Publié le Mercredi 26 octobre 2022 à 12:00:00 par Théo Valet

 

Gotham Knights (PC)

La relève du chevalier noir est-elle à la hauteur ?

Entre Batman: Arkham City et Batman: Arkham Knight développé par Rocksteady Studios, il y a eu Batman: Arkham Origins. Il s’agit d’un préquel des deux premiers jeux de la série Arkham où l’on incarnait un Batman avec seulement deux années d’expérience. Figurez-vous que ce jeu a été développé par WB Games Montréal, studio qu’on retrouve aujourd'hui derrière Gotham Knights.
 
Ce projet est ambitieux, car il nous ramène à Gotham 7 ans après la sortie de Batman:Arkham Knight, le jeu qui clôturera merveilleusement bien la trilogie Arkham. En plus de ça, Gotham Knights est un jeu où le chevalier noir n’est plus, tué lors d’un affrontement dantesque contre Ra's al Ghul. On incarne donc la jeune génération, formée par Batman, qui prend sa relève pour essayer de sauver Gotham.

Cette jeune génération est composée de :

• Nightwing aka Dick Grayson : le premier Robin, qui a changé d’alias et de costume pour prendre son indépendance.

• Red Hood aka Jason Todd : le second Robin, tué par le Joker, puis ramené à la vie par la ligue des assassins. Il revient donc lui aussi avec un nouvel alias et des méthodes plus expéditives.

• Robin aka Tim Drake : le petit nouveau, encore jeune mais très talentueux.

• Batgirl aka Barbara Gordon: la fille du commissaire Gordon qui possède une détermination inébranlable et une très grande intelligence.

Ensemble, ils vont essayer de comprendre ce qu’il s’est passé le soir de la mort de leur mentor, et lever le voile sur tout un complot qui risque bien de détruire Gotham. Tout ça en arrêtant les divers méchants très connus qui profitent de l'absence de notre héros préféré pour terroriser les citoyens.


Qu’on se le dise tout de suite, l’histoire est vraiment très intéressante et prenante. Les personnages sont bien écrits, fidèles aux comics et nous offrent d’excellents moments émotionnels, comiques, héroïques, etc. On croise plein de personnages connus de l’univers et on prend un immense pied d’interagir avec eux. Mention spéciale à Alfred qui est juste excellent.

Pour suivre cette histoire, Gotham Knights nous propose un monde ouvert un peu spécial.
 
Le jour, on se trouve au Beffroi, une tour horloge en plein Gotham où nos héros ont établi leurs quartiers. Ici, on y prépare notre équipement et on suit la petite vie de ces quatre jeunes à l’aide de petites saynètes très sympathiques.
 
La nuit, on quitte la convivialité du QG pour rejoindre la froideur de la ville de Gotham lors de nos patrouilles pour protéger les honnêtes gens. A cette occasion, on peut explorer la ville librement pour trouver et arrêter les divers criminels qui profitent de l'absence soudaine de Batman.
 
Dans Gotham Knights, on n'incarne qu’un seul héros à la fois. Les autres restent au Beffroi et n’interviennent pas avec vous. A savoir que pour changer de héros, il faut se trouver au Beffroi. Si vous y retournez pendant la nuit, alors votre patrouille prend fin et les crimes en cours disparaissent de la carte. De nouveaux crimes apparaissent la nuit suivante sur la carte de manière aléatoire.
 
Je ne vous cache pas que j’aurais aimé être accompagné des trois autres héros pour parcourir la ville. Ça aurait pu être sympa d’avoir un système à la Ghost Recon Wildlands où on peut donner des ordres aux héros, et pourquoi pas changer au cours de la nuit.
 
Le but de ces patrouilles est donc d’arrêter des crimes. En les arrêtant, vous obtenez des indices qui vous permettront de connaître des crimes prémédités la nuit suivante. Si vous rentrez au QG sans avoir résolu ces crimes prémédités, alors ils disparaissent comme pour les crimes normaux, et il faudra farmer de nouveaux les crimes basiques pour débloquer de nouveaux crimes prémédités. C’est un système assez intéressant qui va un peu plus loin que ce qu’on a pu voir dans Spider-Man. J’ai passé pas mal de temps à déjouer des crimes, on se sent vraiment comme un héros et c’est très plaisant.
 
La patrouille permet également de suivre les missions principales qui tournent autour de l'enquête sur les circonstances de la mort de Batman. On a également des missions secondaires qui nous mettent face à des méchants bien connus de Gotham. Si vous avez vu les trailers du jeu, je peux citer Harley Quinn, Freeze et Clayface.
 
Toutes ces missions sont prenantes et bien pensées. On doit parfois se battre, mais également s'infiltrer dans des lieux, analyser des scènes de crimes et j’en passe. Personnellement, j’ai pris énormément de plaisir à les faire.
 
A côté de ces crimes et de ces missions, on retrouve diverses activités annexes assez amusantes qui permettent de récupérer un peu plus d’XP et d’équipement. On doit souvent aider des personnages proches de Batman comme Lucius Fox, Renee Montoya, etc.


L’XP gagnée durant les différentes activités vous sera très utile dans le jeu, étant donné qu’il vous servira à monter les niveaux pour améliorer vos héros. Ces niveaux sont liés pour les 4 héros ce qui permet de ne pas en avoir un ou deux à la traîne alors que les autres sont devenus puissants. Néanmoins, ils ont chacun leurs propres équipements à améliorer et leurs propres compétences à débloquer.
 
Dans l’idée, le système RPG est fonctionnel, mais il nous gave de statistiques dans tous les sens et c’est très vite lassant. J’empiète sur la partie dédiée au combat, mais quand on commence le jeu, on est faible et ça se sent. On fait très peu de dégâts aux ennemis et on a aucune capacité permettant de faire de gros combos. On se retrouve donc avec un Gameplay assez répétitif et lassant où on tape et on esquive en boucle.
 
Une fois qu’on a amélioré notre armure, notre arme principale et notre arme à distance et qu’on a débloqué des compétences, le jeu devient bien plus intéressant. On peut commencer à faire mal aux méchants et à pouvoir faire preuve de créativité pour les terrasser.
 
Pour s’enfoncer encore plus dans le RPG pur et dur, on doit collecter des matériaux pour fabriquer notre équipement. Le problème, c’est qu’on a une vingtaine de matériaux différents dans des quantités totalement ridicules. Sérieusement, à quoi ça sert d’avoir 40 000 polymères dans notre inventaire ? Au final, on n’y fait même plus attention et on fabrique notre équipement sans même regarder ce qu’il nous faut. Si l’équipement est fabricable tant mieux, sinon on s’en fout
 
Pour finir de vous achever, on ajoute à ces améliorations et à ces matériaux un système de “mods” à gérer afin de donner des effets et des boost à l’équipement et on a la panoplie du parfait RPG à la The Witcher. Malheureusement, on est dans un jeu de super-héros, et ça ne colle pas du tout à l’esprit “Batman” en plus d'inonder le joueur d'informations qui le perdent totalement.

Si on met de côté le début de jeu assez peu fun au niveau des combats, et qu'on prend le jeu quelques heures plus tard, le système de combat est finalement assez permissif, si vous voulez de la bagarre. On reste sur un jeu avec un bouton pour taper, un bouton pour tirer des projectiles et un bouton pour esquiver, mais les capacités des personnages permettent de créer des combos très funs. Ces capacités sont cohérentes avec les personnages et leurs spécialités. Red Hood est costaud, Robin est rapide, Nightwing est agile et Batgirl est un bon compromis entre les trois.
 
Par contre, au niveau de la furtivité, j’ai été déçu. Dans Batman: Arkham Knight, on pouvait éliminer tous nos adversaires discrètement avec l'efficacité de Batman. Dans Gotham Knights, les éliminations furtives prennent un temps fou à se réaliser, ce qui fait qu’on passe très vite au mode bourrin et qu’on tape tout ce qui bouge. C’est une partie que j’adorais dans les précédents jeux, et ça m’a bien manqué.
 
Pour en finir avec la partie combat, j’aimerais quand même souligner que les affrontements contre les boss sont très intéressants. Ils ont beaucoup de vie et les combats sont longs, et ça nous pousse à exploiter correctement nos personnages pour faire mal. Je dois dire que je me suis énormément amusé dans le combat contre Harley Quinn. Elle est très rapide et il faut donc faire preuve d’un bon timing pour pouvoir l’atteindre. Le combat ressemble à une danse entre elle et notre héros, où il faut trouver l’ouverture, ce que j’adore dans un combat de boss.
 
Malgré ça, les combats restent beaucoup moins dynamiques que dans Batman: Arkham Knight où les coups fusaient et où on sentait notre puissance dès le début. Ce manque de dynamisme se ressent dans les combats mais également dans les déplacements de notre personnage.
 
Comme je l’ai déjà dit, vous pouvez explorer Gotham librement. Pour ce faire, vous avez à disposition un grappin ainsi qu’une Batcycle que vous pouvez appeler quand vous le voulez.
 
Pour le grappin, on se retrouve avec un Gameplay à la Just Cause 3. On s’accroche à un point, on se tracte jusqu'à lui, on saute, et on recommence. Quand on a joué à Spider-Man juste avant, je ne vous cache pas qu’on se sent lent et rigide. Traverser la ville peut être assez long surtout que WB Games Montréal a eu la merveilleuse idée de ne pas offrir de moyen de planer dès le début du jeu. Il faut arrêter un certain nombre de crimes avec chaque personnage pour débloquer leurs propres moyens de planer. C’est une fois qu’on les obtient qu’on peut enfin voyager avec bien plus de fluidité et aller bien plus vite. Mais même avec ce moyen de planer, on reste bien loin de la fluidité des déplacements aériens de Batman: Arkham Knight.
 
Ensuite, on a la Batcycle, ou plutôt le Batscooter. Quand on pense à la moto de Batman, on se dit qu’on va avoir un engin qui défonce tout en termes de vitesse et qui fait des folies comme dans la scène de course-poursuite du film The Dark Knight, Le Chevalier Noir. Et bien oui, mais non. On se retrouve plutôt avec la sensation d’être sur un scooter bridé à 50 centimètres cube sur une route de montagne. Même la maniabilité de ce véhicule est affreuse et ne donne pas envie de la conduire. Autant vous dire que je l’ai très vite abandonnée pour continuer à faire joujou avec mon grappin.

Sortons du Gameplay pour passer au côté technique du jeu, qui m’a agréablement surpris. Avec un bon PC, le jeu est vraiment joli et fluide. Il semble plutôt bien optimisé même s'il avait tendance à crasher sans raison sur la version que j’ai testée. Rassurez-vous, ces crashs ont été corrigés dans la version qui a été commercialisée.
 
A part ces crashs, je n’ai eu que très peu de bugs. Quelques bugs de collisions mineurs ici et là et un bug durant le combat contre Freeze où il est resté bloqué sur place, mais c’est tout. Ça fait plaisir de voir que des jeux bien finis existent encore.
 
Pour revenir sur les graphismes, on perd le côté réaliste et sombre qu’on a dans les Arkham, pour passer à un style un peu plus proche des comics mais qui garde de la noirceur. Certains lieux gèrent très bien ce côté sombre en se montrant très oppressants. Je dois dire que l'ambiance du jeu m’a émerveillé et j’ai passé du très bon temps à explorer la ville (sauf en Batcycle).
 
Tant que je parle des graphismes, je peux également parler de la personnalisation de nos quatre héros. En effet, une multitude de tenues sont disponibles et elles peuvent en plus être personnalisées. Si vous avez lu d’autres tests que j’ai écrits, vous savez que je suis sensible à la personnalisation. Alors pouvoir personnaliser mon super-héros, ça m’a mis aux anges.

Au final, c’est dur de noter ce Gotham Knights. D’un côté, j’ai adoré l’ambiance, la personnalisation, les personnages et les différentes missions proposées. C’est déjà beaucoup pour un jeu de ce genre, et ça suffit à me faire rejouer au jeu tous les jours. Mais de l’autre côté, on a un Gameplay en dents de scie qui ne parvient pas à convaincre dès les premières minutes du jeu. Il faut attendre d’être plus haut niveau pour vraiment profiter pleinement des personnages et c’est vraiment un gros point noir. Et même si certains aspects du Gameplay évoluent avec le temps, d’autres sont juste ratés et je ne sais pas si le tir pourra être corrigé.
 
J’ai comme l’impression que WB Games Montréal a voulu faire un jeu totalement différent des Arkham, alors qu’il aurait peut-être fallu s’en rapprocher un peu plus et améliorer la base qu’il y avait déjà et qui était adorée des joueurs. A contrario, il aurait fallu mettre moins de RPG qui est la grosse nouveauté du jeu, mais également la partie la plus pénible et inintéressante. On n’a pas envie de commencer avec un personnage faible dans un jeu de super-héros. On veut être super dès le début.