Detroit Become Human (PS4)

 

Publié le Jeudi 24 mai 2018 à 14:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de Detroit Become Human (PS4)

Les joueurs androïdes jouent-ils avec des moutons électriques ?

imageLes œuvres signées David Cage et Quantic Dream ne sont, à bien y réfléchir, pas vraiment des jeux vidéo à proprement parler. Ils se définiraient plus comme des « expériences interactives ». Leur gameplay simple, voire minimaliste, à base de mouvements basiques réalisés avec le stick droit de la manette et de QTE (Quick Time Event) qui consistent à appuyer sur la bonne touche au bon moment, se focalisent plus sur l’implication morale et psychologique du joueur que sur une éventuelle implication physique via la nécessité de réaliser de nombreux mouvements ou combinaisons de touches.

Après un excellent Heavy Rain et un touchant Beyond : Two Souls, Detroit : Become Human s’inscrit totalement dans cette lignée où le scénario prime sur tout le reste.

Avant d’acheter un jeu Quantic Dream, il faut donc en être pleinement conscient et le juger tel quel. De la même manière qu’on ne testera pas selon les mêmes critères un Point & Click ou un FPS bien bourrin. A part quelques déplacements et des interactions avec des objets, tout ici sera affaire de choix, de discussions, de prises de décisions. Que ce soit bien clair.

Detroit : Become Human n’est donc pas spécialement un jeu. Pas même un film interactif, à vrai dire. A bien y repenser et selon les sensations que j’ai pu avoir durant le jeu, ce serait plutôt une série TV interactive. Et l’idée est particulièrement intéressante, même si le résultat n’est pas dénué de défauts et montre parfois ses limites.


screenMais mettons-nous dans l’ambiance. Nous sommes en 2038 et l’humanité a découvert la robotique. Les androïdes assistent désormais les humains dans toutes leurs tâches ménagères ou professionnelles. Résultat, le chômage explose, un androïde coûtant au final moins cher qu’un employé vivant et étant moins casse-couilles qu’un syndicaliste.
L’histoire se déroule à Détroit. La ville où Cyberlife, le constructeur des androïdes, s’est implanté.

La ville est secouée par une série de meurtres d’humains par des androïdes. Des androïdes qui deviennent… déviants. Pourquoi ? Comment ? Dans quel but ? Que va-t-il se passer ? C’est à vous de le découvrir…
Le jeu s’ouvre de manière assez spectaculaire sur une scène relativement intense : vous jouez un androïde, Connor, mis par Cyberlife à la disposition de la Police pour jouer les négociateurs. Vous débarquez sur une prise d’otages. Un déviant a assassiné ses maîtres et menace de jeter une fillette par-dessus la terrasse d’un immeuble.
Etude de la scène du crime pour mieux comprendre les raisons qui ont poussé cet androïde à agir de la sorte, extrapolation sur le déroulé des évènements, étude des liens entre l’androïde et la famille qui le possédait… selon vos découvertes, vous ouvrirez des possibilités de dialogues qui sont autant d’aides dans la résolution de cette affaire, voire même carrément de solutions.

Serez-vous sincère ? Aiderez-vous l’androïde ? Ou uniquement la fillette, quoi qu’il en coûte ?

screenDurant tout le jeu, vous allez alterner entre trois protagonistes, aux destins qui vont forcément se croiser. Connor, qu’on assignera comme coéquipier à Hank, un flic alcoolique qui déteste les androïdes, et qui devra aussi faire des rapports et donner des explications de ses actes à Cyberlife. Kara, une androïde qui va sauver la fillette d’un père ultra-violent et drogué, et s’enfuir avec…
Et enfin Markus, assistant d’un vieux peintre à succès qui le considère comme son fils. Et pour cause, son vrai fils, drogué, n’est qu’une immense déception pour lui. Mais lorsqu’un évènement tragique va survenir, Markus va se retrouver malgré lui à la tête de la révolte des androïdes.

Chaque scène aura son lot de décisions à prendre. Connor sympathisera-t-il avec Hank ? Deviendra-t-il déviant ? Markus va-t-il mener une révolution pacifique ou violente ? Pacifique malgré le fait que les humains tuent sans sourciller des centaines d’androïdes ? Violente malgré tous les risques que cela comporte ? Kara fera-t-elle confiance à ses pairs ? Aux humains ? Créera-t-elle une relation familiale mère-fille avec la fillette ? Tous vos choix, vos actes, vos paroles ont des incidences, débloquent ou non des chemins, offrent ou non des solutions ou des aides dans vos décisions…  Et surtout, le choix des uns peut influencer le sort des autres…

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screenA la fin de chaque scène, vous aurez un récapitulatif de vos choix. Et verrez tous les embranchements que vous aurez raté (vous n’en verrez que l’arborescence, pas le contenu, pour vous offrir une rejouabilité du titre). Et c’est là que l’on se rend compte à quel point Detroit : Become Human est un jeu énorme. Des dizaines d’embranchements, de possibilités… chaque expérience est finalement unique. Il faut bien en être conscient. Quand on parle d’arborescence incroyable, ça l’est vraiment. C’est sans nul doute le jeu qui en offre le plus, dans toute l’Histoire du jeu vidéo. Une sorte de super livre dont on est le héros, si vous voulez le rapprocher à quelque chose de plus concret.

Vous pourrez même voir les choix des autres joueurs, affichés en pourcentages. Par exemple, je peux vous annoncer que la fin du jeu, telle que je l’ai vécue, n’avait été « choisie/réussie » que par 4% des joueurs au moment où j’ai terminé le jeu…
Vous pourrez donc discuter avec vos amis qui auront joué au jeu, il y a peu de chance que vous ayez vécu la même première expérience.

screenAlors Detroit : Become Human n’est pas parfait, comme je vous le disais, et montre certains de ses défauts. Après une intro assez tonitruante (du moins pour Connor et Kara), le jeu s’enferme un peu dans des clichés ou évidences liées à la fameuse question « Les androïdes déviants sont-ils des êtres vivants ». Vu et revu mille fois… Et durant une bonne heure, voire deux, on joue des scènes assez évidentes, dont les issues, quoi qu’il arrive, sont relativement convenues. Quand on regarde en arrière une fois le jeu fini et que l’on analyse cette partie, on se rend compte toutefois qu’elle était nécessaire pour bien vous mettre dans le bain et cerner chaque personnage. Se les approprier. Mais ça fera peut-être quand même tiquer certains.
De la même manière, j’avoue avoir eu du mal, au début à me défaire un peu de mon « humanité » et de penser « androïde ». Voire penser « androïde déviant ». Puis, dès que vous avez choisi une ligne de conduite et vous y confortez, le jeu prend par contre toute son envergure.

Chaque scène devient alors tel un épisode de série, une série dont vous voulez absolument connaître le dénouement, dénouement sur lequel vous influez directement ou indirectement par vos choix. Vous en regretterez certains. Vous en applaudirez d’autres. Vous créerez des amitiés, vous en détruirez peut-être d’autres.


screenLe jeu est surtout porté par des graphismes sublimes, une ambiance exceptionnelle, une musique qui vous porte à chaque instant et, c’est à souligner vraiment, un jeu d’acteur formidable. Mention spéciale à Lance Henriksen ou Jessie Williams, notamment.

D’un point de vue personnel, j’ai vibré avec ce Detroit : Become Human comme j’avais vibré avec Heavy Rain. Mes choix m’ont porté vers une fin extraordinaire, sublime et juste, et j’avoue sans honte avoir eu les yeux humides tellement c’était puissant. Vous n’aurez peut-être pas cette même fin. Cette même émotion. Mais des émotions, vous en aurez. Chaque personnage est susceptible de mourir. Même les personnages principaux. Vous vous rendrez compte, surtout, que certaines décisions, même les plus basiques, peuvent avoir un poids énorme dans le dénouement…

screenQuoi qu’il en soit, oui, tout n’est pas parfait dans Detroit : Become Human. Des caméras parfois pénibles qui vous inversent les directions. Des passages convenus et prévisibles. Des raccourcis un brin grossiers. Mais dans l’ensemble, si vous jouez le jeu (sans jeu de mot), vous allez vibrer vous aussi. Vous allez plonger dans une histoire forte et passionnante. Pleine de petits bonheurs et parfois de frustrations. Une réalisation aux petits oignons, une histoire qui prend de l’ampleur et gagne en intensité à chaque épisode…

Detroit : Become Human n’est pas un chef d’œuvre du jeu vidéo. C’est un chef d’œuvre d’expérience interactive. Comme vous n’en verrez nulle part ailleurs.

 

 
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Detroit Become Human (PS4)

Plateformes : PS4

Editeur : Sony

Développeur : Quantic Dream

PEGI : 18+

Prix : 70 €

Aller sur le site officiel

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