Publié le Mardi 12 mars 2024 à 11:30:00 par Inès Pouille
Test de Pocket Card Jockey Ride On! (Nintendo Switch)
Le jeu de courses UUUh-ltime
Vous n’êtes pas sans savoir que les chevaux, c’est un peu mon dada.Il faut dire que mon palmarès est impressionnant et absurde à la fois.
Il faut notamment citer mes 15 ans de jeu sur Equideow, ce sombre jeu sur navigateur pionnier du modèle Free to play à ses débuts, qui, selon les légendes, serait l’un des des derniers projets portant à bout de bras le chiffre d’affaires d’Ubisoft, comme fait d’armes le plus effrayant.
Mais s’il n’y avait que ça ! Vous avez également devant vous la seule personne ayant acheté Red Dead Redemption 2 et Tears of the Kingdom pour la simple raison que les contrôles des chevaux et leurs animations avaient l’air chiadés et juicy. Ouais, et pour quelques compilations de gags de ragdolls visionnés en amont aussi, on ne va pas se mentir.
Vous savez sans doute aussi que j’entretiens une relation d'amour haine avec Pokémon, qui rappelons-le, est développé par Gamefreak, aussi à l’origine de Pocket Card Jockey.
Un passif qui m’a amené à découvrir le premier jeu Pocket Card Jockey, initialement sorti sur 3DS pour la modique somme de 7,50 €. Une véritable perle cachée de l’e-shop 3DS, sur lequel j’avais investi plus d’une centaine d’heures, son format court et son support portable le rendant facile à dégainer au moindre trajet en voiture (et oui, j’étais trop jeune pour conduire à l’époque).
Après une sortie initiale passée sous les radars, du moins en Europe, je faisais partie des rares fans hardcore qui déprimaient à l’idée de voir ce concept sombrer dans l’oubli. Le jeu obtiendra pourtant une version Android et iOS au Japon, qui auront une durée de vie anecdotique et disparaîtront moins d’un an après leur sortie, en 2015. Suite à ça, le jeu se targuera d’une refonte notamment graphique, mais ajoutant également du nouveau contenu, permettant d’adapter le gameplay au stylet de la 3DS au format mobile sur un seul écran, qui parut sur Apple Arcade en 2023 sous le nom de Pocket Card Jockey Ride On!.
Cette même version que nous avons sur Switch aujourd’hui !
Le problème qui saute aux yeux quand on découvre ce jeu, c’est qu’il est impossible à présenter sans passer pour un fou. Il faut dire que je refuse de croire que le concept ait été pondu dans un autre contexte que celui d’une beuverie afterwork à la japonaise, ou une jam, ou bien les deux à la fois.
Des chevaux de courses, et du solitaire. Qui peut bien se sentir visé par cette proposition ? Et surtout, pourquoi ce mélange, enfin ?!
Cela me rappelle les expériences culinaires parfois douteuses de mon cher Arthur, qui m’affirme régulièrement que son plus marquant orgasme épicurien lui a été procuré par l’association de guacamole et de glace au chocolat noir.
Sachez que ce mélange incongru entre jeu de cartes et chevaux est pourtant un succès surprenant. Toutes les mécaniques du jeu trouvent une affordance assez incroyable avec le jeu de solitaire. Si bien que, passées les deux premières heures à comprendre toutes les subtilités des règles adaptées de cette version du solitaire, tout semble couler de source. Je précise que je dis cela en ayant d’ailleurs découvert le jeu sans connaître le solitaire même, à la base. Bah oui, on parle d’un jeu de papis, quand même !
Les courses sont composées d’entre deux à quatre manches de solitaire, selon la distance que votre cheval est amené à parcourir (certains sont des sprinteurs, d’autres plutôt des marathoniens). Entre chaque manche, vous êtes invités à vous déplacer dans le peloton pour vous placer stratégiquement vous récupérer des boosts au augmenter votre score selon les talents (à débloquer) que votre cheval possède. Ajoutez à cela un sprint à la fin de chaque course, dont le succès dépend de votre score final.
Sur l’aspect macro, le jeu vous fait progresser de courses en courses un peu à la manière d’un rogue-like, avec parfois l’opportunité d'acheter des objets entre chaque étape.
Dans un premier temps, de la première année du cheval à ses trois ans, il est en pleine croissance et monte de niveau régulièrement entre chaque course. Cette jauge, ainsi que celle qui permet l’obtention de nouveaux talents, peuvent être remplies plus vite si l’on récupère des boosts en cours de course, élément important si l’on veut concourir dans les courses les plus dures dès le début.
Une fois le cheval adulte, il ne grandit plus, et il s’agit d’enchaîner un maximum de victoires avant la retraite, qui subvient si le cheval atteint 5 ans, ou s’il perd plus de 3 fois (comprendre : ne pas finir premier). A l’issue de cette phase, il devient possible de le faire se reproduire au Haras avec vos autres chevaux déjà à la retraite. Ainsi, parmi les chevaux à monter que vous proposeront les propriétaires, il y aura par la suite des poulains issus de vos croisements, qui porteront la mention “Junior” sur leur fiche de statistiques.
En ce qui concerne les contrôles, j’avais une crainte sur la fluidité qui se perdrait en même temps que les contrôles au stylet : ici, il est question d’utilisation des joysticks pour se déplacer de colonnes de cartes en colonnes de cartes, bien qu’il soit aussi possible d’utiliser l’écran tactile en mode Portable, faisant de ce jeu le seul à ma connaissance à faire usage de cette fonctionnalité. Pour l’avoir testé, c’est le mode de jeu qui vous sera le plus agréable si vous venez de la version 3DS, même si personnellement, je me suis fait à l’idée d’utiliser les joysticks, si ça me permet de profiter du jeu en mode dockée.
La refonte graphique est à la fois bienvenue et discordante. Le jeu originel 100% en 2D était cohérent dans son approche “cartonné” en papercut, moyen approprié de transmettre une ambiance légère malgré des décors photo-réalistes (de vraies photos floutées) avec une parallaxe grossière. Cette cohérence se perd avec l’arrivée de modèles 3D pour les chevaux, qui sont les seuls à en bénéficier avec notre personnage principal par ailleurs. Le reste subsiste en 2D et donne un mélange assez hétérogène.
L’ambiance légère dont je parle plus haut est pourtant toujours là, et même plus que jamais. J’ai découvert et redécouvert les dialogues de ce jeu, et leur humour absurde qui fait mouche à chaque fois me concernant. Dans ce monde de courses hippiques édulcorées, les personnages hauts en couleurs et caricaturaux que sont les différents propriétaires essaient d’élever les prochains champions de la décennie, et de les proposer aux jockeys les plus talentueux pour y parvenir.
Tandis que vous forgerez votre réputation au fil de vos succès à cheval, vous débloquerez à la fois la possibilité de monter des chevaux d’autres propriétaires, mais aussi des chevaux spéciaux au design tous plus incroyable les uns que les autres, et des dialogues bonus vous permettant d’en savoir plus sur ce qui a motivé les propriétaires à se lancer … Certains dialogues ont parfois un parfum épicé de subtile critique de la société qui font sourire autant qu’ils surprennent.
En ce qui concerne le nouveau contenu, on est relativement bien servis, même si cette version a été amputé d’une de ses features les plus mémorables : le partage de chevaux. Une fois un cheval parti à la retraite, on pouvait dans les versions 3DS envoyer ce cheval au Haras afin de le faire se reproduire avec vos autres chevaux. Il était également possible, grâce à un QR code, de partager ce cheval à qui le veut pour l’utiliser dans son propre Haras également.
Malheureusement, cette feature a disparu ici. En effet, le jeu propose maintenant un mode en ligne pour affronter vos amis ou des joueurs du monde entier avec n’importe lequel de vos chevaux, même ceux partis à la retraite : vous voyez peut-être venir le problème, il y aurait sans doute eu beaucoup trop de triche si le partage de chevaux par QR code était encore possible à ce stade. J’ai moi même vu passer beaucoup de chevaux avec des statistiques improbables sur 3DS, ce qui me laisse penser que cette théorie est bien valable. Bref, c’est assez triste de devoir faire une croix sur cette mécanique qui fédérait le peu de fans que comptait ce jeu, mais voilà.
Enfin, si vous avez joué à la version 3DS, sans trop vous en dire, vous risquez de croiser 6 nouvelles têtes parmi les chevaux spéciaux à débloquer … Et tous sont incroyables !
En résumé, il s’agit du retour en grande pompe d’une petite perle de l’eshop, à la recette aussi saugrenue que savoureuse. Un petit bonbon bizarre qui cherchera malheureusement encore et toujours son public !
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