, le tout dans de belles gerbes de sang qui éclaboussent les murs. On peut, sur les vivants comme sur les morts, éclater une tête, déchiqueter une jambe, éparpiller un corps d’un seul coup ou par petits bouts.
De la même manière, si le solo est franchement raté et ne vaut pas un pet de lapin, le multi, lui, a quelques atouts non négligeables.
Tout d’abord, il est possible de jouer en coop. L’un joue Point Man, l’autre Paxton Fettel. En écran splitté ou en ligne. Si malheureusement la difficulté, déjà pas bien importante au demeurant, en est d’autant réduite, le jeu gagne malgré tout en fun. Les pouvoirs de Paxton, à soulever les ennemis pour que Point Man les shoote, ou à prendre possession d’un adversaire, sont complémentaires avec le tout-action de son frangin et avancer en duo est assez sympathique.
Les modes multi purs et durs sont aussi à mettre au crédit du jeu. Quatre modes sont disponibles : le mode Contractions, demande de protéger un lieu des invasions de clones et zombies. Le mode Survivant d’âme dans lequel les joueurs se font corrompre un à un par l’IA ou leurs anciens camarades et deviennent à leur tour des spectres. Le dernier joueur converti a gagné.
Le Roi des Âmes vous place dans la peau de spectres qui doivent collecter un maximum d’âmes. Et pour finir, le mode Course Démente vous plonge dans une cours endiablée à tenter d’échapper à un mur de brume, tout en shootant les ennemis sur votre chemin.
Des modes assez réussis, plutôt funs, qui finalement constituent le véritable – et seul – intérêt du jeu. Malgré tout, à trois cartes seulement par mode, on en a vite fait le tour.
Pour conclure, ce FEAR 3 est tout de même une belle déception. Le solo est plat, linéaire, inintéressant, et a transformé l’épouvante en un simple shoot sanguinaire. Moche, perclus de défauts, le seul véritable intérêt du jeu réside finalement dans son multi, franchement réussi mais trop restreint en termes de cartes pour pouvoir justifier un achat à lui-seul. On passera donc son chemin, c’est plus prudent.