Publié le Mardi 27 avril 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Pâtée pour caniche
Après deux épisodes sortis sur PC, Xbox et PS2 (et le premier sur GameCube), plus un petit tour par la PSP, Dead to Rights fait sont come-back sur la nouvelle génération de consoles et débarque sur PS3 et Xbox 360. L’occasion de retrouver Jack Slate, flic violent mais non sans cœur, accompagné de Médor, son teckel à poils ras.
Bon. En guise de teckel, Médor est en fait une sorte de bâtard chien de traîneau-berger allemand. D’ailleurs, il ne s’appelle pas Médor, mais Shadow. Ce qui est nettement plus ridicule pour un chien, il faut bien l’avouer. Rex, à la rigueur, mais Shadow…
Bref. Jack et Shadow vont nettoyer la ville de Grant City de toute la racaille qui terrorise les honnêtes gens. Pour peu qu’un honnête gens, ça existe encore.
Cet épisode se situe chronologiquement avant les anciens. Jack est un jeune officier de police, le meilleur serait-on tenté de dire, mais en délicatesse avec sa hiérarchie dont il ne souffre plus le laxisme et la passivité. Ainsi, lorsqu’une tour TV est prise d’assaut par le gang des quais qui s’amusent à balancer les otages par les fenêtres, Jack estime que les négociations n’ont plus lieu d’être. Bravant l’interdiction de ses supérieurs, il s’infiltre dans le bâtiment et dézingue tout le monde. Tout le monde sauf le chef qui réussit à s’échapper.
Bien entendu, tout ceci cache en fait une vaste opération criminelle destinée à mettre à feu et à sang la ville.
Bon. Oubliez le scénario légèrement ridicule, à mi-chemin entre un film de série B et un mauvais Comic. On flirte avec le niveau d’un Judge Dredd (le film avec Stallone) et c’est aussi profond que les derniers films ukrainiens de Steven Seagal.
Et la comparaison n’est pas faite au hasard : Dans Dead to Rights Retribution, ça va flinguer, ça va défourailler à tour de bras, les os vont craquer et les jugulaires vont asperger les décors de sang. Et c’est tout ce qui compte, d’autant plus que le scénario du jeu est mal monté, mal agencé, mal pensé. Par exemple, le premier niveau est tout à fait consternant : on joue le toutou qui égorge ses ennemis dans un grand moment de n’importe quoi au niveau du gameplay, le tout avec un intérêt proche du néant.
Durant une dizaine d’heures, vous allez suivre, donc, les pérégrinations de Jack et son fidèle Shadow, jouant tour à tour l’un ou l’autre. Jack alterne entre les gunfights et les combats à mains nues, tandis que Shadow est à la fois plus subtil et plus sanguinaire. Ses phases seront souvent une sorte d’infiltration, à éviter de se faire repérer par les sentinelles ennemies, et à les éliminer en leur sautant à la gorge pour leur déchirer la trachée.
Jack, de son côté, se bat souvent à mains nues. Entre frappe rapide, frappe lourde, combos, il doit régulièrement faire face à plusieurs ennemis à la fois. Il peut également désarmer son adversaire et se servir de l’arme qu’il vient d’arracher. Il peut aussi attraper son ennemi, le balancer par-dessus les balustrades (pratique lorsque l’on est sur les toits) ou s’en servir comme d’un bouclier (et s’il se débat, il faut lui en coller une). Enfin, vous pourrez finir vos ennemis dans des mouvements spéciaux, genre membres fracassés et nuques brisées.
Lorsqu’il est pris dans un gunfight, Jack peut s’abriter derrière tout un tas d’objets du décor, véhicules, blocs de ciment, se pencher sur le côté, tirer au-dessus… un peu comme dans Gears of War. Et pour riposter, il a tout un arsenal à sa disposition : flingues, fusils à pompe, fusils mitrailleurs, fusils à lunette, uzis, sans compter les grenades et autres joyeusetés (fusils énergétiques).
Vous pourrez ralentir le temps quelques secondes pour mieux ajuster vos tirs, sachant qu’un tir dans la tête enverra directement vos adversaires au tapis.
Voilà pour le décor.
Avec un graphisme loin d’être éblouissant mais qui assure ce qu’il faut pour plaire, Dead to Rights Retribution avait tout pour séduire. Du moins sur le papier. Parce que manette en mains, c’est loin d’être l’éclate promise, voire espérée. La faute à tout un tas de petits détails dérangeants, pénibles, et choix très discutables de la part des développeurs.
On commencera par une IA ennemie à la limite du ridicule. Entre ceux qui se promènent la tête en l’air, sans réagir, en plein gunfight, et prennent éventuellement une balle perdue avant de comprendre qu’il y a un truc qui cloche, entre ceux qui regardent leur pote se faire égorger par un clébard sans réagir, et des routines exaspérantes, on a un peu l’impression de combatte une armée de débiles mentaux. Par exemple, un ennemi, lorsqu’il prend une balle, part se cacher ailleurs. Toujours. Ou quand il court et se prend une balle, il fait demi-tour… Des réactions vues et revues ad nauseam tout au long du jeu.
Autre souci, les désarmements ou le fait de s’abriter derrière un décor se font via un bouton, à presser au bon moment, selon une icône qui apparait à l’écran. Oui, sauf que parfois, vous appuyez dessus par erreur alors que vous vouliez faire autre chose (genre vous vous abritez alors que vous vouliez désarmer quelqu’un), voire elle n’apparaît pas du tout : ainsi, un ennemi continue de vous canarder à bout portant alors que vous matraquez le bouton de désarmement sans que ce soit possible. Bouton qui est le même que celui… de la course, d’ailleurs.
La caméra est également un lourd handicap pour le jeu. Entre les vues ratées (complètement) lors des mouvements spéciaux pour « finir » un ennemi, le fait que la caméra soit trop près du personnage, et l’impossibilité de viser correctement un type qui vous contourne, même s’il est juste face à vous, la jouabilité est finalement souvent une plaie. On retiendra aussi le coup du « impossible de sauver les otages parce qu’avec votre fusil, vous tirez deux centimètres trop bas et shootez la balustrade devant vous au lieu de l’ennemi au loin ».
On terminera avec un level design tout en couloirs, mal pensé, mal foutu, sans originalité.
Au final, Dead to Rights Retribution n’est pourtant pas un mauvais jeu. Il offre un certain défouloir et les passages avec Médor sont assez agréables. Salutaires, même, tant ils offrent un moment de répit dans l’action à gogo que propose le titre.
Toutefois, il n’y a vraiment pas de quoi s’extasier. Ce Retribution est un jeu moyen, techniquement en-dessous de ce que l’on est en droit d’attendre d’un jeu d’action aujourd’hui, et qui n’arrive finalement pas à nous captiver plus qu’une paire d’heures. A réserver aux fans.