Publié le Mardi 29 mars 2011 à 12:00:00 par Tristan Bories
Salade de poulpes
L’apocalypse est arrivée ! Crysis revient enfin devant nos yeux ébahis pour le meilleur mais aussi, disons-le, pour le pire.
Pour ce nouvel opus, direction New York, la capitale du « Monde Libre » et surtout la cible préférée de nos amis les aliens. Vous y incarnez Alcatraz, un soldat de la Marine repêché à moitié mort par un certain Prophète. Celui-ci vous a choisi (vous et personne d'autre) pour prendre sa relève et revêtir la précieuse nano-armure afin de poursuivre son combat contre les envahisseurs.
Le jeu n'a même pas commencé depuis dix minutes que le gros (l'énorme) point noir du jeu pointe déjà le bout de son nez. Le scénario. Mais pourquoi donc, putain de saloperie de bordel à cul de merde, nous donne-t-il son armure ? Pourquoi à nous, un pauvre soldat que la mort est sur le point d'étreindre et dont le corps maculé de sang gis sur une plage ? Réponse : Parce que.
Heureusement que les graphismes sont là pour faire passer la pilule. Car autant le dire tout de suite, Crysis 2 est bel et bien le jeu le plus beau auquel j'ai eu l'occasion de jouer. Au diable les fanboys qui me diront que Crysis premier du nom était plus beau, et que patati et patata. Voir Crysis 2 tourner au maximum (je joue sur pc), c'est juste un truc à vous arracher la rétine pour venir vous la coller tout au fond du cerveau. Le nouveau CryEngine 3 nous en met plein les mirettes et retransmet avec brio l'apocalypse new-yorkaise. J'ai eu beau chercher, écumer les niveaux à la recherche de textures un peu sales, rien. La modélisation, aussi bien des personnages que des décors, s'approche de la perfection. Ce qui alimente d'autant plus un sentiment de frustration lorsque l'on se penche sur le reste.
Au niveau du gameplay tout d'abord, il semble que tout a été fait pour plaire au plus grand nombre. On regrettera la disparition des « véritables » modes de combats chers à Crysis. Fini le passage en mode super vitesse qui permettait de traverser les camps infestés de Coréens à toute allure. On peut désormais courir tout le temps, mais moins vite. Fini également le mode super force, puisque celui-ci est disponible à volonté sans changer de type d'armure. On peut ainsi à tout moment renverser une voiture pour s'en faire un abris ou encore faire des bons de plusieurs mètres. Le mode furtif a quant à lui été poussé à l’extrême. L'augmentation de sa durée enlève beaucoup à son coté stratégique, si bien que l'on peu très bien passer la totalité du niveau sans jamais se faire repérer. Et c'est bien dommage.
Au fur et à mesure des missions, vous pourrez améliorer la combinaison nano avec quelques bonus : plus résistante, plus rapide... ces optimisations complémentaires vous donneront un avantage temporaire lors des combats ou des infiltrations.
Les assauts se résument désormais à deux stratégies. Soit on fait dans le « sonore et le dégueulasse » comme disait ce cher Marv dans Sin City, soit on fait le fourbe. Et puis au cas où certains n'auraient pas assez de neurones pour choisir entre l'une des deux, une aide est disponible au début de chaque combat. Histoire que le joueur ne soit pas trop perdu au milieu des couloirs. Car oui, Crysis 2 est un jeu couloir. On nous ordonne de nous rendre du point A au point B et d'y subir de temps en temps quelques cut-scènes somme toute assez agréables. Vous n'aurez plus la liberté de faire le tour en passant par le rivage ou encore une rue adjacente, puisque tout est fait pour que vous suiviez une route prédéfinie.
Du coté des ennemis, ils se divisent en deux catégories. Il y a des Marines (ceux qui creusent) et des poulpes aliens (ceux qui ont un phaser laser chargé). Ne me demandez pas pourquoi on se bat contre des Marines en pleine invasion extra-terrestre, une situation où « normalement », tout le monde est du même coté, puisque le scénario a eu raison de moi. Dites-vous : Parce que. C'est comme ça, un point c'est tout.
Alors si les humains sont plutôt faciles à tuer, il en sera autrement de nos amis les poulpes. Peut-être ont-ils eu vents de certaines recettes de cuisine chères à nos amis les Grecs (miam!), mais le fait est qu'il sont foutrement bien armés et résistants. Ne lésinez pas sur les cartouches avec ces bêtes là, et surtout contre les boss.
J'ai noté quelques bugs sur la version pc, comme le C-4 qui s'accroche dans le vide, à deux mètres du monstre. Ou encore des voix qui résonnent à l'infini. Mais rien de très grave ou même de dérangeant pour le déroulement du jeu.
Pour ce qui est du multijoueur, avouons qu'il reste très classique. Un système de points d’expériences vous permet d'augmenter les caractéristiques de votre armure ainsi que vos armes. Les modes habituels sont disponibles, comme la capture du drapeau ou encore le deathmatch. Rien d'extraordinaire en soit.
Alors qu'on se le dise, Crysis 2 n'est pas une grosse daube, loin de là. Mais il pourra néanmoins décevoir des aficionados du premier opus avec ses partis pris radicaux et son scénario bancal. Pour les autres, il restera un FPS visuellement grandiose et spectaculaire, sans pourtant être inoubliable.
J'ai pour ma part passé un agréable moment sur ce jeu, bien qu'il soit de courte durée. Comptez en effet 8 heures (et je suis gentil) pour en venir à bout. C'est dans la moyenne, mais c'est toujours peu pour un titre qui se vend à près de 70 euros sur consoles.
Le contre-avis de Cedric |
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Pas de doute, je suis globalement d'accord avec Tristan. Dans le sens où Crysis 2 souffre de ce que j'appelle, personnellement, le syndrome Jurassic Park. Le film était impressionnant, à l'époque. Pensez-donc : voir des dinos comme en vrai, bouger, pousser des cris... c'était saisissant. Oui, certes, mais doté d'un scénario creux, le film était quand même très décevant. Là, c'est la même chose : graphiquement, quelle claque ! Crysis 2 est tout bonnement splendide. Dommage qu'un scénario obscur et, somme toute, pas spécialement divertissant, vienne gâcher la fête. Le côté "couloir" est aussi omniprésent et, même si on a parfois plusieurs chemins disponibles, il reste étouffant, surtout quand, rebroussant chemin pour une quelconque raison, puis repartant de l'avant, on se rend compte que certaines escouades ennemies ont réapparu en raison de scripts douteux...
Ajoutez à cela de très nombreux bugs, plutôt impardonnables, le fait que les corps de vos ennemis tombent parfois dans des positions totalement ridicules et surtout improbables pour des cadavres... il y a de quoi en vouloir à Crytek.
Malgré ses nombreux défauts, le jeu garde toutefois un petit "je-ne-sais-quoi" de plaisant et de grisant. On peut surtout y jouer de différentes manières, voire les mixer, pour varier les plaisirs. Y aller frontale et massacrer tout le monde, jouer avec l'invisibilité pour tuer les ennemis un à un (ma prérérée), on carrément les éviter... c'est chacun son truc.
Bref, décevant pour tout un tas de raisons, notamment parce que le premier Crysis était un modèle et que celui-ci lui est inférieur, mais qui apporte quand même son lot de plaisirs et de défis.
D'autre part, j'ai été plus séduit (ce qui explique sans doute la note un poil supérieure à lui) par le multijoueur que Tristan. Pour la simple et bonne raison que je trouve le level design des cartes particulièrement réussi.
A noter également que, pour avoir essayé le jeu en 3D (sur PC et Xbox 360), cela rajoute en immersion, ne souffre d'aucun ralentissement et en met encore plus plein la vue.
Il y a donc du bon, quand même, à prendre dans ce Crysis 2. |
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