Publié le Jeudi 24 septembre 2009 à 15:24:04 par Pierre Le Pivain

 

Wacom présente ses nouvelles Bamboo 2

On va tripoter les tablettes

C’est la semaine dernière que nous avons été invités à observer de près la dernière gamme de tablettes graphiques de chez Wacom, leader mondial de la spécialité, et accessoirement, créateur de très bon matériel dans cette branche d'outils de saisies informatiques… Parce que c’est ça une tablette maintenant… Finis les meubles en bois avec des pieds ! Vivent les plateaux de plastique bourrés d’électroniques, avec des senseurs à plus savoir quoi en faire !

Enfin, si, en faire, on sait quoi, mais c’est comme tous les outils : pour que ça donne quelque chose, il faut savoir s’en servir. Au delà de ces simples considérations philosophiques autour des tablettes graphiques, la dernière née de chez Wacom illustre bien la tendance du moment en matière de matériel de saisie : celle qui consiste à créer de nouvelles habitudes d’utilisations de ces périphériques, quitte à élargir leur domaine d’application.

Côté originalité de cette série, il ne faut pas bien chercher loin.  Wacom a choisi d’appeler ces nouvelles tablettes « Bamboo 2 ». La messe est dite : Bamboo est la tablette pour le grand public par excellence. Après la sortie de l’Intuos 5 il y a peu de temps, le constructeur n’allait pas sortir un nouveau produit pour les professionnels. Cependant, le constructeur a tout de même fait en sorte d’améliorer considérablement la sensibilité de la tablette, et notamment en augmentant  le nombre de niveaux de pression du stylet. Ainsi, si l’on en croit les représentants de la marque qui présentaient le produit, la nouvelle Bamboo 2 serait, au niveau de sa sensibilité, équivalente à une Intuos 3 (ce qui est loin d’être mauvais).

Reste que la principale nouveauté, dans la Bamboo 2, réside dans le fait que le constructeur a placé un tapis de senseurs tactiles, permettant à l’utilisateur de se servir de ses petits doigts pour faire naviguer le pointeur, à la manière d’un touch pad.  Mais surtout, l'utilisateur a la capacité de donner des commandes à l’ordinateur , un peut comme on se sert de l’interface d’un smart phone.

L’idée peut paraître simple mais Wacom, en s’affranchissant de la nécessité d’avoir un écran tactile, répond à une certaine attente du consommateur. Ce dernier peut faire pivoter une image, naviguer sur internet comme il navigue sur la toile à partir d’un smart phone, ou même agrandir une image, en utilisant la même gestuelle exploitée sur des appareils évolués de navigation portables, sans avoir besoin de toucher l’écran de son ordinateur, chose qui fait juste super mal aux bras, d’une part, et qui, d'autre part, et pour peu qu’on soit un grand consommateur de confiote ou de Nutella, peut vous barbouiller l’écran à la vitesse grand « V ».


L’air de rien, c’est plutôt une bonne idée, si tout du moins , techniquement parlant, elle « suit la route ». En dehors des applications que l’on jugerait d’anecdotiques (réalisations de barbouillages plus ou moins foireux sur des photos à partir d’un shareware approximatif), voire carrément inutiles, ce rajout de sensibilité tactile sur une tablette, pour qu’elle se comporte comme un touch pad carrément amélioré, peut autoriser une foule d’applications pour pas mal de produits tant vidéo ludiques, qu’à usage plus professionnel, comme les suites graphiques de chez Corell ou de chez Adobe.

D’ailleurs, Wacom nous annonce une parfaite compatibilité entre les Bamboo 2, et des logiciels comme Photoshop CS. Bien qu’on n’ait pas pu vérifier si le geste d’agrandissement sur la tablette remplace efficacement une commande du type « ctrl+ », on se dit que la voie d’une interface totalement gestuelle pour ce genre de logiciel est maintenant ouverte. Reste à savoir si l’utilisateur, en quête de souplesse d’utilisation d’outils aussi complexes que Photoshop, ne sera pas contraint d’investir dans des cartes graphiques pro, du genre Nvidia Quadro pour que cette souplesse d’usage soit visible à l’écran, et ressentie dans les faits.

Wacom a dérivé son produit Bamboo 2 sous deux appellations « Bamboo 2 » et « Bamboo Fun ». Les tablettes sont très fines (8,5 mm) et du genre légères. Bamboo 2 est noire, dispose donc de ce dispositif nommé « multi touch ». Le prix de la tablette en noire est de 89,90 euros. Il est intéressant de signaler qu’il en existe une version qui ne prend pas en compte l’utilisation du multi-touch (en redevant du même coup une tablette classique) la Bamboo Pen à 59,90 euros, et l’inverse, c’est à dire une Tablette sans stylet, qui se comporte comme un touch pad amélioré, à 69,90. Si le premier de ces deux produits dérivés se justifie auprès des consommateurs désireux tout simplement de remplacer à moindre frais leur tablette existante vers un modèle plus précis sur les niveaux de pressions, on se posera tout de même la question sur le bien-fondé de l’existence du deuxième modèle… le Multi Touch tout seul, sans stylet, à vrai dire, je ne vois pas vraiment l’intérêt…

De son côté, la Bamboo Fun est d’argent vêtue, et en dehors des logiciels « fun » qui sont livrés avec, sa principale caractéristique est d’être construite en deux tailles, une « moyenne » et une « petite »…. En fin, une « small »… « Small »… C’est quand même vachement plus marketing que « petite ». La grande est annoncée à 199,90 euros, et la petite, est à 99,90 euros. Ces deux produits n’ont pas de « sous-tablettes » du genre de la Bamboo Touch, ou de la Bamboo Pen. Ha ! J’oubliais.. Un autre intérêt majeur dans ces tablettes réside dans le fait qu’elles sont configurables droitier / gaucher… C’est bien… il faut penser à nos amis gauchers, sinon, il vont faire des procès pour discriminations palmaires.

Côté bilan, lorsqu’on a l’habitude de travailler avec des tablettes graphiques, on est plus que très intéressé par ce nouveau procédé « multi touch » additif aux fonctionnalités déjà existantes sur les tablettes Wacom. On se dit que s’il y a reconnaissance du toucher, on pourrait carrément travailler façon « rough » ou « speed painting » en étalant des couleurs avec des outils de la largeur de son pouce, comme le faisaient les roughmen du temps de l’époque royale du marker et du pigment en poudre. Mais pour l’heure, Wacom nous rappelle que les Bamboo sont des tablettes pour le grand public, et que les applications professionneles du multi touch devront attendre.

Se servir d’une Bamboo 2 en tant que professionnel ? Wacom nous avoue alors que la nature même du stylet en rebuterait plus d’un, et pour l’avoir eu en main pendant un court instant, je confirme : travailler plus de 3 heures avec ce truc entre les doigts pousse l’utlisateur à l’envoyer contre les murs, et à le réduire en miettes sous des coups de pieds, tellement l’ustensile est inconfortable, et tellement le toucher du plastique est désagréable sur la longueur…. Et puis, comme les gens de Wacom ne sont pas totalement fous, il ont bien veillé à ce que les stylets de très bonne qualités des Intuos soient parfaitement incompatibles avec les tablettes Bamboo 2. Préparons non à avoir des Intuos 6 hors de prix, mais avec Multi Touch.