Publié le Dimanche 30 janvier 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Peuple juif, soulève-toi
Je ne suis pas antisémite. Non mais il faut le préciser. Je ne suis pas même raciste. Même pas un peu. Bon, d’accord, on peut m’accuser du fait que je ne prêterais pas ma mobylette à un arabe, ou mon chien à un asiatique. Mais c’est juste parce que je n’ai ni mobylette, ni chien.
J’aurais du mal, en fait, à être raciste. Avec un beau-frère originaire d’Afrique du Nord, une belle sœur, un autre beau-frère et mon témoin de mariage et ami cher, tous de confession judaïque… ce serait, avouez-le, difficile. Durant ma prime jeunesse (merci de n’en souffler mot à mon épouse), j’ai connu des femmes noires, asiatiques, maghrébines… des catholiques, des orthodoxes, des athées, des juives, des musulmanes… j’ai aimé en couleurs, en racines diverses, bref ma vie sentimentale et sexuelle est un véritable roman sur le melting-pot.
Je ne suis pas raciste, donc. Ni antisémite. Et je tenais à appuyer ces faits pour éviter tout amalgame sur ce qui va suivre. On peut être ouvert d’esprit, du moins au niveau des peuples et des races, mais avoir ses idées, ses sentiments et ses avis sur certains comportements. Pour prendre un exemple, on peut tout à fait craindre la poussée des courants musulmans dans les pays arabes (surtout en ce moment d’instabilité politique où des mouvements religieux extrémistes vont tenter de prendre le pouvoir). Ce n’est pas pour cela que l’on est raciste. On s’appuie juste sur le fait que l’extrémisme islamique est, aujourd’hui, le plus virulent et peut prendre sa source n’importe où. Ce n’est pas pour cela que l’on condamne l’Islam dans son ensemble. On craint juste ses dérives. Notez que les dérives des extrémistes catholiques ou fanatiques judaïques ne sont pas moins condamnables. Tout extrémisme est dangereux et insupportable.
Mais soit. Je ne suis pas raciste, donc. Ni antisémite. Je n’ai même pas mi un filtre anti-bougnoule, anti-nègre ou anti-niakoué sur le site. Je suis juste à moi seul un filtre anti-con dans les commentaires (à grosses mailles, le filtre, puisque je laisse quand même passer quelques trucs qui sont autant de témoignages de la situation désespérante de l’espèce humaine).
Ça n’empêche que « l’affaire de la SNCF », à défaut de me faire doucement rigoler, me fait enrager. Je vous rappelle les faits : Cette semaine, Guillaume Pepy, président de la SNCF, a exprimé les regrets de sa compagnie pour son rôle dans la déportation de 76 000 juifs de France. Il explique, au nom de la SNCF, « s’incliner devant les victimes, les survivants, les enfants de déportés et devant la souffrance qui vit encore ».
Personne n’est dupe : derrière ces regrets se trouvent certaines puissantes communautés juives américaines. A l’heure où la SNCF tente de se faire un rail sur le territoire US, elle doit se heurter à l’intégrisme, doublé d’un manque flagrant de connaissances historiques, et, avouons-le, d’intelligence. Ces communautés fustigeaient le rôle de la SNCF dans la déportation de milliers de juifs, et faisaient pression sur le gouvernement US pour écarter l’entreprise française tant qu’elle n’aurait pas fait amende honorable. Ils vont pouvoir désormais peindre l’étoile de la SNCF en une autre couleur que le jaune. Ils vont mieux dormir. Ils sont contents. Pas moi.
Ces regrets sonnent comme une condamnation de la SNCF. Toute la SNCF. Les exiger, et les exprimer, revient à souiller le comportement des milliers de cheminots résistants, de ceux qui ont refusé de conduire des trains de déportation, c’est oublier aussi que des milliers d’employés de la Deutsche Reichsbahn (Chemins de Fer Allemands) ont envahis les postes clefs de la société, donnant finalement à la SNCF un aspect tout sauf français. C’est faire honte à toute l’Histoire de la SNCF. C’est aussi, et surtout, baisser sa culotte comme une vulgaire putain de bas-étage.
Envahie, contrainte, étouffée, la SNCF a certes été utilisée par la machine du IIIème Reich pour le transport de déportés. Mais la SNCF était à l’image de la France : sous le joug de l’envahisseur et suffisamment fière et virulente pour résister pleinement. Entre sabotages et autres opérations, les cheminots ont compté parmi les plus importantes forces de la Résistance.
Cette exigence de voir la SNCF exprimer ses regrets est un comportement d’autant plus détestable et désolant qu’avant tout marché avec une entreprise américaine, la communauté vietnamienne française ne demande pas aux USA d’exprimer leurs regrets envers le massacre de milliers de civils durant la guerre. Les communautés indiennes d’amér… ah, non, pardon, elles ont toutes été exterminées, à peu de choses près… elles ne peuvent plus rien demander… Doit-on aussi évoquer les (très) nombreux responsables nazis
protégés, embauchés, utilisés par le gouvernement US après-guerre ?
Cette valse des faux-culs est une véritable insulte non seulement à l’Histoire, mais également à le religion elle-même.
Malheureusement, les communautés juives, d’ici ou d’ailleurs, sont toujours enclines à endosser le rôle de martyrs. Oh, le peuple juif a toutes les raisons de pleurer : il a été longtemps, et de tout temps, la cible des oppressions les plus barbares. Pleurer, oui. Et je veux bien pleurer avec elles. Pleurnicher, non. Et aujourd’hui, c’est le pleurnichement de personnes incapables de vivre dans le présent et d’envisager le futur, que l’on entend. Ils ne semblent avoir trouvé l’impression d’exister, une reconnaissance et une importance sociale que dans ce rôle de victimes.
Un comportement en rupture, d’ailleurs, avec la majorité des juifs, jeunes ou parents qui s’inscrivent comme citoyens à part entière dans la société et s’éloignent de plus en plus des microcosmes, des carcans idéologiques, culturels et sociaux dans lesquels on tente de les enfermer. Ça n’a rien d’étonnant : dans leur bulle hors de la société, les dirigeants, religieux comme politiques, ne sont depuis trop longtemps plus à l’écoute de leurs peuples. Malheureusement, ces dirigeants sont encore puissants. Suffisamment pour brailler et meugler tant et plus, à tort et à travers.
Je ne dis pas qu’il faut oublier. Je suis même plutôt pour les mémoriaux, pour le souvenir de cette période terrible de l’Histoire. Pour que jamais elle ne se reproduise, même si l’on sait que l’Homme, dans toute son horreur, a souvent la mémoire courte et arrangeante. Je ne dis pas qu’il ne faut pas pleurer. Simplement qu’il faut arrêter de jouer les Caliméro et sortir des exigences toutes aussi ridicules et exaspérantes les unes que les autres.
Le peuple Juif vaut bien plus que ces jérémiades insultantes de ses personnalités. La France vaut bien mieux que ces pitoyables repentirs. Oublier non. Mais cesser de regarder vers le passé et d’exiger à tort et à travers de pareilles stupidités, oui.
Et à ce titre, je ne saurais trop vous conseiller
l’excellent article, plein d’intelligence et de justesse, de Guylain Chevrier, historien petit-fils d’une famille juive déportée de France.
Cedric Gasperini, petit-fils de résistant et d’ingénieur à la SNCF.
PSOne : Bon sang, où est-ce que l’on peut acheter des Pringles au Sel et Vinaigre ? J’adore ça et impossible d’en trouver !
PS2 : Semaine prochaine, tests de Dead Space 2, Mass Effect 2 PS3, Mario vs Donkey Kong DS et Tron Evolution. Farpaitement. Et ptêt un test de souris aussi.
PS3 : Semaine prochaine aussi, sans doute un reportage supplémentaire sur la 3DS.
PS4 : Pas avant 2014, au moins.