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A la vue de sa bande-annonce, Le Choc des Titans promettait d’être un bon gros film d’action comme Hollywood sait si bien les faire. Des combats en jupette, épée en main, du sang, de la sueur, des effets spéciaux à vous décoller la rétine, le tout dans une atmosphère qui n’était pas sans rappeler, dans une moindre mesure, 300, l’excellent film de Zack Snyder tiré du roman graphique de Franck Miller.
Bref, hier soir, je laissais mon cerveau à l’entrée de la salle et m’apprêtait à oublier les soucis du quotidien entre les mains d’un morceau de mythologie grecque, réalisé par un français, qui plus est.
De Louis Leterrier, j’avais d’ailleurs plutôt bien aimé Le Transporteur I et II, moins Danny the Dog, mais assez L’Incroyable Hulk. Rien d’exceptionnel dans sa filmographie, certes, mais de quoi laisser quand même présager un bon petit moment de détente pour ces 1h58 que dure Le Choc des Titans.
Mais parfois, laissez le cerveau où vous voulez, il revient au galop face à tant d’inepties, de mauvais goût, de raccourcis foireux et de clichés éculés.
Rares sont les films dont j’ai attendu la fin avec impatience. Celui-ci s’inscrit très certainement dans le haut du classement.
Car oui, Le Choc des Titans est une merde. Une belle grosse merde.
Persée a été trouvé bébé dans un sarcophage jeté dans les eaux. Un simple et honnête pêcheur l’a récupéré entre les bras de sa mère décédée. Et il l’a élevé comme son propre fils, lui inculquant tous les préceptes qui font de lui, à l’âge adulte, un homme de bien, juste et droit.
Persée aurait pu vivre une vie de dur labeur, à pêcher la morue et le merlan pour nourrir sa famille. Mais les Dieux en ont décidé autrement.
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Les temps sont troublés : lassés du joug implacable des Dieux, les hommes se révoltent et brûlent les temples et les statues.
Ne me demandez pas pourquoi les hommes sont « lassés de la tyrannie de l’Olympe » sachant que durant tout le film on vous dira encore et encore que Zeus aime les hommes et qu’il les chouchoute trop. C’est comme ça, les humains sont lassés et c’est tout. Alors ils défient les Dieux.
Tandis que les troupes du Roi d’Argos détruisent une énorme statue de Zeus, Hadès apparaît et bousille tout le monde.
Manque de bol, Persée, son Papounet, sa Mamounette et sa petite sœur étaient en bateau, juste à côté. Et Persée perd toute sa famille d’un coup. Dans un grand moment de franche rigolade, il plonge pour rattraper le bateau qui coule à pic, arrive à retirer une tuile de la coque à mains nues (oui, je sais, mais apparemment c’est un bateau à tuiles), voit juste la main de son papa qui dépasse, l’entend (oui, je sais aussi, mais le papa sait apparemment parler sous l’eau) lui dire de les laisser mourir… et ne pense pas un seul instant à faire juste le tour du bateau pour les sauver. Au lieu de ça, il remonte à la surface et perd connaissance sur les restes du navire. Parce que lui, il a du bol, il est sur la partie qui n’a pas coulée. D’ailleurs, tout le monde sait qu’un bateau se divise en deux parties : une qui coule et l’autre qui ne coule pas pour qu’on puisse y perde connaissance.
Voilà les 10 premières minutes catastrophiques d’un film mal monté, et dont les personnages sont tellement survolés que la mort de la famille du héros nous laisse totalement de glace.
Et Louis Leterrier ne va dès lors nous épargner aucun cliché. Ils sont tous là. Tous les clichés des films d’action, des péplums à deux sous, suivant un scénario pitoyable comme on n’en a rarement vu et qui ferait passer la filmographie entière de Steven Seagal pour un catalogue d’Art et d’Essais digne du Prix Nobel de Littérature.
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On a tout, je vous dis. Hadès qui débarque à Argos et demande le sacrifice de la gentille princesse sinon quoi il lancera le méchant Kraken sur la ville. Persée qui apprend qu’il est un demi-Dieu. Les soldats qui le torturent pour qu’il explique pourquoi. Lui qui refuse sa condition et qui préfère être jeté en prison. Deux minutes après, une nana qu’il ne connait ni d’Eve ni d’Adam (ou ni de Poséidon, ni d’Aphrodite) lui dit que si, il est le fils de Zeus et d’une mortelle et que lui seul peut tuer le Kraken et après faire la peau à Hadès pour venger sa famille. Il demande alors à sortir de cellule. Ce que bien entendu on fait. Puis on lui donne toute une compagnie de soldats et il part en quête d’informations pour savoir comment tuer le Kraken. On a le droit au duo de barbares comiques venus de nulle part et partis aussi vite qu’ils sont arrivés (et qui ne servent à rien du tout dans le scénario). On a le droit au jeune puceau qui découvrira qu’il est un guerrier courageux avant de clamser comme une quiche. Le vieux capitaine, sage, qui enseigne au héros à combattre en 30 secondes et qui se sacrifiera bien entendu pour lui. Le héros qui refuse sa condition de Dieu mais qui devra, pour vaincre, l’accepter. Le sbire du méchant, ancien gentil, difforme, qui redevient humain en mourant. La gentille princesse qui préfère se sacrifier plutôt que de défier les Dieux. L’héroïne qui meurt et qui revit à la fin. Et même des Djinns, mi-Iron Men, mi-Transformers.
Il ne nous épargne rien, je vous dis. Rien dans le crétinisme cinématographique.
Et les scènes d’action se multiplient, sans génie aucun, et entrecoupées de passages mous et chiants comme la mort. Le tout à grands renforts de travellings pris d’hélico. Z'ont dû en avoir un gratos par la prod'.
D’un point de vue esthétisme, on notera pas mal de foirés également. Le Styx et la barque de Charon sont d’une nullité affligeante, avec des effets de fumée dignes d’un épisode de Derrick, tant au niveau budget qu’au niveau angoisse. Le temple de la Gorgone, assez intéressant avec ses flammes, sa lave et ses plateformes en ruine, est mal exploité. La visite des trois sorcières aveugles est pitoyable… et oui, lorsqu’ils tiennent conseil, les Dieux de l’Olympe ressemblent aux Chevaliers du Zodiaque, dans leur ridicule armure rutilante.
Quand on sort du
test de God of War III, qui présente esthétisme, une telle claque graphique, on se dit que le jeu vidéo en a bien plus sous la semelle que le cinéma.
A trop vouloir en mettre dans le film, on se retrouve finalement avec un mélange de certaines scènes plutôt sympathiques, comme l’attaque des scorpions, et d’autres bien ratées, sans intérêt, et qui semblent avoir été tournées dans une grotte en carton ou dans la forêt du coin. On a également du mal à s’attacher au moindre personnage, tant ils sont survolés et semblent avoir la profondeur d’une moule.
Quant à l’abondance d’effets spéciaux, ils sont malheureusement inégaux. Le Kraken est assez ridicule (son souffle qui fait à peine bouger la robe de la princesse est risible), la Gorgone fait bien trop « personnage d'animation », et si les apparitions d’Hadès version fumée de barbecue, c’est sympa une ou deux fois, nous le resservir ad nauseam est légèrement gonflant. D’autant plus que Ralph Fiennes, qui campe le Dieu des enfers, semble s’être maquillé tout seul.
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Et au milieu de ce marasme, Sam Worthington fait ce qu’il peut. S’il a tendance à être aussi expressif qu’une courge (la mort de ses parents ne semble pas le traumatiser plus que ça, ni même celle de ses compagnons), il arrive quand même à camper un Persée efficace et convaincant. Autour, pas mal d’acteurs boivent la tasse dans leur médiocrité, malheureusement. On ne suit l'aventure que d'un oeil mou, ne s'arrêtant même pas, en fin de compte, aux incohérences ou au rythme haché, au manque d'intérêt général, à certains décors ratés ou à un ensemble qui n'a pas le moindre souffle épique ni aucun liant. C'est un simple melting-pot d'idées éculées qui n'ont pas même été revisitées, plates et qui se télescopent sans jamais réussir à former un ensemble homogène.
Alors bon. D’un côté, ok, une place de ciné, ça tape dans les 9 €. Mais j’ai la chance d’avoir une épouse qui, via le CE de son entreprise, ne paie que la moitié de ce prix.
Seulement certains films son tellement mauvais qu’ils ne valent pas même 4,50 €. Ils ne valent pas même l’électricité nécessaire à leur téléchargement en DivX. Parce qu’un film d’une telle médiocrité, Monsieur, ça ne s’achète pas. Notez, non, ça ne se télécharge pas non plus. D’une part parce que c’est illégal, et d’autre part parce qu’il a les relents diarrhéiques et le plaisir vomitif du rotavirus. Et mieux vaut alors s’en laver les mains.
Notez enfin que j’ai vu le film en 2D. C’était bien suffisant. De la merde en 3D, ça reste de la merde. Et ça n’ajoute aucune profondeur au film…
Bref, une bouse innommable à oublier bien vite.