Publié le Vendredi 12 mars 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
L'Cie, chien fidèle
Dans le monde du jeu vidéo, la série Final Fantasy est une série à part. Car s’il existe de très nombreuses séries cultes (Resident Evil, Call of Duty, Tomb Raider, Civilization…etc.), qui ont évolué avec plus ou moins de bonheur au fil des années, très peu peuvent s’enorgueillir de transformer des millions de joueurs en midinettes décérébrées devant leur boys band favori.
Plus qu’une série culte, Final Fantasy est, en fait, une véritable institution. Une icône divine qu’il est totalement interdit de bafouer sous peine de voir s’attirer la colère des cieux.
Permettez donc que je sorte mon paratonnerre et que je taille dans le vif de cette saga. Mais pour le coup, hein, ce n’est pas moi qui ai commencé. Ce sont eux qui m’ont mis entre les mains cet ersatz de Final Fantasy.
Bienvenue à Cocoon, une sorte de cité flottante. Elle s’oppose à Pulse, la terre ferme. Du moins le Fal’Cie de Cocoon ne semble pas spécialement en bons termes avec celui de Pulse. Les Fal’Cie (fi ?) sont des sortes d’entités supérieures. Et celle de Cocoon a tendance à considérer les humains comme du bétail. Elle en marque d’ailleurs certains, et par-là même leur assigne une tâche de laquelle ils ne peuvent s’écarter. Ils deviennent alors des l’Cie (rien à voir avec cinq cruches dansant comme des navets et braillant « toutes les femmes de ta vie »). Cette tâche qui deviendra alors leur raison de vivre… et les fera se transformer en goules, les Cie’th, s’ils y échouent ou en cristal pur s’ils réussissent. Tu parles d’une récompense…
Dans un grand élan de « je purifie le monde et je bute tout ce qui vient de Pulse », le Sanctum, l’armée de Cocoon, génocide peinard tous les originaires de Pulse.
Manque de bol, certains vont se rebeller. A leur tête, bonnet noir tignasse blonde, Snow. Et ils vont croiser la route de Lightning, un ex-soldat de Cocoon qui s’oppose aujourd’hui à ses anciens chefs.
Soyons clair. Si vous aimez les scénarii légers qui abordent avec naïveté les thèmes de l’amour, du destin, du racisme, de la vie, de la mort, des génocides, cette naïveté que l’on retrouve si souvent dans les produits japonais, vous serez comblés. Pour ma part, j’avoue sans honte ne pas être particulièrement sensible à cette narration que je qualifierai aisément de « gentiment neuneu ». Seulement j’ai tout de même réussi à faire abstraction et, une fois n’est pas coutume, à trouver cette histoire intéressante. Cela signifie certainement que les fans la trouveront « passionnante ». Et qu’elle l’est sans doute. A tel point finalement que, dans un grand moment de bonté et de générosité, on lui passera ses grosses ficelles (du genre de celle du début où vous allez rechercher une femme que vous trouverez, oh comme c’est bizarre, agonisante dans un endroit totalement improbable mais bon, fallait faire avancer le scénario).
Dans tous les cas, on ne pourra que saluer l’effort scénaristique. Il y en a un vrai, avec plusieurs niveaux de lectures. On a vraiment l’impression d’être dans une quête dont on ne prendra finalement la profondeur et l’importance qu’au fur et à mesure des évènements, assez savamment distillés soit dit en passant.
Bref, Final Fantasy XIII, ce n’est certes pas du Zola ou du Hugo, et ça lorgne plus vers le club des cinq, mais au moins, ça le fait bien et avec classe.
De même, le côté « asexué » des personnages ne m’a finalement pas gêné. Ce qui m’a peut-être plus dérangé, finalement, c’est que la fille la plus sexy, la plus légèrement vêtue et dont on voit le mieux les formes, soit en fait une gamine à peine entrée dans la puberté (Vanille). Une vraie incitation à la pédophilie. Rassurez-vous, elle ne fera toutefois naître aucun émoi en vous tant elle semble cruche, toujours à pousser des petits gloussements insupportables. Une vraie tête à claques.
Mais globalement, les personnages sont assez sympathiques.
Mais bon, un groupe sympa, une bonne histoire, Final Fantasy partait sur de biens bons rails…
Le seul problème, peut-être, c’est qu’il n’a pas réussi à les quitter, ces rails.
Car le jeu n’est, somme toute, qu’une enfilade de couloirs ponctués par de nombreuses cinématiques. Ou si vous préférez, une enfilade de cinématiques ponctuées par de nombreux couloirs. Des couloirs terriblement étriqués qui sont, finalement, autant de mini-niveaux sans intérêt. On avance, on frappe un monstre, on continue d’avancer, on frappe un autre monstre, tiens, une cinématique, on avance encore, on frappe un autre monstre, tiens, une autre cinématique…
Grâce à Final Fantasy XIII, le monde est un long tunnel de trois mètres de large, serait-on tenté de dire. Reste qu’avancer dans un couloir est peut-être un classique dans le jeu vidéo, mais que les développeurs tentent généralement d’atténuer cette impression étouffante grâce à tout un tas d’artifices (effets, actions, scripts, embranchements…). Square Enix n’a pas jugé bon de tenter le coup. Vous parcourrez donc des centaines de kilomètres de couloirs. Et uniquement des couloirs.
Les animations des personnages sont à la hauteur de l’imagination des développeurs : ces déplacements sont à la limite du ridicule. Si on passera sur les aptitudes ou réactions physiques totalement absurdes, on s’étonnera de ne pouvoir approcher un objet, par exemple, comme bloqué par un mur invisible, tout simplement parce que les développeurs ont décidé que ça ne servait à rien de l’approcher. Et lesdits murs invisibles, quand ils sont situés à un demi-mètre de l’objet, donnent une impression ridicule de courir dans le vide. Un peu comme on pouvait le voir dans certains jeux vidéo d’il y a… euh… cinq ans ?
Heureusement, au bout d’une bonne grosse vingtaine d’heures (Entre 20 à 25 selon votre rapidité à progresser), soit la moitié du jeu environ, le monde va s’ouvrir. Enfin. Sur Pulse, vous aurez la possibilité de faire de l’exploration (un peu) à dos de Chocobo et de la chasse au monstre. Et… euh… C’est tout.
Entre nous, cette liberté arrive bien trop tard. Subir 20 à 25 heures d’interminables couloirs pour une pseudo-liberté n’offrant, finalement, que des quêtes annexes sans génie, répétitive et à l’intérêt proche du néant, est bien trop insupportable pour ne pas être condamnée. On ne tolèrerait ça dans aucun autre jeu. Il n’y a aucune raison qu’on le fasse pour Final Fantasy.
Comme expliqué précédemment, nous vivons tous dans des couloirs de trois mètres de large. Nos ennemis également. Et qui dit ennemis, dit combats.
Les combats se déroulent selon un système de points d’actions. Une jauge se remplit et une fois pleine, elle vous permet de faire des actions. Ces actions que vous aurez choisies le temps qu’elle se remplisse, soit dit en passant. Attaquer, lancer une attaque secondaire, utiliser un objet… le tout via des menus plutôt clairs.
Si les trois ou quatre premières heures de jeu sont d’un ennui mortel et ne représentent finalement qu’une succession de validation d’actions sans intérêt pour défaire ses opposants, les combats gagnent très nettement de l’intérêt par la suite.
En effet, les personnages gagnent des rôles. Vous pourrez alors leur assigner des tâches spéciales du genre attaque, défense, saboteur, soigneur, éplucheur de smarties et j’en passe, selon différentes stratégies que vous préprogrammerez. Que ce soit des stratégies d’attaque, de sape de la défense ennemie, de prudence ou de défense, vous pourrez zapper de l’une à l’autre en plein combat. Et il faudra bien y réfléchir et bien les élaborer : vous ne dirigez qu’un seul personnage durant les affrontements et ne pouvez passer de l’un à l’autre. Ce qui est d'ailleurs bien lourd vu que certains vous correspondront mieux que d'autres mais que, de toute manière, vous serez obligé de subir celui choisi par le jeu. En fait, tout aussi intéressant soit-il, ce système de combat reste quand même un gros souci. Il est non seulement limité dans ses possibilités, mais surtout… vraiment archaïque et n'apporte finalement pas un niveau d'éclate bien supérieur . Il faut se rendre aujourd’hui à l’évidence que le système RPG japonais est, d’un point de vue du gameplay, terriblement dépassé.
Je ne dis pas qu’à une époque (Final Fantasy X-2 notamment), ce genre n’a pas fait ses preuves et n’a pas enchanté des millions de joueurs, moi compris. Je dis simplement qu’aujourd’hui, somme toute, c’est gonflant, inutile et pénible.
Et pour le coup, ici, soit on fait du tour par tour, soit on fait du temps réel. Mais le mélange des deux est une hérésie qui plombe le jeu, l’action, et qui rend les combats mous et leur fait perdre de l’intérêt et de l’intensité. Entre l’attente que la jauge se remplisse, le temps nécessaire à choisir une action et le temps nécessaire (question rapidité de réponse, on est loin du compte) pour que le personnage fasse l’action, les combats ne sont finalement qu’une succession de frappes et d’ennemis qui se regardent en chien de Fayence. Sans compter que pour ne pas avoir un combat trop « statique », les développeurs ont animé leurs personnages comme s’ils étaient montés sur ressorts.
Finalement, donc, les combats sont une sorte de réunion de Parkinsoniens mous et qui se mettent sur la tronche au même rythme que des tortues rhumatisantes. Avec parfois un bazar incompréhensible quand tout le monde frappe en même temps.
Les stratégies sont certes plaisantes et rehaussent, heureusement, l’intérêt des combats de manière importante, mais le constat reste quand même assez accablant : les développeurs japonais feraient bien de choisir un genre. Soit le tour par tour, vieille technique qui a fait ses preuves mais reste toujours intéressante et diaboliquement stratégique, soit le temps réel, quitte à s’orienter vers un système à la Dragon Age. Le mélange des deux ne fonctionne malheureusement pas vraiment.
Notez que tous vos personnages verront leur barre de vie se remplir automatiquement entre deux combats. Notez aussi qu’il n’y aura pas d’XP à gérer. Juste des points à répartir pour l’achat de bonus et de capacités et un système de matériaux très aléatoire (et hasardeux) qui vous permettra de faire évoluer vos armes et accessoires. C’est somme toute extrêmement limité.
Bon. Dis comme ça, avec ces interminables paragraphes à baver sur le jeu, Final Fantasy XIII est très très loin de valoir le coup. Je vous rassure, je trouve qu’il est également loin de valoir le coût.
Pourtant, ce n’est pas un mauvais jeu. C’est certes un jeu terriblement décevant pour un Final Fantasy. Une sorte de remontée acide d’une saga qui a perdu de sa superbe.
Mais il n’est, heureusement, pas totalement dénué d’intérêt.
Visuellement, déjà. Il est véritablement à tomber. Le jeu est absolument magnifique. Les décors sont splendides. Les effets spéciaux sont superbes. Les cinématiques sont tout simplement bluffantes. On en prend plein la vue du début à la fin. Et c’est là tout le paradoxe de ce Final Fantasy XIII. C’est un mauvais jeu, mais avec une histoire intéressante mise de façon magique en images. Alors malgré ses défauts et ses passages de jeu, on continue à jouer. On va plus loin. On en veut encore plus pour découvrir où vont nous mener ces personnages, malgré le fait qu’ils soient si mal animés.
Ensuite, l’histoire est quand même assez captivante. La narration est plutôt accrocheuse.
Un petit mot rapide sur la musique, certes très sympa avec de belles envolées lyriques, mais parfois bien mal utilisée dans le jeu. On aura donc du bon et du mauvais.
Une jouabilité simplifiée pour toucher sans doute un public plus « casual », une simple, longue et très pénible enfilade de couloirs… non, ce Final Fantasy XIII n’est que l’ombre de ce que l’on espérait qu’il soit. Il faudra forcément être fan de la saga et se faire réellement violence pour aller au bout et même pour franchir ces interminables et terribles 20 à 25 premières heures de jeu. Un calvaire que l'on ne pardonnerait certainement pas à un autre jeu et que, pour le coup, on ne pardonnera pas là non plus. Heureusement, ces pénibles heures ont été adoucies par une ambiance plutôt captivante, des graphismes vraiment époustouflants et une histoire somme toute intéressante et bien racontée.
Est-ce que cela en fait un bon jeu pour autant ? Non. Mais, grâce à une seconde moitié bien moins dirigiste et étouffante, cela n’en fait pas non plus un mauvais jeu. Pour finir, j'ai longtemps laissé mon avis osciller entre deux étoiles et demie et trois étoiles. C'est dire la déception globale et, également, la qualité finalement bien en dessous de ce que l'on espérait sur ce jeu. Finalement, si ce Final Fantasy XIII atteint très péniblement les trois étoiles (mais tout juste), ce sera vraiment pour son monde, son ambiance et sa beauté. A se dire finalement qu'en virant toutes les phases de jeu, on aurait eu un bon petit film d'animation, bien sympathique. Dommage.
Le contre-avis de Geoffroy |
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Fan de la saga Final Fantasy, je me suis jeté avidemment sur le jeu et ne l'ai abandonné qu'une fois "The End" affiché à l'écran. Et honnêtement, je n'en reviens pas d'avoir eu le courage et la pugnacité d'aller jusqu'à la fin.
Certes, le jeu est très beau. Les décors sont exceptionnels, les cinématiques sont sublimes, bref vous en prenez plein la vue durant tout le jeu, et ce même si sur Xbox 360, la compression de ces cinématiques est bien visible, surtout sur un grand écran Full HD. J’ai également bien accroché à l’univers très « teenager », ces personnages juvéniles qui vont devoir grandir trop vite dans ce monde de guerre et d’oppression. Leur design est d'ailleurs vraiment sympa, pour qui est fan de l’univers de Final Fantasy.
Seulement voilà… De jolis décors et des personnages attachants ne font pas un bon jeu. Et Final Fantasy XIII est, justement, très loin d’en être un. Pendant plus de 20 heures, vous allez suivre de simples couloirs. De tous petits couloirs. Il faudra même attendre 4 à 5 heures pour que les combats deviennent plus intéressants, avec une gestion de la stratégie d’équipe. Mais encore et toujours à utiliser dans ces maudits couloirs. Et quand on vous permet de vous évader un peu plus, l’exploration et les quêtes annexes sont trop limitées et, finalement, terriblement décevantes, pour finalement repartir régulièrement dans une progression... en couloirs.
Au final, donc, ce Final Fantasy XIII est un beau jeu, avec un beau scénario, mais doté d’insupportables longueurs, d’une linéarité affligeante, d’un manque de liberté désespérant que n’arrive pas à sauver un système de combat certes efficacemais bien trop verrouillé.
Le budget faramineux du jeu a dû passer majoritairement en soirées et restaurants de sushis. Je ne vois pas d'autre explication.
Ma plus grosse déception de 2010 jusqu'ici. |
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