Publié le Lundi 2 décembre 2024 à 11:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test S.T.A.L.K.E.R. 2: Heart of Chornobyl (PC, PS5, Xbox Series)

Du gros foutage de gueule

Il faut se souvenir qu’à l’époque de la sortie du premier S.T.A.L.K.E.R., le jeu a été reçu avec une certaine frilosité. Bugs en pagailles, plantages, fonctionnalités non implémentées… Si certains, comme moi, ont adoré le jeu, il fallait bien se rendre compte que GSC Game World avait clairement fait du sale boulot.

De patchs en patchs, le jeu s’est amélioré et a permis, grâce à deux suites, de lancer le mythe.

L’arrivée de S.T.A.L.K.E.R. 2 était donc un événement que l’on attendait avec impatience. Nous nous en sommes fait l’écho régulièrement dans ces colonnes. Le jeu a aussi beaucoup fait parler de lui en raison de l’impact de la guerre en Ukraine (le studio étant à l’origine basé à Kiev).

Apprendre que nous n’aurions pas de version test, en raison du peu de clefs review disponibles a donc été à la fois une énorme déception, mais aussi une vraie interrogation. La plupart du temps, ça ne sent pas bon quant à la qualité finale du produit… d’autant plus qu’aucune boîte de relations presse française n’a été mandatée pour gérer le jeu. C’est une boîte de com’ en Angleterre qui s’en est bêtement occupé, bêtement étant un terme sciemment choisi vu les contacts que nous avons eus avec eux.

Qu’à cela ne tienne.  S.T.A.L.K.E.R. 2, on voulait y jouer absolument, alors on s’est démerdé pour en récupérer une version. On était même à deux doigts, fan-attitude oblige, de craquer pour une version collector

Résultat ? Finalement, on a bien fait de ne pas dépenser de sou… et on comprend pourquoi peu de versions ont été données à la presse…


Suite directe au premier opus, S.T.A.L.K.E.R. 2 ne s’embarrasse pas de longue introduction et vous envoie directement dans la zone de Tchernobyl (Chornobyl pour les intimes), secouée par des explosions à l’origine mystérieuse. Les zones d’anomalie prolifèrent, les mutants également et toutes les personnes qui s’y aventurent ont tendance à clamser à la chaîne.

Pas vous. Vous êtes fort, vous êtes téméraire, vous en avez dans le slibard et vous voulez faire fortune en récupérant des artefacts. Vous allez donc pénétrer dans la zone.

D’abord guidé par une voix off qui vous promène de lieu en lieu, vous allez finalement être lâché dans la Zone et faire votre trou. Vous allez rencontrer des mutants. Vous allez rencontrer des zones de radiation. Et vous allez rencontrer des humains. Ces derniers seront majoritairement hostiles. C’est d’ailleurs tout ce qu’il faut retenir dans le jeu : tout veut vous tuer.

Vous ne passerez pas des niveaux pour devenir quasiment immortel comme dans la plupart des RPG, mais votre résistance et votre dangerosité s’amélioreront au fil de vos trouvailles. S.T.A.L.K.E.R. 2 est un jeu dans lequel on trouve des armes et des équipements, on les garde pour soi ou on les démonte pour améliorer son propre équipement, sans oublier les artefacts qui vous donneront de précieux bonus (mais toujours accompagnés d’un bon petit malus des familles).

Le problème est que tout est noyé dans un scénario qui manque de clarté et, surtout, d’intérêt. La narration est ratée et se perd dans des circonvolutions au mieux obscures, au pire chiantes.
Aucune surprise, aucune prise de risque… et si le choix ou le comportement des joueurs mènent à plusieurs fins, on les atteindra sans trop sourciller, sans passion ni réel plaisir.

Alors oui, l’ambiance est belle. Il faut y jouer en ukrainien sous-titré français pour encore plus d’immersion. La direction artistique est au poil. Mais globalement, quelle déception !


Le gros problème du jeu est qu’il a été optimisé avec le cul. Si vous n’avez pas un PC dernier cri avec un processeur qui coûte un bras et une carte graphique qui coûte un bébé en pièces détachées, pas de Salut. Ça rame de fou. Quand bien même le jeu détecte les capacités techniques de votre PC et vous propose un certaine qualité de texture, il faudra tout revoir à la baisse, sous peine d’avoir entre les mains un jeu totalement injouable. Et même là, ça n’empêchera pas les ralentissements.
Pire : sur console, c’est idem. Testé également sur Xbox Series X, le jeu fait souffrir la console et vous allez rapidement rencontrer des zones où le jeu rame, quand il ne freeze pas.
On pourrait passer outre dans des phases d’exploration, mais ces ratés surviennent majoritairement en combat. Et il n’y a rien de plus frustrant de mourir à répétition parce que les développeurs n’ont pas été foutus d’optimiser leur putain de jeu. Oubliez totalement le mode « qualité » sur la Xbox et optez pour le mode « performance », ce qui réduit les baisses de framerate, mais ne les élimine pas complètement.

Le gameplay est calamiteux à la manette, avec une visée (très) perfectible, entre autres. Il n'a vraiment pas été pensé pour être joué sur console. Il est plus agréable au clavier/souris, mais sans non plus être dénué de défauts. Le manque de feeling sur les armes en est notamment un.

Ajoutez d’innombrables bugs qui viennent plomber la progression et une IA d’un autre âge, et vous aurez bel et bien la plus grosse déception de cette année, compte tenu de la forte attente que nous avions sur ce jeu.

Il manque finalement de tout, sur ce S.T.A.L.K.E.R. 2. D’un scénario convaincant, d’un gameplay plaisant, d’une optimisation technique, d’une IA correcte et sans doute de playtests pour corriger les bugs.

On trouve aujourd’hui les premiers S.T.A.L.K.E.R. à moins de 10 € sur tous les sites. On attendra que cette suite soit au même prix pour se dire que ça vaut peut-être le coup de perdre une quarantaine d’heures de sa vie dessus.