Publié le Mardi 9 mars 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
La grande vadrouille
Ces salauds de ruscofs ont envahi l’Europe. Et ils sont en train de fondre sur les Etats-Unis. Paraîtrait même qu’ils ont découvert une arme de destruction si massive que la Bombe H passerait pour une solution hygiénique (d’où le H, sans doute). Bref, il va falloir non seulement découvrir ce qu’est cette fameuse arme, mais également réussir à sauver le monde libre de l’avancée coco. Et pas de bol pour la liberté, c’est la Bad Company, cette unité de loosers, qui va s’y coller.
Dice débarque avec la suite de son FPS dans lequel on peut raser un bâtiment du sol au plafond, à grands renforts de roquettes, de C4 et autres joyeusetés. Un moteur graphique et physique retravaillé, amélioré, et qui promet des sensations jusque-là jamais ressenties dans un jeu vidéo. Alors, pari réussi ?
Bon. Pour le coup, je ne vais pas me faire de copains parmi les fans de Battlefield. Le premier Bad Company n’était pas un mauvais jeu, loin de là, mais je n’avais vraiment pas accroché à son humour lourdingue, ras-des-pâquerettes, à peine du niveau d’une cour de récré de gamins de 6 ans, et surtout omniprésent. A un tel point que finalement, le jeu m’avait déplu, malgré ses qualités évidentes. Pour ce second épisode, l’humour est nettement moins prononcé. Bon, la personnalité des « héros » me dérange toujours, avec leurs incessantes chamailleries sans intérêt, mais c’est déjà plus supportable. Seulement voilà, la campagne solo ne m’a pas plus intéressé. Moins, même, au final. J’irais même jusqu’à dire que cette campagne solo est « ratée ». En cause, le level design tout moisi qui vous fait avancer dans de simples couloirs étriqués. Finies les grandes étendues. Et si on peut, à certains moments, toujours essayer de « contourner ses ennemis », ce qui donne un peu d’air frais à notre progression, la plupart du temps, vous avancez sur des simples rails. A tel point que si vous vous éloignez 10 secondes du chemin balisé, c’est le game-over direct. Et les ficelles sont généralement tellement grosses qu’on a vraiment l’impression d’étouffer et d’évoluer dans de simples couloirs. Cette impression est renforcée par une IA vraiment… euh… pardonnez-moi le mot… chiante. J’ai horreur de ces jeux dans lesquels les ennemis vous repèrent dès que vous mettez le nez à la fenêtre. Vous essayez de les contourner, ils sont en théorie occupés à se faire mitrailler par vos coéquipiers (super mauvais viseurs), mais non, ils vous tirent dessus, sur vous et personne d’autre, allant limite savoir où vous vous trouvez au mètre près alors que vous progressez en terrain couvert ou dans une maison. D’autre part, on a vraiment l’impression d’un copié-collé abusé sur les ennemis. On tue toujours les mêmes mecs, avec la même cagoule ou le même chapeau, et surtout… la même tête. C’est un poil rébarbatif.
Le jeu semble, même pour la campagne solo, pensée pour le multijoueurs. Les caisses de munitions qui permettent de vous renflouer constamment, les nouvelles armes posées çà et là… limite on a de la peine quand on tue un ennemi tellement ils sont sympas de vous faciliter les choses.
DICE a pourtant essayé de faire les choses « en grand ». En copiant le grand frère Modern Warfare. En effet, ça pète de partout, ça gicle, les bâtiments explosent, c’est rythmé et tellement speed que les passages de simple progression sans combat sont ennuyants et que vous réclamez votre dose d’adrénaline encore et encore… mais bon, il faut bien l’avouer, on est quand même très loin d’un Call of Duty question ambiance.
Pour finir, enfin, les passages en véhicule, à tirer sur ses poursuivants, est, comme de très nombreux jeux, raté et pénible, et les checkpoints sont souvent très éloignés (et donc on doit se retaper de longues portions de jeu quand on meurt).
Voilà. Mine de rien, sans vraiment le vouloir au départ, je viens de tailler un costard au mode solo de Bad Campany 2. Pour autant, il n’est pas forcément dénué de qualités. La mise en scène est peut-être moins spectaculaire que dans un Call of Duty, mais elle a le mérite d’exister et fonctionne quand même plutôt bien. Se retrouver au milieu d’une maison qui explose dans tous les sens est une expérience… comment dire… rafraîchissante. De la même manière, le gameplay est plutôt bien rodé. Les contrôles sont aisés, même si on aurait peut-être aimé un poil plus de précision sur consoles. Enfin, les ennemis, tout aussi copiés-collés soient-ils, sont tellement nombreux que les combats en deviennent rapidement épiques et intenses. Courir d’abri en abri n’aura jamais eu autant de sens. D’autant plus que ces abris ont tôt fait de partir en fumée. Il faudra avoir des yeux partout. Sur vos ennemis, et sur l’abri derrière lequel vous êtes caché, pour voir s’il n’est pas réduit en miettes. Car si vous pourrez abattre des maisons entières à grands renforts de grenades, vos ennemis, en face, ont des chars ou des lance-roquettes… et pour le coup, on évite de faire le fier face à de telles armes. D’autre part, tout aussi « couloir » soit-elle, cette aventure vous conduit quand même parfois à de larges terrains de jeux, un peu plus jouissifs et qui permettent de mieux faire passer la pilule. Et puis bon, sans être fracassant, le graphisme est plutôt réussi. Et le moteur 3D qui permet de dézinguer une maison du plafond au sol est impressionnant (sauf que les débris disparaissent en majorité pour ne pas "encombrer la mémoire" inutilement).
Bref, cette campagne solo a certains atouts. Si moi, ils ont été très loin de me convaincre, ils réussiront peut-être, vous, à vous séduire. Sauf que pour le coup… avec 6-7 heures de jeu… il faudra être vite séduit sous peine de rester sérieusement sur sa faim.
Heureusement, ce Battlefield Bad Company 2 compense tous les défauts et toutes les imperfections du mode solo par son mode multijoueurs. Et l’on se rend compte que, pour le coup, cet épisode est finalement un jeu multi qui propose un « petit » mode solo d’appoint. Et non l’inverse.
Une dizaine de cartes réuniront 24 joueurs sur console et 32 joueurs sur PC pour des affrontements monstrueux. Si les modes ne sont pas forcément très nombreux (Ruée, Conquête, Ruée en escouade, Deathmatch), ils ont le mérite d’être très efficaces et surtout de se dérouler dans des environnements formidablement bien pensés. Le level design de la campagne solo est peut-être moisi, mais celui du multi est un modèle du genre.
Dans les modes ruée et conquête, il faudra s’emparer, protéger ou détruire des objectifs. Et tous les moyens sont bons : hélicos, jeeps, quads, tanks… les cartes sont grandes, bien agencées, et offrent tout ce qu’il faut pour s’envoyer en l’air tous ensembles, avec le décor.
Le mode Deathmatch est plus classique, mais bougrement efficace également.
Vous pourrez choisir d’incarner un soldat, un ingénieur, un médecin ou un éclaireur, chacun ayant son pack d’ustensiles bien défini. Et au fur et à mesure de vos combats, vous gagnerez des points d’expérience, des médailles, et pourrez alors bénéficier de bonus et améliorations.
Le mode multi de Battlefield Bad Company est nerveux, violent, explosif, et plaira à tous ceux qui aiment les affrontements spectaculaires entre potes.
On finira enfin par dire que la prise en mains est excellente. On vise, on tire, on se déplace, le tout avec aisance. Sur PC, forcément, mais également via le paddle sur consoles. D’ailleurs, la balance du jeu a été particulièrement réussie : l’action n’est pas trop lente pour que les joueurs PC s’ennuient et pas trop rapide pour que les joueurs consoles ne soient pas débordés. Bref, le jeu conviendra aux uns comme aux autres.
Au final, ce Battlefield Bad Company 2 m’aura très sérieusement déçu concernant son mode solo qui cumule bien trop de défauts pour être tout à fait convaincant. Pourtant, il n’est pas dénué d’intérêt et offre une action assez spectaculaire. Sympa, quoi. Sans plus. Mais le gros atout de ce jeu est indéniablement son mode multijoueurs, vraiment réussi. Heureusement qu’il est là, d’ailleurs.