Publié le Jeudi 30 juin 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de The Technomancer (PC, PS4, Xbox One)

Ce n'est pas passé loin

Spiders, studio français à qui l’on doit Mars : War Logs ou encore Bound By Flames, nous renvoie sur la planète rouge pour une toute nouvelle aventure. The Technomancer est un jeu de rôle ambitieux et surtout prometteur. Reste à savoir si le studio a les moyens – et le talent – de ses ambitions…

Et le jeu commence plutôt bien. Avec un background plutôt intéressant. Nous sommes sur Mars, donc. Une colonie de la Terre, abandonnée et n’ayant plus de contact avec la planète bleue, survit tant bien que mal dans des conditions difficiles. La société y est organisée en castes et la plus puissante de toutes est celle des Technomancer. Ces personnes sont douées de pouvoirs électriques et servent à la fois d’armée et de milice.

Vous êtes Zachariah Mancer, l’un de ces Technomancer. Et vous venez tout juste de finir votre formation. On passera sur la déception de ne pas pouvoir choisir tout à fait son personnage, même si l’on peut définir son apparence physique, pour se concentrer sur l’ambiance. Et sur Mars, l’ambiance n’est pas trop à la fête. Société opprimée, affamée, pauvre, rythmée par les différents conflits entre castes. Sans parler des brigands, innombrables apparemment, qui fourmillent dans les sous-sols des cités et n’hésiteront pas à vous tomber sur le râble alors que vous passiez juste là par hasard…  Comme quoi, le manque de vacances, ça porte sur les nerfs de tout le monde.


La gestion du personnage se fait via des arbres de compétences. Déjà, il faut savoir que 3 styles de combat, qui définiront grandement votre personnage et ses aptitudes, sont disponibles : guerrier, avec un bâton, Rogue, avec une épée et un flingue, et Gardien, avec un bouclier et une matraque. Si la plupart des joueurs semblent s’orienter vers le Rogue, personnellement, j’ai préféré le Guerrier et son approche plus rapide du combat. Il est tout à fait possible de ne se cantonner qu’à l’un de ces 3 styles, ou tenter de développer un peu tous à la fois. En effet, par simple pression d’un bouton lors des affrontements, vous passerez d’un style à l’autre immédiatement.
D’autre part, vous pourrez augmenter quelques compétences ou caractéristiques du personnage comme le crochetage, l’endurance, la force, l’artisanat, la furtivité… Sachant que les points distribués pour augmenter tout ça sont distribués très sporadiquement, il faudra bien réfléchir au type de personnage que vous voulez jouer, avant de vous lancer dans des augmentations farfelues « juste pour voir ».

A part ça, The Technomancer est assez classique dans son fonctionnement : une quête principale, que viennent entrecouper des missions annexes. Le tout pour environ une quarantaine d’heures de jeu. Ce qui en soit est plutôt pas mal, avouons-le. D’intérieurs en extérieurs, de missions données par votre hiérarchie à celles données par les marchands ou les badauds, vous allez donc vous transformer en bonne à tout faire.
Et c’est un peu là que le bât blesse. Le jeu de Spiders a beau être très ambitieux, il ne s’offre clairement pas les moyens scénaristiques de parvenir à ses fins. La faute à des soucis évidents d’écriture. Les discussions plates et sans saveur que n’arrivent pas à relever un doublage franchement passable, viennent plomber l’ambiance. Ajouter des quêtes annexes mal amenées, mal scénarisées, qui vous transforment en véritable pigeon voyageur pour débiles profonds. Bon nombre de fois, vous aurez juste envie de claquer la gueule d’un marchand qui vous prend pour un crétin en vous demandant d’aller voir un collègue situé à 50 mètres de là afin de lui poser une question alors que ça ne lui prendrait que deux minutes pour le faire lui-même et ça vous éviterait des allers-retours inutiles pour apporter la réponse, ou aller reposer une autre question…
C’est aussi l’un des soucis du jeu : les allers-retours, très nombreux, que vous allez vous taper. Assez gonflant, notamment quand le chargement de zone vous recolle les mêmes ennemis, aux mêmes endroits, à combattre à nouveau, alors que les corps encore chauds de leurs précédentes incarnations sont encore à terre devant eux… Pas très malin, techniquement parlant, ça.


Il y a d’autres soucis, dans le jeu. Les combats, pas inintéressants au demeurant, sont quand même tous à résoudre de la même manière : esquive, frappe, esquive, frappe… et parfois fuite. Notez que même si vous avez latté un ennemi de la moitié de sa barre de vie, si vous fuyez et revenez une seconde plus tard, si la routine du jeu a été relancée, sa barre de vie sera à nouveau pleine…
Bref, ça manque de cohérence, et les combats de nervosité. Surtout qu’il ne faudra pas trop compter sur vos acolytes. Vous pourrez avoir jusqu’à deux personnages qui vous suivront dans vos pérégrinations, mais leur pathfinding est complètement à revoir, et leur efficacité toute relative. Surtout que finalement, les ennemis sont vraiment très très résistants… même au niveau le plus faible du jeu. Vous avez beau être, en théorie, un super-soldat, vos électrocutions font plus penser à une pile alcaline qu’on se colle sur la langue, qu’à deux doigts dans la prise. Y’a quand même comme un décalage.

On passera enfin sur les bugs, innombrables, que l’on nous annonce corrigés via un patch day one, voire day two, voire week one… ou encore sur les soucis de caméra, problème classique des vues à la troisième personne.

Au final, donc, The Technomancer est un jeu de rôle ambitieux. Certes. Mais trop ambitieux semble-t-il. Et Spiders n’a pas réussi à atteindre le niveau de satisfaction requis pour en faire un bon jeu. Trop de problèmes, trop de soucis techniques, trop d’imperfections et un niveau d’écriture bien trop faible viennent plomber le jeu. Pourtant, il était prometteur : ambiance réussie, histoire intéressante à la base, background solide, durée de vie conséquente… Si tout n’y est pas à jeter et si les fans du genre devraient quand même y jeter un œil et réussiront sans doute à s’en contenter, on espérait vraiment mieux. Le talent, évident, des développeurs, n’est pas ici exploité à sa juste valeur. On croise les doigts pour le prochain jeu du studio.