Publié le Jeudi 4 mai 2017 à 12:00:00 par Vincent Cordovado
Persona 5 (PS3/PS4)
En rouge et noir
A la base simple spin-off de la série Shin Megami Tensei, la série Persona aura su s'émanciper grâce à ses propres codes pour finalement devenir, au fil des années, une référence dans le monde du J-RPG. Bon, certes, le phénomène Persona n'est pas aussi fou sur notre beau territoire qu'il l'est dans l'archipel nippon, mais il n'empêche que chaque épisode et spin-off basé sur cette licence passe la frontière, même si c'est uniquement en anglais. Aujourd'hui c'est le cinquième volet qui arrive jusqu'à chez nous. Pratiquement 8 ans d'attente entre cet épisode et son grand-frère, Persona 4, moitié moins si l'on compte le remake PS Vita sorti en 2013. Bref, autant dire qu'on l'attendait de pieds fermes. Mais ça valait grandement le coup d'être patient. Vraiment.
Tout commence par un cambriolage qui foire. Suite à un vilain tour, notre Arsène Lupin des temps modernes se fait attraper. Menotté, passé à tabac dans les règles de l’art, l’interrogatoire qui s’en suit va retracer tous les événements qui ont permis d’arriver jusqu’à ce jour. Persona 5 est donc en très grosse partie un énorme flash-back que l'on vivra jour après jour, retraçant nos activités de lycéen la journée et de voleur la nuit. Sans en dire de trop, l’intrigue est sans aucun doute la plus intéressante proposée dans la saga. On appréciera en tout cas que toutes les cinématiques habituelles de début de Persona aient été troquées par un prologue jouable qui nous plonge directement dans l’action. Cette mise en bouche permet de découvrir les nouveautés de gameplay pour les habituées et de poser les bases des combats pour les néophytes. Une entrée en matière éclatante qui ne donne qu’un peu plus envie de découvrir l’univers.
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Quand vous n’êtes pas gentiment en train de réviser ou d’aller mater un film au cinéma, vous êtes dans le monde parallèle, prêt à voler le cœur de votre cible. Chaque mois suivra plus ou moins le même cheminement : un vilain est identifiée, il faudra alors lui «voler son coeur » en lui subtilisant le trésor dissimulé dans son Palace et ce, avant une date butoir qui, si elle est dépassée, conduit au Game Over. Le Palace est la personnification des désirs corrompus de son propriétaire. Il prendra diverses formes durant l'aventure : musée, pyramide, château, banque, casino, etc. Le tout étant de trouver le chemin jusqu'à la salle du trésor. Une fois l'objectif atteint, il faudra attendre le lendemain et l'envoi d'un faire-part annonçant le vol pour terminer votre « méfait » et combattre le propriétaire du palace. Le trésor entre vos mains, le méchant n'a plus d'autres choix que d'avouer ses fautes dans la réalité. La grande nouveauté est que contrairement à Persona 4, ici les donjons ne sont pas générés aléatoirement. Chacun à son propre thème avec ses propres mécanismes pour en venir à bout. C'est bien fichu, réfléchi et cela permet de renouveler l'expérience à chaque fois. Et on appréciera la variété parce que chaque Palace est long, comptez trois bonnes heures pour en voir le bout. Vol oblige, l'infiltration est de rigueur. Bon, c'est rudimentaire, on se cache contre un mur, on glisse vers une autre position et c'est réglé mais c'est primordial pour deux raisons : la première est qu'une jauge de danger est présente et que si l'on atteint 100% on se fait purement et simplement virer du Palace (mais il faut le faire), la seconde est bien plus importante, si on se fait repérer, on prend le risque de se faire attaquer en premier par l'adversaire et ça peut conduire au drame.
Car oui, Persona 5 est difficile. Les habitués de la série le savent, chaque épisode est loin d'être une balade de santé, même en normal. Les combats au tour par tour demandent de jouer sur les points faibles des ennemis afin de pouvoir attaquer 2 fois plus et inversement, il faudra veiller à ses propres faiblesses pour ne pas donner des tours d'attaque supplémentaires aux ennemis. Si vos coéquipiers n'auront qu'une Persona, vous pourrez en "capturer" afin qu'elles vous prêtent lors pouvoir. C'est donc à vous de jongler entre les forces et faiblesses de chacune, selon votre adversaire. Les points de magie, le SP, sont extrêmement rares et il faudra véritablement les utiliser avec parcimonie. Comme je vous en parlais en début de test, on appréciera les «nouveautés » présentes au niveau des combats : à commencer par le retour des armes, comme dans les premiers épisodes de Persona. On appréciera également le retour de certains types d'éléments venant gonflés les possibilités de combinaison ou encore le fait de pouvoir négocier avec les Persona. On pourra ainsi leur proposer de rejoindre nos rangs, leur extorquer de l'argent ou un objet. L'ajout le plus intéressant à mon sens étant l'arrivée d'un baton relais permettant de changer d'attaquant lorsque l'on frappe un point faible ennemi. Sans être compliqué, les combats de Persona 5 sont plein de subtilités qu'il faudra absolument maîtriser pour ne pas se retrouver bloqué dans un donjon.
Graphiquement, si le titre ne brille clairement pas par ces graphismes, c’est vraiment du côté artistique qu’il dépote. Que ce soit le design des menus, son esthétisme global rouge et noir et tous les effets qui lui sont propres, le jeu d’Atlus possède sa propre patte, sa propre signature. En découle un jeu qui offre sa propre ambiance et dont on ne se lasse pas, le tout, sublimé par une bande-son acid-jazz dont la Team Persona à le secret. Clairement, s’il n’est pas une réussite technique, c’est une véritable réussite artistique et au final, un plaisir pour les yeux.
Arrivé là, vous avez bien compris que le titre est une petite tuerie. Mais tout aussi chouette soit-il, il n’est pas exempt de défauts. Outre ses graphismes plutôt moyen Persona 5 souffre de problème de caméra. Elle peut se montrer capricieuse par moment, ce qui peut vous faire foirer une embuscade, voire vous faire repérer et finalement vous faire défoncer la tronche parce que vous n’attaquez pas en premier. Rageant. Autre aspect qui m’a moyennement convaincu, le Mémentos. Il s’agit du seul donjon aléatoire du jeu. Son intérêt est triple : capturer des Persona (bien utile étant donné que les Palaces, une fois terminé, ne sont plus accessibles), se faire de l’expérience mais également réaliser les quêtes annexes du titre. Franchement, si certaines de ces quêtes proposent des situations plutôt sympa, d’autres sont relativement chiantes et pas intéressante pour un sous. Finalement, on ne va que très rarement dans le Mémentos pour faire les quêtes. On attend d’en avoir 5-6 en stock et on se les fait en une seule visite. Dernier défaut, les allergiques de la langue de Shakespeare peuvent passer leur chemin, le titre est intégralement en anglais sous-titré anglais. Le niveau, sans être compliqué, nécessite des bases solides pour comprendre certaines vannes ou jeux de mots. Mais vu la quantité de dialogues (on passe une grande partie de son temps à lire), autant dire qu’il faut en être bien conscient.
Reste que ces défauts sont minimes comparés au plaisir que l'on prend à le parcourir. C’est assez grisant de se faire son petit planning pour optimiser la montée de son équipe. Il ne sera pas rare de vous dire « mais si j’avais fait si ou ça à tel moment, peut-être que… » mais c’est justement ça qui fait le sel de la licence Persona. Le New Game + vous offrira de quoi optimiser d’avantage votre temps, puisqu’à défaut de garder les niveaux de lien entre les protagonistes, les statistiques de votre personnage restent, vous permettant de vous consacrer à autre chose qu’à les faire monter. Au final, le titre est riche, prenant et surtout diablement long, une centaine d’heure pour la première partie. Pour tout vous dire, si le test a mis autant de temps à être écrit, c’est parce que je voulais le terminer avant de l’écrire et voir si le plaisir tenait sur la longueur. Vous l’aurez compris, le pari est réussi. Il s’agit tout simplement d’un indispensable pour tous les fans de J-RPG.
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Persona 5 (PS3/PS4)
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