Publié le Vendredi 5 mai 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Syberia 3 (PC, Xbox One, PS4)

Retour d'une vieille amie

A une époque où le jeu d’aventure était encore nimbé d’une certaine aura, la saga Syberia a marqué toute une génération de fans. L’histoire de Kate Walker, cette jeune avocate plongée dans un monde d’automates, de mammouths et de dangers insoupçonnables… Signée Benoît Sokal, cette série réussissait avec brio à mêler esthétisme et aventure.

13 ans après le deuxième opus, Kate Walker nous revient avec Syberia 3. La seule question qui se pose, finalement, c’est de savoir si la déterrer était une bonne idée ou s’il aurait mieux valu rester sur nos souvenirs passés…

Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de prendre ce test à l’envers. A savoir vous exposer d’entrée les défauts de ce nouveau jeu. Et ils sont nombreux. Aux rangs desquels on pourra citer un manque certain de modernisme. Techniquement parlant, Syberia 3 est dépassé. A presque tous les niveaux. Les animations, en général, sont rigides, voire sommaire – donc mal faites – en ce qui concerne les visages des personnages. La synchronisation labiale étant sans doute le plus gros souci. La jouabilité est perfectible. Si l’utilisation d’un clavier et d’une souris n’est pas non plus insurmontable,  vous devriez être clairement plus à l’aise avec une manette entre les mains.
Ajoutez des soucis récurrents de caméra, qui a tendance à foutre le camp à des moments où il ne vaudrait mieux pas, ou même carrément durant les dialogues. Et pas mal de bugs de collisions, de chute de framerate… sans oublier des temps de chargement clairement trop longs.


Syberia 3 a été développé avec un petit budget. Et ça se voit. Ça se sent dans presque tous les aspects techniques du titre. On a quand même tendance à se dire qu’avec un peu plus d’attention, avec une petite rallonge budgétaire, voire avec quelques talents supplémentaires, on aurait quand même pu avoir mieux.

Bref, Syberia 3 est loin, très loin d’être un jeu parfait. Et on espère réellement que les développeurs vont vite retourner à leurs tables de travail pour nous pondre quelques patchs correctifs. Dans les meilleurs délais.

Et pourtant, malgré ces reproches, malgré ces petits soucis qui pourraient sembler rédhibitoires, vous auriez vraiment tort de passer à côté de ce jeu.
D’une part parce que les jeux d’aventure sont aujourd’hui décidément trop rares. D’autre part parce que ce Syberia 3 a un charme fou. Finalement, la technique n’est pas importante. C’est juste un détail. Juste une marche ratée dans un grand escalier de plaisir et d’émerveillement.

Toujours aussi charismatique, Kate Walker nous entraîne dans de nouvelles aventures passionnantes. Elle se réveille, après avoir échappé de peu à la mort, dans un hôpital, à côté d’un Youkol, ce peuple nomade. Manque de chance, il s’agit de leur guide. Blessé, il a été amputé d’une jambe et se désole de ne pas pouvoir reprendre la route. De son côté, Kate est poursuivie et doit absolument fuir. Difficile quand il s’agit de faire face à un médecin légèrement psychopathe et qu’elle accepte également de venir en aide aux Youkols…


Dès le premier dialogue, dès la première scène, et ce même si vous n’avez pas joué aux deux premiers épisodes, vous êtes sous le charme. L’intelligence de l’écriture, tout d’abord. Sans être tortueux, sans être simpliste non plus, le scénario se déroule tranquillement, savamment, avec brio, et capte du début à la fin le joueur. L’ambiance, ensuite, est totalement enivrante. Qu’il s’agisse des personnages, dont on pardonnera aisément que certains soient légèrement caricaturaux, ou qu’il s’agisse des lieux traversés, tout est propice au voyage. Sous la plume toujours aussi experte de Benoît Sokal, Syberia 3 se regarde avec les yeux avant tout. C’est beau, c’est parfois sublime, c’est captivant, bref, on en redemande encore et encore.

L’autre bonne nouvelle, c’est que les énigmes, sans être facile, ne sont jamais non plus complètement tortueuses ou délirantes. Suivez la logique, suivez votre instinct, et si vous resterez parfois un brin bloqué, ce ne sera jamais trop longtemps avant de trouver la solution. C’est un vrai bol d’air, que de retrouver ce genre de jeux dans lesquels on progresse pas à pas, dans lesquels on prend le temps. Le temps de réfléchir, de découvrir, d’admirer.

Jamais rébarbatif, jamais redondant, toujours dépaysant et charmeur, Syberia 3 va conquérir votre cœur si vous êtes amateurs du genre.
Dans la digne lignée des deux précédents, ce nouvel opus nous rappelle à chaque instant combien Kate Walker nous avait manquée.

Vite, Syberia 4.