Publié le Mardi 28 septembre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Attendu comme le Messi
Un peu à l’image du PSG et de l’OM, de l’Inter et du Milan AC, de Manchester City et United, et j’en passe, le foot a toujours aimé s’offrir des rivalités. On passera sur le côté crétin et éminemment débile des fans exclusifs au QI de moule pour dire que cette rivalité n’a pas épargné les jeux vidéo. D’un côté, Fifa. De l’autre, PES.
Et en cette bonne vieille année 2010, les deux jeux sortent à la même date.
Personnellement, j’ai toujours bien aimé les deux, quitte à me faire jeter des cailloux par les supporters de chaque camp. Je confesse toutefois une nette préférence pour PES l’année dernière (je sais que beaucoup ne partagent pas mon avis mais les coups d’épaule qui vous giclent à 15 mètres et les ailiers qui ne prennent pas les couloirs ont achevé de me faire détester Fifa 10).
Reste que la série Fifa cartonne et a détrôné PES au niveau des ventes de jeux dans l’hexagone. Plus beau, plus graphiquement réaliste, plus complet aussi, il a su largement séduire les foules.
En attendant la mouture 11 du jeu de foot d’Electronic Arts, nous avons déjà reçu PES 2011 et nos manettes ont déjà été usées à force de débordements, centres, patates de 30 mètres et tacles au niveau des genoux. De quoi, donc, vous en proposer un test.
Lorsque le coup de sifflet de l’arbitre retentit, on peut se rendre compte que Konami a fait de nombreux efforts au niveau de l’esthétisme. Si Fifa reste un cran au-dessus, l’animation, la fluidité, et la qualité des détails sont très satisfaisants : c’est joli, bien foutu et assez réaliste. Les joueurs bougent bien sur le terrain, les gestes sont de vrais gestes de football et on n’a pas l’impression de diriger une équipe de robots.
La physique de balle a également été améliorée. Si les contrôles sont encore parfois un peu anarchiques et que les joueurs ont tendance à envoyer le ballon trop loin d’eux ou à faire un geste qui s’apparente plus à un contre qu’à un contrôle, il y a quand même du mieux et on apprend aussi rapidement à orienter et position du joueur et stick de la manette pour que la balle soit mieux contrôlée et moins perdue.
Ce que j’ai aimé dans la partie : la rapidité du jeu. Le rythme. Les parties sont endiablées. Ça fuse de partout. L’attaque a clairement été privilégiée et rares sont les matches plats et sans tir. Attention, ça peut arriver. On peut toujours bloquer l’adversaire au milieu de terrain et soi-même ne pas réussir à construire une attaque digne de ce nom. Certains matches peuvent être chiants comme la mort. Mais ce sera totalement la faute du joueur et non pas du jeu. Les joueurs sur le terrain, eux, se donnent à fond. Ils créent des ouvertures, bougent, tentent des choses même si on ne les contrôle pas… C’est vivant, quoi.
J’ai aimé aussi les frappes. Il ne faut pas forcément frapper comme un bourrin. Certaines petites frappes, bien placées, se perdent dans la lucarne ou le petit filet. Et sinon, elles ne sont pas forcément faciles à exécuter. Mais quand vous collez la patate, vous avez bel et bien l’impression d’une frappe lourde et puissante.
Les passes sont également bien vues. Semi-assistées, elles n’hésiteront pas à se perdre si vous n’appuyez pas dans la direction d’un joueur. Il faut aussi gérer leur puissance. Quand on est habitué à Fifa qui vous envoie la balle directement vers un joueur de votre équipe, même si vous la dirigiez dans une autre direction, ça fait vraiment du changement : ici, les ballons perdus peuvent être légion, tout comme les corners ou touches concédées.
Bien entendu, il y a encore tout un tas de petites choses à améliorer. Certaines un poil pénibles. Jamais complètement frustrantes (quoique…) parce qu’on peut toujours construire son jeu, mais parfois stupidement pénalisante. Les ailiers tardent à prendre les ailes lors d’attaques ou contre-attaques. Ils le font mais il faut un peu leur forcer la main. Les milieux, eux, ont le même problème pour aller au centre. Il y a donc beaucoup de centres perdus qui filent en touche du côté opposé.
Les gardiens, plutôt bons, ne sont tout de même pas exempts de défauts : lorsqu’ils relâchent la balle, ils mettent du temps à se replacer et le font pas forcément au bon endroit. On prend donc souvent des buts sur ces erreurs. Cette lenteur de replacement est également visible sur les attaquants qui ont beaucoup de mal à revenir d’une position de hors-jeu…
Les défenseurs latéraux ont aussi beaucoup de mal sur les corners et se laissent facilement contourner par les attaquants, leur offrant une belle position pour faire une tête et marquer.
Petit bémol aussi au niveau du système d’assistanat : évitez de jouer en mode « sélection du joueur assisté ». Il sélectionne automatiquement le joueur le plus proche du ballon, et ce très bêtement, allant jusqu’à jongler entre deux joueurs qui se trouvent à la même distance, vous laissant, du coup, un peu paumé quant à qui vous dirigez. Et vous pouvez alors perdre de précieuses secondes. Optez pour le semi-assisté, moins rigide.
Sinon, globalement, le placement des joueurs est plutôt bon, même si les défenses ont parfois (rarement) tendance à oublier la permutation de joueurs quand vous envoyez un défenseur central sur l’aile. Mais globalement, elles tiennent bien la route et perforer un rideau défensif est nettement plus complexe et difficile.
On parlera des dribbles. Une trentaine de gestes techniques que l’on peut associer au stick droit pour tout un tas de grigris pour faire tourner la tête des adversaires. Mention spéciale pour la simulation qui m’a value quelques jaunes bien sentis, mais aussi un ou deux pénaltys imaginaires (très durs à obtenir toutefois). Passement de jambes, feintes, et j’en passe, les techniciens des pelouses vont s’en donner à cœur joie, d’autant plus que ces gestes sont très simples, finalement, à sortir en match, et plutôt bien exécutés dans le jeu, sans à-coup ou arrêt du joueur.
Les plus tacticiens pourront aussi paramétrer de nombreuses choses, de nombreux comportements et positionnements de joueurs.
Enfin, parlons contenu : Ligue des Masters, Vers une légende (gestion de la carrière d’un seul joueur), exhibition, jeu en ligne, et j’en passe : il y a le minimum pour se faire plaisir… mais avec peu d’équipes et toujours ce problème d’équipes officielles verrouillées par Fifa. Si la Ligue 1 est bien et intégralement présente, on notera l’absence totale des clubs allemands, ou des championnats en partie avec les vrais noms d’équipes comme la Liga ou la Premier League. Un détail, certes, mais qui a quand même son importance.
Il y a heureusement de nombreuses équipes nationales.
Par contre… les équipes ne sont vraiment pas à jour (Anelka toujours en équipe de France, Ben Arfa et Niang à l’OM…). Et il y a peu de chances que les versions commerciales (nous avons testé le jeu avec une version presse) le soient. Un patch, peut-être ? Gratuit, si possible ?
Au final, ce PES 2011 est un bon jeu, avec de très bonnes sensations, mais qui cumule quelques petits défauts importants qui, dans leur ensemble, font tout de même penser qu’avec un peu plus d’attention et de temps, le jeu aurait été d’une autre dimension. Autrement dit, la base est là encore de qualité, mais il manque quelques petites corrections pour parfaire le tableau.
Ne vous méprenez pas pour autant : PES 2011 est très agréable. Rapide. Rythmé. Plaisant à jouer. Et favorise la construction et le beau jeu. Les amateurs de foot, les vrais, et pas ceux d’un match à la papy où finalement, on ne contrôle pas grand-chose, sauront apprécier à sa juste valeur.