Publié le Jeudi 11 novembre 2021 à 11:00:00 par Julia Bourdin

 

Le Livre des Glaces - T1 : La Fille et les Etoiles, avis

Un bon roman mais qui a du mal à briser la glace

Me revoilà pour une nouvelle pause lecture. Cette fois-ci, en raison d’un début d’automne plutôt frisquet, j’écris ses lignes bien emmitouflée sous la couette. Et ça tombe bien car le livre dont je vais vous parler aujourd’hui nous emmène sur la banquise… Aujourd’hui je vais vous donner mon avis sur La Fille et les Etoiles, premier tome de la saga Le Livre des Glaces, écrit par Mark Lawrence et édité chez nous par Bragelonne.


                                                                                  


Au cœur de la glace, au sommet du mont du Roc Noir, les prêtres précipitent dans un puit les enfants trop différents et jugés inaptes à la vie dans le gel. On le surnomme le Gouffre des Absents. C’est une menace qui plane depuis toujours sur la vie de Yaz car elle le sait, elle n’a pas l’endurance caractéristique de son clan. Lorsque qu’elle est épargnée à sa grande surprise et que c’est son frère Zeen qui est jeté dans le gouffre, Yaz décide de plonger à son tour pour le retrouver coûte que coûte. Elle découvrira alors une société souterraine bien loin de tout ce qu’elle avait pu imaginer, cernée par des dangers, des monstres, des démons et des rouages…



On est donc projetés dans un univers complètement gelé, peuplé, du moins à la surface, par plusieurs clans dont la culture et le mode de vie fait évidemment penser aux Inuits. Je dois admettre que c’est un environnement que j’aime particulièrement dans la fiction et que je trouve globalement sous exploité. Les éléments de mythologies et de traditions sont assez sympathiques et nous laissent plonger doucement, du moins pour les premiers chapitres, dans ce monde.

Cependant nous sommes rapidement coupés de ces éléments pour être précipités en même temps que Yaz sous la surface, dans un monde complétement inconnu. La glace qu’elle foulait jusqu’ici et qu’elle connaissait bien devenant sa prison, la forçant à devoir découvrir un tout nouveau mode de vie.

Cependant c’est là qu’on découvre ce qui est, à mon avis, le plus gros défaut du livre : il ne prend pas assez son temps. On n’a très peu de descriptions de l’univers qui nous entoure alors que ni Yaz ni nous ne le connaissons… Et en grande partie à cause de ça, j’avais du mal à me représenter les environnements que visitait Yaz, en particulier la fameuse cité mécanique dans laquelle les enfants difonctionnels vont chercher du métal alors que c’est pour moi le cœur de l’intrigue, l’élément qui sort de l’ordinaire, qui fait peur, qui étonne... En fait pour être tout à fait exacte, une brève description arrive mais longtemps après la première visite de la cité ce qui nous laisse largement le temps de décrocher.  En effet, j’ai eu beaucoup de mal à m’immerger dans ce nouvel univers à cause de ça.

Certes, cela permet d’avoir un style d’écriture très fluide, à la fois agréable et facile à lire mais au détriment de l’immersion qui est pourtant, à mon avis, le point primordial d’un roman de fantasy.

Et là où je trouve ça encore plus dommageable c’est au niveau du rythme du récit. En effet, surtout pendant la seconde moitié, il se passe constamment un événement plus grave que le précédent qui force Yaz à bouger et à agir tout de suite. Elle court partout, elle fuit, elle est mêlée à plusieurs conflits et intrigues en même temps ce que je trouve assez désagréable ; finalement on s’essouffle en même temps qu’elle, le récit ne nous laissant pas assez le temps de respirer et d’assimiler ce qu’il vient de se passer.

Si vous êtes amateurs de ce genre de rythme effréné où tout va crescendo et de mal en pis, cela vous plaira surement. Mais personnellement, je vois le côté dramatique et la noirceur qui se détachent de ce bouquin sans pour autant m’en imprégner.

Notamment parce que je n’ai pas eu le temps de m’attacher aux différents personnages, autres que Yaz et ses quelques amours, et du coup quand ils leur arrivent un truc bah juste je m’en fous. Pire, deux fois dans le premier tome, des personnages meurent laissant les autres à hurler et à les pleurer et de mon côté j’étais juste en train de me demander « Mais tu étais qui déjà ? ».

Malgré tout je dois noter que pour l’instant, au terme de ce premier tome, j’ai bien aimé l’univers souterrain et en particulier la toile de mystères qui le recouvre. On se pose constamment plein de questions sur les différents éléments qui se profilent devant Yaz : « D’où viennent les démons ? » « C’est quoi cette cité mécanique ? » « Qui vivait dedans ? » « Pourquoi certains clans ont des pouvoirs ? » ou encore « Pourquoi Yaz peut utiliser les étoiles ? ». Et ces différentes questions, qui semblent pourtant complètement déconnectées, finissent par s’assembler petit à petit sur un grand tableau en liège.

Etant très curieuse, surement un peu trop, j’ai tout de même bien aimé élaborer des théories parfois farfelues et essayer de connecter les éléments avec que le livre ne me donne tous les indices…

Finalement, j’ai parfois trouvé cette lecture fastidieuse malgré un style d’écriture impeccable car je n’arrivais pas à me représenter l’univers et le rythme était parfois trop effréné pour m’en donner le temps. Mais malgré ça, j’envisage d’acheter la suite, pour le simple plaisir de mener l’enquête et de lever les zones d’ombre sur l’intrigue. Ce n’est clairement pas ma lecture préférée de l’année mais si vous cherchez un livre de fantasy solide chez les Inuits, vous pourriez jeter un œil au Livre des Glaces.