Publié le Vendredi 2 avril 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Twiigre aux dents de sabre
Jeu sorti en même temps que la nouvelle console de Nintendo, Red Steel a connu un succès plutôt probant. Et pourtant, ce FPS dans le japon contemporain, à dézinguer du Yakuza à tour de bras tatoué, n’a pas convaincu grand monde. Jouabilité moyenne, intérêt médiocre… heureusement que la console était nouvelle, novatrice, et que ses jeux n’étaient pas encore légion.
Plusieurs années ont passé et ce dont les éditeurs se sont bien rendu compte, c’est que le public n’achète plus n’importe quoi, à n’importe quel prix, sur n’importe quel support. Et si Red Steel 2 veut à nouveau connaître le succès, il ne devra compter que sur ses qualités. Encore faudrait-il qu’il en ait…
Vous êtes un guerrier, sorte de Ken le survivant qui se déplace en pardessus, chapeau western et foulard au-dessus du nez. Votre Katana et votre flingue à la ceinture, sont vos meilleurs atouts pour vous faire entendre et comprendre des brutes, les Chacals, sorte de groupuscule Mad-Maxien, qui terrorise le village de Caldera. Votre village. Là où Jian, votre mentor, vous a recueilli alors que vous veniez d’être rejeté par votre clan. Et forcément, l’envie de libérer le village du joug de l’oppresseur est très tentante… et parfois, succomber à la tentation, ça a du bon…
Ne cherchez pas une quelconque originalité dans le scénario de Red Steel 2. Histoire bas de gamme, cinématiques de base qui feront avancer une histoire sans peps ni génie… il n’y a pas de quoi concourir à l’oscar du meilleur scénario. Ni même celui des meilleurs dialogues. Mais heureusement, Red Steel 2 a le bon goût de ne pas trop s’attarder sur, justement, ces cinématiques. Et le jeu privilégie l’action. Tant mieux, c’est ce qu’il sait faire le mieux.
Le jeu se joue avec la Wiimote, le Wii MotionPlus obligatoire, et le Nunchuck. La totale, quoi. Le stick du Nunchuck permet de se déplacer. Le pointage de la Wiimote influe sur la visée et la direction (en bordure d’écran, on tourne dans la direction choisie). Appuyez sur le bouton B pour tirer avec le flingue. Appuyez sur le bouton A pour sortir le katana. Dès lors, vous avez tout un tas de mouvements disponibles : coups d’estoc, parade, coups verticaux (violents et souvent utilisés pour achever un ennemi à terre), coups horizontaux… sans compter la possibilité de se déplacer rapidement pour contourner un ennemi (heureusement, l’IA est ridiculement nulle). Et il y a tout un tas de combos auxquels viennent s’ajouter coups spéciaux ou pouvoirs (à acheter à la boutique).
Il faudra un peu de temps (et en passer par l’entraînement du jeu) pour bien maîtriser la bête, mais une fois les commandes bien en mains, vous allez vivre de grands et sympathiques moments de baston durant la dizaine d’heures que dure l’aventure solo (il n’y a malheureusement aucun multi).
Honnêtement, je suis quand même assez mitigé concernant mon avis global sur le jeu. Red Steel 2 est bien foutu. Techniquement, c’est quasiment impeccable. Bien entendu, les limitations de la Wii font que la reconnaissance des mouvements est parfois hasardeuse. Mais ça ne gène pas vraiment. Mais le joueur a fort à faire avec tous les mouvements de katana, l’alternance flingue-épée, les vagues d’ennemis à découper, les attaques de face, de dos, les déplacements… Le jeu est également assez rythmé. Et les combats, suffisamment haletants pour bien vous prendre au corps.
Bref, Red Steel 2 réussi largement son pari de ce côté-ci, côté où on l’attendait sans doute le moins d’ailleurs, pensant que les combats allaient être moisis.
Mais en fait, le moisi, on le découvre ailleurs. Dans le level design, par exemple. Un entrelacs de couloirs qui débouchent sur des places où se déroulent les « gros » combats. C’est assez répétitif et les quelques artifices utilisés par les développeurs ne viennent pas cacher la pauvreté des options offertes par le jeu. Et les innombrables poubelles ou caisses à détruire pour récupérer de l’argent tombent comme un cheveu dans la soupe. Sans compter le scénario, bas de plafond.
Bref, un jeu aux combats sympas, à l’ambiance somme toute réussie, mais dont l’enrobage est vraiment foiré.
Reste à parler de l’aspect graphique du jeu. Personnellement, je n’arrive pas à me faire au cell-shading. Ces espèces de dessins, personnages entourés d’un gros trait noir, qui oscillent entre réalisme et BD. Autant dire que cela ne m’a pas aidé à m’immerger dans le jeu. Pourtant, je ne lui en tiendrai pas rigueur. Il s’agit là d’un simple goût personnel et qui n’enlève rien au fait que Red Steel 2 est plutôt bien foutu graphiquement parlant. L’animation est propre, les décors, quoique très vides, sont plutôt jolis et le jeu affiche un excellent framerate. Autant dire que si le cell-shading ne vous rebute pas, vous y trouverez un jeu aux qualités techniques indéniables de ce côté-ci, et avec une bonne petite ambiance post-apocalyptique de type japon médiéval, avec un soupçon de poudre à canon. Un sacré mélange, mais plutôt digeste.
Mitigé, donc, au final. Level design pourri, répétitif, histoire naze… mais jeu captivant par son rythme, ses combats bien fatigants et sa jouabilité impressionnante. Red Steel 2 est un bon jeu. Très imparfait, mais bon. Et d’un côté, les jeux de ce type sont suffisamment rares sur Wii pour que l’on ne boude pas notre plaisir.