Animal Crossing New Horizons (Nintendo Switch)

 

Publié le Mardi 24 mars 2020 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de Animal Crossing New Horizons (Nintendo Switch)

Chiant sur la longueur ?

Jean-Eudes* est un con. Jean-Eudes a peur du Coronavirus. Et comme Jean-Eudes a du pognon, il décide d’émigrer sur une île déserte. Enfin, quand on dit déserte, il y a des arbres fruitiers, des cours d’eau avec plein de poissons dedans, des rochers à miner et j’en passe.
Seulement Jean-Eudes n’a pas non plus des monstres de thunes. Il doit donc partager son île avec deux autres personnes. Et puis, une fois arrivé, Jean-Eudes tombe sous la coupe d’un esclavagiste véreux qui profite de lui : Tom Nook, un tanuki à mi-chemin entre le raton laveur et le hérisson sous chimio. Jean-Eudes se retrouve alors à pioncer dans une pauvre tente minuscule et doit trimer comme un forçat pour au choix, avoir le droit à une vraie maison, construire un musée, construire une boutique, des ponts et même construire des maisons pour les futurs occupants. Pire : il doit construire des meubles gratuitement pour ces nouveaux-venus.

Mais Jean-Eudes est content. Et comme il s’en branle grave de la faune et de la flore, il passe son temps à pêcher des tas de poissons, choper des tas de papillons et d’insectes et à les revendre à Tic et Tac**, dont on ne sait ce qu’ils en font, même si on a une petite idée, rapport à leur récent contrat de partenariat avec Sushi Shop. A l’occasion, Jean-Eudes les file aussi à un hibou, improvisé gardien de musée, qui entasse donc ces pauvres petites bêtes dans des cages ou des aquariums minuscules.
En tant que gros psychopathe, Jean-Eudes décime les mers et rivières et participe pour 90% à l’extinction des espèces de papillons (source Sanchez-Bayo & Wyckhuys – Bilogical Conservation 2020). Car plus il en chope, plus il gagne de la thune et peut rembourser ce salopard d’escroc de Tom Nook. Une fois ses dettes épongées, Tom Nook oblige Jean-Eudes à contracter de nouveaux emprunts pour agrandir sa demeure ou l’embellir. Et comme on vous a déjà dit que Jean-Eudes est un con, il accepte.

Alors il continue d’exterminer des espèces entières. Et va même jusqu’à visiter des tas de nouvelles îles, qu’il pille sans vergogne, dans le but de tuer encore plus de papillons, d’insectes, de poissons, de crustacés, de coquillages… Pire encore, comme Jean-Eudes est un abruti et ne sait pas se servir d’une canne à pêche, d’un filet à papillons ou d’une hache, il ne cesse de casser ses outils et doit donc couper des forêts entières pour s’en fabriquer encore et encore. Jean-Eudes n’est pas seulement un con. C’est un fléau.


Animal Crossing New Horizons reprend la même recette, exactement, que les jeux précédents. Une nouvelle vie sur une île et vous qui allez devoir la faire évoluer, la développer, la faire vivre… Ce nouvel opus ajoute quelques petites innovations. Une perche pour franchir les cours d’eau, une échelle pour grimper sur les hauteurs (accessible uniquement une fois que vous avez invité 3 personnages à venir s’installer sur votre île)… Certes. Il y a plein de petits ajouts par rapport aux versions précédentes. Mais il s’agit principalement d’ajouts mineurs : le système, le ressenti, les choses à faire… tout reste plus ou moins comme avant.

Vous passez donc votre temps à aller chasser les insectes, pêcher, récolter des fruits, avec quelques défis à remplir (prendre une photo, attraper un spécimen spécial, vendre des choses, en acheter, abattre des arbres, en planter, arroser des fleurs… etc.) qui vous permettent de récolter des « Miles ». Avec ces « Miles », vous pouvez acheter des choses, notamment des billets pour aller visiter d’autres îles et récolter de nouvelles espèces. Chaque île est unique, dixit le jeu. Bon, au bout de la sixième île bâtie sur le même modèle et vous offrant les mêmes ressources, vous aurez un petit doute sur la définition du mot « unique » dans le dictionnaire d’Animal Crossing. Mais au moins, ces visites permettent de vite récolter des fruits et autres choses (pépites de fer notamment) au lieu d’attendre 2-3 jours qu’elles fleurissent chez vous.

De la même manière, vous allez récolter des tas de plans de construction d’objets, qui nécessiteront des ressources (bois, pierre, fer, argile, bambou, fruits, fleurs…). Constructions qui donc vous obligeront, là encore, à dézinguer la nature, pire qu’une entreprise d’huile de palme.

Animal Crossing New Horizons reste un jeu charmant, comme avant. Pas de problème. La saga a le chic de s’attirer les bonnes grâces des plus jeunes, mais aussi des plus âgés, même des gamers, qui lui trouvent un « je-ne-sais-quoi » de charmant et de passionnant.

Mais j’avoue que cet épisode m’a personnellement ruiné cette expérience. En cause, cette idée saugrenue et complètement foireuse de proposer un jeu en temps réel. Autrement dit, le temps s’écoule à la même vitesse que le temps réel. Quand on vous annonce que vous serez livré le lendemain, c’est qu’il faudra vraiment attendre 24h pour obtenir votre objet. Quand on vous explique que le musée sera fermé 48h, c’est qu’il faudra vraiment attendre deux jours réels avant de le voir rouvrir…


Marrant sur le papier, ce système ne fonctionne malheureusement pas sur un jeu comme Animal Crossing. La faute à un manque cruel de variété d’action. Vous allez donc passer des parties entières à juste choper du poisson, récolter des fruits et choper des papillons… dans le seul but d’attendre le lendemain que de nouvelles options se débloquent. Et si les premiers jours, vous débloquerez effectivement de nouveaux trucs, de nouveaux objets, de nouvelles actions… au fil du temps, plusieurs jours s’écouleront avant qu’il se passe réellement quelque chose.
Une vraie lassitude s’installe très rapidement. Et si d’aventure vous vouliez briser la monotonie et aller visiter l’île de vos amis, sachez qu’il vous faudra obligatoirement un abonnement au Nintendo Online pour ça…

On pourra aussi citer, dans la lassitude, le fait que multiplier les actions de récolte et de revente signifie se taper encore et toujours les mêmes dialogues interminables… impossibles à passer.

Bref. Animal Crossing New Horizons reste un jeu Animal Crossing : mignon, addictif, fun… mais ça manque d’innovation. On aurait aimé de plus grandes îles, des biomes vraiment différents, de vraies nouvelles espèces animales… parce qu’il s’agit des mêmes qu’avant, avec les mêmes jeux de mot pourris… Il y avait sans doute des dizaines de choses à faire pour profiter pleinement de la capacité de la Nintendo Switch… mais finalement, on se retrouve avec un épisode pas si différent du dernier en date sur 3DS.

Un bon jeu, donc, mais qui nous a déçu par son manque d’envergure et ses choix très discutables.

*pour des raisons évidentes de respect de l’anonymat, le prénom a été changé
** pour des raisons évidentes de respect de l’anonymat, les prénoms ont été changés

 

 
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Animal Crossing New Horizons (Nintendo Switch)

Plateformes : Wii U

Editeur : Nintendo

Développeur : Nintendo

PEGI : 3+

Prix : 60 €

Animal Crossing New Horizons (Nintendo Switch)

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