Publié le Jeudi 3 décembre 2020 à 12:00:00 par Vincent Cordovado

Dragon Quest XI S : Les combattants de la destinée - Edition Ultime (PS4,Xbox One, PC)

Tout bon

Difficile pour le profane de s’y retrouver avec toutes les versions de ce onzième épisode principal de la série Dragon Quest. Initialement sorti sur Nintendo 3DS et PS4, le 29 juillet 2017, au Japon, il n’est arrivé en occident que le 4 septembre 2018 sur PS4 et PC. Une version améliorée, nommée Dragon Quest XI S : Les combattants de la destinée – Edition Ultime est sortie sur Nintendo Switch le 27 septembre 2019. Version boostée aux hormones en terme de contenu, il s’agit surtout d’une promesse faite à feu Satoru Iwata de porter le titre sur Nintendo Switch, nommée Nintendo NX à l’époque. C’est maintenant cette version que débarque sur PS4, PC et Xbox One. La boucle est bouclée, comme on dit.

N’y allons pas par 4 chemins, si vous avez joué à la version Nintendo Switch, cette version n’a aucun intérêt pour vous. Certes, elle est plus belle. En effet, malgré le fait qu’il s’agit bien d’un portage de la version Switch, c’est plus fin grâce à l'anti-aliasing, plus coloré, la framerate ne vacille jamais avec ses 60 fps et l’ensemble fut un plaisir pour mes petits yeux. Mais pour le reste, c’est tout pareil. Elle n’offre rien de nouveau en terme de contenu. Mais il faut dire que la version Switch était déjà sacrément fournie par rapport aux versions PS4 et PC dont elle est issue et qu’on imagine assez mal ce qu’ils auraient pu rajouter.

Dragon Quest et moi, ça n’a jamais été une histoire d’amour. Une licence que j’ai toujours estimée comme étant un peu trop accrochée à ses racines. Si Final Fantasy, l’autre licence de Square Enix a pris pour habitude de changer ses codes d’un épisode à l’autre, Dragon Quest a toujours trop limité les innovations à mon goût. Peut-être est-ce un ressenti à tort, mais c’est honnêtement comme ça que j’ai appréhendé ce 11^ème volet. Et la claque que le titre m’a collée fut d’autant plus forte. Alors oui, c’est du vu et revu, avec un jeune garçon qui, à peine arrivé à l’âge adulte va se retrouver malgré lui dans une situation de fugitif pour découvrir qu’il est finalement l’élu qui va sauver le monde, mais pour autant, ça fonctionne bien. Peut-être parce que ça dénote clairement avec tous les JRPG actuels qui tentent des scénarios à la complexité trop poussée pour se donner un côté mature, là, on est face à quelque chose qui se comprend. A l’instar d’un film de Miyazaki qui ne brillera pas par la complexité des évènements comptés mais bien dans la manière de le faire et de les présenter. Et franchement, ça fait du bien. Rassurez-vous, le titre propose quand même son lot de révélations, mais on ne part pas dans tous les sens. Alors oui, la mise en scène est un peu archaïque, mais au final, parcourir le titre procure un dépaysement total et on reste scotché à la manette pendant la grosse cinquantaine d’heures qu’il faut pour en voir le bout. Les environnements visités sont variés et colorés, la direction artistique une franche réussite et l’humour à la sauce japonais est présent pour égayer d’avantage l’aventure. Bref, c’est du bon.

Dragon Quest XI est également old-school dans le système de combat au tour par tour qu’il propose : attaque, magie, compétences, défense et objet, ça reste très simple et accessible. Le côté stratégique viendra de la bonne gestion des buff et des altérations d’états. Néanmoins, il propose une petite subtilité avec la présence d’un mode hypertonique déblocable après avoir pris une certaine quantité de dégâts. Sorte de « transe », ce mode booste nos statistiques et donne accès à des attaques combinées. Chacun des héros possèdent ses spécificités et un métier qui lui est propre : mage blanc, mage noir, voleur ou guerrier. On retrouve clairement l’archétype des RPG, mais pour autant, ça fonctionne bien. Votre équipe augmente ses caractéristiques grâce au gain de niveaux, suite au combat. On débloque des compétences à l’instar d’un sphérier à la Final Fantasy 10 via ce qui est appelé ici l’Hexagramme, un arbre à plusieurs branches qui donnent accès à de nouveaux sorts et de nouvelles aptitudes. Cette version propose une vitesse accélérée pour les combats. Une feature qu’on aimerait retrouver dans tous les RPG tellement elle permet de gagner du temps pour ceux qui, comme moi, ont des enfants et moins de temps à consacrer à leur médium favori.

Si vous ne vous étiez pas renseignés sur la version Switch, elle mixait les éléments des épisodes PlayStation 4/PC et celle de la version 3DS. Du coup, on avait droit à tout un tas d’ajouts qu’on retrouve ici. A commencer par les chapitres inédits qui permettent d’incarner tous les personnages de l’équipe et qui offre plusieurs heures de jeu supplémentaire. On retrouve également le contenu post-game de la version Nintendo 3DS qui permet de replonger dans les précédents volets, là encore, de quoi s’amuser plus longtemps. Autre gros ajout, la possibilité de passer des graphismes 3D de la version PS4/PC à la version 2D de la Nintendo 3DS, avec toutes les modifications que ça engendre : graphiquement déjà, avec une narration plus distillée qui fleure bon la Super NES, bien qu’on retrouve certaines scènes cinématiques de la version 3D, mais notamment en terme de gameplay, les combats sont aléatoires et les menus beaucoup plus austères. C’est une feature qui change véritablement notre rapport au jeu. On terminera par le dernier ajout notable : la réorchestration intégrale de la bande-son. On peut écouter les musiques au format MIDI mais également les versions refaites par l’orchestre philarmonique de Tokyo. Feature déjà existante dans l’opus de base, mais avec de nouveaux défis réservés aux plus chauds des joueurs, on retrouve la quête draconique et ses objectifs sortis des enfers : pas d’objet de soins, les PNJ mentent, pas de repos dans les auberges, pas d’achats possibles en magasin.

Vous l’aurez compris, Dragon Quest XI S : Les combattants de la destinée – Edition Ultime est une franche réussite. Certes, il ne renouvelle pas le genre, il souffre d’une mise en scène d’un autre temps et de certaines phases de gameplay un peu foirées, mais dans l’ensemble, c'est du tout bon. C’est un jeu généreux, riche et complet qui offre à la clé un dépaysement total. A 40€ la centaine d'heures de jeu, c'est à faire. Après, d’un point de vue plus personnel, je vous conseillerai la version sur Nintendo Switch qui, bien que moins belle, offre un avantage de taille : la possibilité d’y jouer partout, lors de courtes sessions. Mais c’est une histoire de point de vue.

Hop, pour ceux qui préfèrent écouter, voici la version audio de mon test, disponible sur la chaîne de File Dans Ta Chambre. On clique, on aime et pourquoi pas, on s'abonne. On a besoin de vous !