Publié le Mardi 5 octobre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
[Test] FIFA 11 (Xbox 360/PS3)
Gazon maudit
On l’attend, immuable, comme l’arrivée des hirondelles, le Beaujolais Nouveau ou le chocolat de Pâques. Electronic Arts nous livre cette année encore sa nouvelle version de son jeu de foot culte, FIFA. Reste à savoir si, comme le Beaujolais Nouveau, il va vous coller un mal de crâne de tous les diables ou si, comme le chocolat de Pâques, il y a de quoi friser l’indigestion.
Pour le coup, je n’ai pas spécialement envie de m’étaler sur la robe du jeu. FIFA 11 est un jeu de foot. LE jeu de foot en termes d’options et de base. Des centaines d’équipes, des milliers de joueurs, issus des plus importantes ligues de foot de la planète (Calcio, Premier League, Ligue 1, Bundesliga, Liga…). Quelle que soit votre équipe favorite, elle s’y trouve forcément. Avec les vrais joueurs, leurs vrais noms et, pour les plus célèbres d’entre eux, leur vraie apparence. Ajoutez quelques secondes ligues qu’il n’y a pas si longtemps, nous appelions Division 2, nous, les vieux. Ajoutez des équipes du monde entier, venues d’Amérique du Nord, Amérique Latine ou autres. Ajoutez des équipes Nationales. La base de données de FIFA est une nouvelle fois complètement monstrueuse. Chaque joueur est notamment défini selon tout un tas de critères de compétence : tir, vitesse, dribble, tacles et j’en passe. Et, cette année, ils sont « encore plus réalistes » grâce au mode « Personality + » qui vous colle, finalement, la personnalité réelle d’un jour à son avatar virtuel du jeu.
Bon, pour la petite anecdote, il faut vraiment le savoir pour s’en rendre compte : entre nous, durant les nombreuses parties que nous avons fait, nous n’avons aperçu strictement aucune amélioration à ce niveau…
FIFA ne s’arrête pas là. Vous pouvez jouer un match rapide, une saison entière, plusieurs saisons, des coupes, devenir entraîneur, entraîneur-joueur, créer un joueur et le faire progresser sur plusieurs années, jouer toute l’équipe, jouer un seul joueur dans le match… et là encore, j’en passe et j’en oublie.
Enfin, FIFA est beau. Superbe, même. Joueurs réalistes, mouvements réalistes, animations réalistes, ambiance de folie dans le stade, vrais chants des supporters, détails impressionnants… C’est bien simple, les matches sont un vrai régal visuel. C’est, sans contestation possible, le plus joli jeu de foot. Et chaque année, Electronic Arts s’améliore un peu plus. De près, de loin, les joueurs sont superbement modélisés.
Bref, côté enrobage, ce FIFA 11 est une nouvelle fois une vraie tuerie. Et je veux vraiment insister là-dessus. FIFA est unique en son genre : ultra-complet et beau à pleurer.
Maintenant, un peu comme quand on achète une voiture d’occasion fraîchement repeinte, et même si elle est toute option, il faut soulever le capot pour voir si on ne vous a pas collé un moteur de R5 dans une Lamborghini, et si les différentes pièces de carrosserie ne se tiennent pas entre elles avec du chatterton.
Depuis ces dernières années, et plus fortement sur FIFA 10, j’ai une dent contre EA Sports. Parce qu’avoir un tel enrobage, justement, et nous livrer un jeu aussi imparfait et bêtement gâché par de grossières erreurs de développement relève simplement du crime de lèse-majesté. Et au passage, mériterait quelques bonnes baffes dans la gueule. Sur FIFA 10, les sorties hasardeuses des gardiens, les coups d’épaules qui vous giclent à dix mètres, l’arbitrage trop sévère (et trop laxiste sur les coups d’épaule), le placement des ailiers, le placement des avants sur les centres… il y avait un nombre de lacunes incroyable qui, à mon sens, plombaient le jeu de manière grotesque. D’autant plus que, personnellement, je joue beaucoup par débordements sur les ailes et que, du coup, l’IA catastrophique des attaquants était un frein énorme à mon style de jeu. Ça, plus le jeu bien trop assisté à mon goût, qui transformait FIFA en jeu pour handicapés de la manette.
La démo de FIFA 11 laissait présager du meilleur : ailiers pas encore au point mais avec une nette amélioration par rapport à l’année passée, avants mieux placés, plus de coups d’épaules, gardiens mieux gérés… bref, j’attendais avec impatience la version finale. Avec impatience, mais avec une grosse réserve toutefois : EA Sports sont réputés pour livrer des démos alléchantes et rajouter tellement de trucs sur les versions finales que ça vous pourrit une bonne base de jeu.
Et donc, FIFA 11 est arrivé à la rédaction.
Et donc, EA Sports est fidèle à lui-même. Oui, le jeu final est moins intéressant et moins réussi que la démo. Un comble. Et encore une furieuse envie de prendre un développeur pour frapper sur les autres jusqu'à ce que mort s’en suive.
Alors soyons honnête, toutefois : il y a du mieux. Déjà, les gardiens ne sortent plus n’importent comment. C’est une bonne chose de ne plus les voir partir se promener sur les ailes si un ballon vient y mourir. Seul petit problème, parfois, ils ne sortent plus du tout. A plusieurs reprises, même en appuyant comme un goret sur le bouton pour le faire sortir parce qu’une balle dangereuse arrivait dans la surface et qu’il avait le temps d’aller l’intercepter, pépère préférait rester au chaud dans sa cage. Con à manger des bananes.
Autre gros changement et ça, c’est vraiment une formidable nouvelle, les coups d’épaule sont moins présents, moins grossiers, moins handicapants. Plus réalistes, en somme. Dieu soit loué. Le jeu n’en est que plus agréable.
Enfin, le jeu est nettement moins assisté. En mode « Assisté » ou « Semi-Assisté », on a plus l’impression de jouer que dans la version de l’année passée où c’est le jeu qui décidait vraiment de la direction, de la force et du joueur à qui vous passiez le ballon. On est enfin redevenus maîtres de son propre jeu, de son équipe. Et ça, c’est bien. Mieux. Bien mieux.
Mais tout n’est malheureusement pas rose au pays de FIFA 11. En fait, le jeu n’est pas vraiment agréable. Moindre spectacle, moindre plaisir. Trop de phases de jeu se déroulent au milieu de terrain. La faute à une touche A sur Xbox ou X sur PS3, bien trop efficace en défense. Utilisée pour prendre la balle à l’adversaire, elle est totalement redoutable. Et souvent, même dans des positions totalement improbables (et physiquement impossibles), vous réussirez à piquer le ballon à l’attaquant adverse. Résultat, le jeu se transforme en tricot. Et on se retrouve avec des parties où chaque équipe n’aura tiré au but que deux à quatre fois durant le match. Il y a vraiment énormément de ces « je te prends la balle, tu me prends la balle, je te la reprends, tu me la reprends » qui cassent le rythme et hachent le jeu. Sans parler du fait qu’il est encore plus simple d’intercepter une passe, notamment quand l’attaquant attend la balle au lieu d’aller vers elle.
En fait, il faudra maîtriser à un niveau important les dribbles pour espérer passer quelques défenseurs et faire la différence. Et encore… sans aucune garantie de réussite. Et notez que les dribbles sont coton à gérer et pas forcément à la portée du premier joueur venu, du gamer occasionnel, du papa qui joue une fois la semaine avec son fiston.
Ajoutez à cela une physique de balle mollassonne et lourde, et des contres qui parfois giclent à dix mètres sans raison apparente.
Ajoutez encore des ailiers qui ont toujours du mal à prendre les couloirs.
Et terminez par un jeu lent. Les joueurs sont toujours aussi lourds et le jeu nettement moins rapide et percutant qu’un PES, par exemple.
On finira par parler multijoueur. FIFA se vente de faire jouer 22 joueurs. En théorie, c’est effectivement sympa. Même de jouer le gardien (le jeu est tellement lent qu’en fait, vous avez le temps de voir venir la balle). En pratique, il est excessivement difficile de trouver un match sympathique, bien joué, et non pas 20 chiens qui se précipitent tous vers la balle dans une bataille rangée insipide, sans garder son placement. On se retrouve donc face à 10 attaquants dans chaque équipe. Ridicule.
Mieux vaut donc privilégier les matches à quatre maximum, plus funs, plus agréables.
Au final, si je devais comparer FIFA à une autre récurrence annuelle, je choisirais le Beaujolais Nouveau. Et cela n’a strictement rien à voir avec la réputation de certains journalistes d’avoir le lever de coude bien huilé, puisque, permettez du peu, nous savons nous en tenir aux bouteilles de qualité et autres millésimes.
Non, en fait, le Beaujolais Nouveau et FIFA ont de très nombreux points communs, malgré leurs évidentes différences : On le retrouve chaque année, à la même date, tout le monde se rue dessus, tout le monde s’extasie, c’est un succès colossal, mais au final, le soufflé retombe bien vite de par une qualité finalement assez moyenne. Et les deux sont à consommer avec modération, bien entendu.
Ce nouveau FIFA est donc une déception. Parce que l’enrobage est toujours plus soyeux, plus éclatant, plus superbe. Mais au final, le jeu en lui-même reste imparfait, mal balancé, et se voit cassé par deux ou trois choix totalement discutables de la part des développeurs, qui oublient finalement que le joueur veut du spectacle et du beau jeu, parfois au détriment d’un certain réalisme.
Alors bon, ce n’est pas un mauvais jeu, hein. Loin de là. Et personnellement, je le ressortirai certainement à l’occasion, lors de passages de quelques amis. Mais c’est très loin d’être LE jeu de foot ultime que l’on attend. Encore une fois. Et cette attente commence à être longue, et les déceptions pénibles.
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FIFA 11 (Xbox 360/PS3)
Plateformes : Xbox 360 - PS3
Editeur : Electronic Arts
Développeur : EA Sports
PEGI : 3+
Prix : 65 €
Images du jeu FIFA 11 (Xbox 360/PS3) :
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