Publié le Mardi 18 août 2020 à 12:00:00 par Riwan Hervouet

 

Paws & Soul (PC)

Une infâme merde

Bon, j’ai déjà joué à des jeux pourris, mais là, on est sur un autre type de jeu de merde : le jeu de merde qui se prend au sérieux… Paws & Soul est un jeu narratif, un peu de type walking simulator, mais qui veut initier les joueurs au principe bouddhiste de la réincarnation. Bon, ça, je l’ai appris en lisant la description sur Steam, et pas en jeu.


Vous êtes donc un Loup, qui ne sait pas qui il est. Vous pouvez vous déplacer, sauter, courir, et interagir avec certains éléments. Vous pouvez jouer au clavier souris, ou à la manette, même si bon, la manette elle ne marche pas dans le menu et n’a pas un placement des contrôles très intelligent : le bouton à maintenir pour courir est sur le bumper droit, laissant la gâchette inutilisée. J’avoue que ça m’a un peu fait mal à la main.

Comme je l’ai dit plus haut, vous ne savez plus qui vous êtes : votre objectif est donc de le découvrir. Pour cela, il vous suffira de suivre les bouboules qui brillent sur le chemin plus ou moins tracé au sol. Ces bouboules serviront à ouvrir des passages pour pouvoir avancer dans le jeu. Sur votre chemin, vous tomberez sur des personnes transparentes qui auront des dialogues.


Je le dis tout de suite : il n’y a rien qui va. Cela peut paraître décent, mais il n’y a rien qui va, quasiment tout est à refaire. On va aborder les points un par un.

Premier point : le feeling global du jeu. Le premier problème auquel j'ai fait face concernait le manque de confort du déplacement. On est obligé de marcher en orientant constamment la caméra tant le Loup a la souplesse d’un destroyer de la Seconde Guerre Mondiale. D’ailleurs la caméra a un effet visuel qui me fait mal aux yeux quand je tourne trop vite et c’est très embêtant. Sans oublier que le Loup a une animation étrange, qui donne l’impression de courir un peu de traviole. Et puis les niveaux sont longs, mais sans jamais rien proposer de très extraordinaire.


Deuxième point : la narration. Comme je l’ai dit plus haut, des personnages transparents vont se planter dans le décor durant votre avancée, et avoir des dialogues entre eux. Déjà, les personnages ont un côté très cheap par rapport au reste du jeu tant par leur modélisation assez peu élégante, que par la qualité de l’animation qui est équivalente aux Sims 1 et je ne plaisante même pas ! Les personnages ont un vrai balai dans chacun de leurs orifices ! En plus d’une animation vieillotte au possible, les dialogues et leurs doublages sont dignes des plus grands nanars du cinéma : entre un Polonais qui parle anglais en essayant de faire un accent français et les acteurs recyclés qui tentent de moduler des voix différentes sans espoir de succès, il y a de quoi rire.

Vous pensez que je crache trop sur la forme, peut-être, mais le fond n’est pas vraiment mieux… Les dialogues ont l'air d'avoir été écrits par le stagiaire de 3ème qui s’est disputer avec ses parents parce qu’il a 3 de moyenne de maths et qu’il passe son temps sur Fortnite. Le niveau des échanges entre les PNJ est digne des soaps opéras mexicains qu’on trouve sur Disney channel ! Dernier point, le Loup fait régulièrement des commentaires pour bien souligner les évidences scénaristiques, au cas où votre cerveau atrophié n’aurait pas saisi la subtilité inexistante du jeu.

Troisième point : le Gameplay. Parce que oui, j’ai eu l’impression à plusieurs reprises que le jeu avait oublié que c’était un jeu vidéo. Aucune mécanique n’est utile, aucune. Je vais éviter de faire un nouveau pavé César. Pour résumer grossièrement, normalement les mécaniques de jeu sont là pour servir les intentions des développeurs par rapport à leur message et leurs envies. Eh bien, aucune des mécaniques vues dans Paws and Soul ne participe à initier le joueur au principe bouddhiste de la réincarnation, ni à faire méditer le joueur, ou à lui faire chercher la vérité. Il n’y aucune mécanique qui joue avec la mort ou le karma, puisqu’on interagit avec rien de vivant. Il n’y a aucun moment de repos : le déplacement constant, les phases de plateforme, les stimulations visuelles non-stop avec les bouboules, les interventions du Loup, etc… Et le jeu refuse de laisser le joueur explorer et trouver son propre chemin ou recoller les bouts du puzzle lui-même : il y a un chemin et deux trois trucs à côté et c’est tout.

Quatrième point : les graphismes. Déjà gros point noir pour moi, le Loup en 3D tout mignon, c’est un asset à 15 € sur le Marketplace de Unreal Engine. Je comprends que quand on est Indé on n’a pas beaucoup de moyens, mais dans ce cas, on réduit nos ambitions pour proposer quelque chose de décent. En plus ce qui est super bête, c’est que le Loup a les pattes arrière qui partent sur le côté quand il court. Putain, il est sur mon écran non-stop et l’animation n’est pas peaufinée, c'est une honte ! Sinon, la direction artistique qui mixe le low poly et des modèles un peu plus réalistes, quoique cartoon, est sympa, même s’il y a des zones qui font un peu pauvres et sans budget comme les souterrains.

Cinquième et dernier point : le son. Le jeu se targue d’avoir une grande bande-son… Pour dire ça vite, ils n’en ont pas. Entre les musiques d’ambiance libres de droit, les bruits de piafs qui ressemblent à un crissement de craie sur un tableau noir, et le mixage des voix qui a été fait à la dernière minute, ce n’est pas tellement digne d’une bande-son mémorable.


Je suis désolé d’avoir été aussi long pour un titre qui n’a que quelques heures de jeu, mais c’était important pour moi de bien expliquer pourquoi les développeurs ont fait un mauvais travail. Certes, c’est un projet bâclé, mais il y a eu des efforts et des idées, faut reconnaître ça. Bon, c’est le genre de boîte qui va faire un jeu juste après avec les mêmes assets graphiques, les mêmes mécaniques à deux-trois détails près, et les mêmes arguments de vente. Je vous invite donc à regarder la page Steam de Paws and Soul et celle de Life on the Hook, pour voir le niveau de battage de couilles. Attention ! N’achetez surtout pas !