Publié le Jeudi 26 mars 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Bloodborne (PS4)
La mort est mon métier
Bloodborne est le nouveau jeu du studio From Software, un studio porté aux nues par les ultra-gamers grâce aux jeux Demon’s Souls ou Dark Souls, pour ne citer qu’eux. Autre précision : cette nouvelle licence est exclusive à la PS4.En attendant, tout aussi alléchant que soit le titre et les vidéos qui ont été dévoilées jusque-là, j’avoue avoir mis avec réticence le jeu dans la console. La faute aux deux jeux précités que j’ai toujours, personnellement, trouvés pénibles et sans intérêt, dotés d’un gameplay vieillot et loin d’être intuitif, lent et à l’animation souffreteuse. Autant dire que je partais avec un apriori totalement négatif sur Bloodborne.
Reste à savoir si cet apriori s’est confirmé ou infirmé…
Bloodborne prend place dans la cité d’Yhanam, qui n’est pas sans rappeler une sorte de Londres à l’époque Victorienne. Cette cité est réputée pour détenir un remède universel. Elle attire donc tous les malades du monde entier, et notamment vous. Manque de bol, lorsque vous arrivez, vous vous rendez compte qu’une sorte de peste a transformé tous les habitants en monstres hideux, prompts à vous déchiqueter en tous petits bouts sanguinolents.
Pas de problème, vous êtes expert en ménage. Vous allez donc nettoyer la ville de fond en combles.
Après une création de personnage poussée, à pouvoir en choisir la carrure, la voix, le visage, le sexe et j’en passe, mais aussi à choisir une « classe » qui permet de mettre en avant la force, la résistance, la dextérité, ou d’autres atouts, voire d’avoir un héros équilibré, vous voilà propulsé dans un univers cauchemardesque. Car oui, Bloodborne n’est pas une balade de santé avec des petits poneys qui gambadent dans les champs. Ici, les champs ont depuis été pavés, les poneys ont des yeux rouges et des dents pointues, et ils cherchent à vous bouffer une jambe. Des décors sombres, des rues sales et encombrées de déchets, des pavés descellés, des grilles éventrées, des murs en ruines, des statues détruites, les forêts calcinées, le tout avec un ciel rougeoyant et une architecture démente comme si toute la ville se tordait de douleur… Bloodborne est réellement une plongée dans un univers malsain et oppressant. L’ambiance de ce monde est à lui seul un vrai personnage, et un élément primordial dans l’aventure. Et à ce titre, c’est une vraie réussite. Un vrai plus pour le jeu qui offre une direction artistique de très haute volée. Une multitude de petits détails, à découvrir tout au long du jeu, ajoutent encore un peu plus à cette atmosphère pesante et glauque, cet univers dérangeant et original.
A cela s’ajoute un bestiaire relativement bien pensé. A part certains boss, pour lesquels les développeurs n’ont pas pu s’empêcher de taper dans la démesure et l’abus d’effets gores, les ennemis s’insèrent parfaitement dans cet univers.
Autre point fort du jeu, son architecture et son système de jeu. Bon. On aime ou pas. Certains auraient peut-être préféré un monde plus ouvert et non pas des niveaux relativement linéaires. Mais globalement, un peu comme à son habitude, il s’agit d’un point central, où vous revenez régulièrement pour faire progresser le scénario, acheter des objets et équipements, autour duquel sont placés tout un tas de niveaux, de chemins, à parcourir. Et ces niveaux, particulièrement tortueux, bénéficient d’un level design plutôt convaincant, à base de nombreux chemins de traverses à débloquer au fil de votre progression.
Au niveau des armes, elles sont relativement peu nombreuses. Tout réside finalement dans leur amélioration et dans les runes que vous leur adjoindrez. Armes à feu, de type fusil, pistolet ou tromblon, ou encore arme blanche, de type hache, canne-épée, épée-scie, auxquels viendront s’ajouter quelques – rares – nouveautés à découvrir tout au long du jeu. Chaque arme dispose d’une seconde attaque dévastatrice, qui modifie pleinement le style de combat et la rapidité des coups. Les runes, elles, influent sur les caractéristiques de l’arme, ou parfois sur les effets qu’elles peuvent avoir sur vous.
Ce qui nous amène à parler des combats. Un des gros points noirs selon moi des séries Demon’s Souls et Dark Souls en raison d’une lenteur et d’une lourdeur affligeante. Ici, les développeurs ont décidé d’accélérer enfin le système et de proposer des combats bien plus dynamiques. Le héros frappe vite et il n’y a pas de latence entre le fait d’appuyer sur la touche de la manette et voir le coup porté à l’écran. Mieux encore : les combats font la part belle aux combos. A vous de bien gérer vos réactions. Tirer sur un ennemi juste avant qu’il ne vous frappe permet de le désorienter, et de le finir à l’arme de blanche tout de suite après, par exemple. Une technique qui ne fonctionne toutefois pas sur tous, ni sur les boss de fin de niveau pour lesquels il vous faudra trouver les faiblesses au coup par coup. Reste que tout n’y est pas parfait pour autant. On se retrouve finalement un peu trop souvent avec le sentiment de sortir toujours les mêmes mécanismes de jeu. De lancer les mêmes séquences, selon un timing précis, au détriment de l’originalité et de la variété, voire de l’improvisation. C’est de l’action mécanique, toute bête.
Un sentiment qui peut gêner. Qui m’a gêné d’ailleurs. Toutefois, rien non plus de totalement rédhibitoire. Les combats sont violents, sanglants, rythmés. On nage en pleine sauvagerie, à base de gerbes de sang qui explosent de partout, de corps flasques qui retombent à terre dans des bruits immondes, de bêtes peu ragoutantes que vous éventrez salement… bref, c’est glauque, sale, et c’est plutôt jouissif la plupart du temps.
On en profitera pour rajouter quelques bémols supplémentaires. Les donjons calices, largement mis en avant par le jeu, à explorer seul ou en multi. Sans grande inspiration, ils s’organisent tous de la même manière, à base de salles à nettoyer et boss de fin à liquider. Un intérêt très douteux en solo, plus agréable en multi, mais qui n’apporte au final pas grand-chose.
Autre petite critique : l’animation des personnages. Ou du moins du personnage principal, dont les coups et les déplacements sont parfois un peu trop « robotisés » ou « glissés sur le sol », notamment pour les déplacements de côté. Un petit relent des années 90 qui manque clairement de fluidité.
Tiens, d’ailleurs, la fluidité. 30 images seconde en moyenne, et quelques petites chutes de framerate parfois. Là encore, rien de terrible ni catastrophique, mais on sent que le jeu a été finalisé à l’arrache, voire manque clairement d’optimisation. Ce qui se ressent dans deux autres points négatifs : la caméra, qui part régulièrement en quenouille. Et ça, c’est plus pénible. Mais surtout, ce sont les temps de chargement qui sont catastrophiques. A chaque mort, comptez entre 40 et 75 secondes, au moins, avant de relancer la partie. C’est ENORME ! Les développeurs ont beau dire qu’ils travaillent sur un patch pour améliorer ce problème, on doute qu’ils puissent le réduire à 10 ou 15 secondes. Plutôt à une trentaine, sans doute. Et ça reste beaucoup trop. Parce que je peux vous dire qu’attendre autant entre deux parties, ça donne juste envie de déconnecter sa console et jeter le jeu par la fenêtre. D’autant plus que des morts, vous en aurez à la pelle.
Le jeu reprend en effet l’idée qu’un jeu difficile est un bon jeu. Du coup, Bloodborne s’avère être un jeu difficile et exigeant. Pas autant que Dark Souls, notez bien. Et c’est tant mieux. Il est ici plus abordable. Notamment parce que vous pourrez utiliser plus régulièrement des potions de soin – et vous en aurez largement besoin. Potions que l’on trouve en nombre sur les corps des ennemis ou en boutique. C’est tant mieux puisqu’à chaque mort… vous perdrez votre stock. Heureusement, les monstres « respawn » (revivent) dans les niveaux et vous passerez donc pas mal de temps à les parcourir à nouveau pour refaire votre stock et remplir vos poches au cas où il vous faudrait en acheter d’autres. C’est aussi un choix un peu abusé pour grossir la durée de vie du jeu. Il faudra du coup compter une bonne quarantaine d’heures pour en venir à bout, si vous avez la patience d’aller jusque-là en raison de ces temps de chargement interminables. Et bien entendu, une fois le jeu terminé, la vraie difficulté débute avec le mode « new game + », bien plus dur.
Reste que, donc, globalement, le jeu est certes plus accessible, mais ne s’adresse toujours pas aux novices en raison de son exigence et de son niveau de difficulté. Difficulté là encore, et c’est peut-être aussi dommage, basée essentiellement sur le timing de ses combats. Un mauvais timing et c’est la sanction immédiate. Ou quasi-immédiate.
Notez que le multijoueur propose de jouer en coop (une clochette retentit pour vous avertir qu’un joueur veut vous rejoindre), coop qui se termine lorsque vous mourez ou vainquez le boss de fin de niveau. Un coop strictement temporaire, donc. Du PvP est également disponible, pour vous affronter entre joueurs.
En conclusion, malgré une faiblesse technique évidente sans doute due à un manque de temps pour optimiser et finaliser le jeu, malgré ces temps de chargement à vous faire hurler de douleur, Bloodborne est un très bon jeu. Une nouvelle licence prometteuse, qui s’inscrit dans la lignée des Demon’s Souls et Dark Souls pour son système de jeu. Il le modifie juste assez et l’améliore suffisamment, notamment au niveau de l’accessibilité, pour l’ouvrir à plus de joueurs et en faire un titre bien plus agréable, mais toujours destiné aux gamers et uniquement aux gamers. En tout cas, si vous aimez le genre, n’hésitez pas : son ambiance et son design général sont une totale réussite.
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Bloodborne (PS4)
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