Publié le Dimanche 26 février 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Petits meurtres au volant

J’ai toujours aimé conduire. Depuis le jour où j’ai posé les pieds sur les pédales pour mon premier cours de conduite, j’ai adoré ça.
Et peu m’importait le véhicule, à l’époque. L’importance était simplement d’être au volant. De jour, de nuit, à traverser la France de long en large.
J’ai toujours adoré le calme et l’isolement que procure la voiture doublé du plaisir du voyage. Même si ce n’était que pour quelques kilomètres, je goûtais au bonheur de me projeter dans un autre décor, une autre ville, tout en imaginant qu’il fallait des heures, voire des jours entiers pour faire le même trajet il y a encore quelques dizaines d’années.

Vous avez réussi à m’en dégoûter.

Je respecte scrupuleusement les limitations de vitesse et j’essaie, tant bien que mal, de suivre au plus près le code de la route. Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas l’exploit sportif qui m’intéresse, mais le voyage. Pour les sensations fortes au volant, je me contente de celles procurées par les jeux de courses, aujourd’hui particulièrement bien faits et au comportement de la voiture plutôt réaliste.
Je confesse sans honte quelques menus écarts de temps en temps. Qui n’a jamais vu monter son compteur à 55km/h en ville sans s’en rendre compte, ou n’a jamais oublié de se rabattre sur la voie de droite ? L’erreur est humaine et tout à fait pardonnable, quand elle est rapidement rectifiée une fois que l’on en prend conscience.

Seulement aujourd’hui, respecter les limitations de vitesse et le code de la route, c’est l’enfer. Un enfer permanent. Un stress et une agression de tous les instants.
Être à 130km/h sur la voie de gauche sur l’autoroute, en train de doubler une voiture, c’est vous exposer immanquablement à un type qui va venir vous coller, vous faire des appels de phare (même la nuit histoire de bien vous éblouir) et, si vous n’obtempérez pas assez vite, va se rabattre sur votre voiture « pour vous apprendre ».
Idem dans les zones 30km/h. Quand bien même, parce que vous êtes un gros rebelle, vous vous autorisez un petit 35…
Doit-on aussi parler des dépassements par la droite via une voie réservée aux véhicules lents alors que vous roulez à 90km/h sur la voie du milieu (la plus à droite pour les véhicules « non-lents », donc)… dans une côte limitée à 90km/h justement ?
Dois-je faire le compte des appels de phare, des insultes, des coups de klaxon, des « coups de pression » à coller mon véhicule et j’en passe et j’en oublie ?
Dois-je aussi vous parler du stop, juste devant chez moi, constamment « oublié » alors qu’il y a un passage piéton juste après ? J’ai pris le coup, justement, de m’arrêter sur ce passage piéton pour faire remarquer aux automobilistes qu’il y a des enfants qui traversent souvent et que s’il y a un stop, il est peut-être là pour quelque chose. Je vous dis combien ont préféré carrément rouler sur le trottoir pour m’éviter plutôt que de s’arrêter ?

Le constat est accablant. Et consternant. Les gens roulent comme des cons. Les gens sont de gros gros cons. Des abrutis complets.
Et après, ça vient couiner comme une pucelle dans le lit de Rocco Siffredi sous prétexte que les radars embarqués gérés par une société privée, c’est une honte, c’est une pompe à fric, c’est un scandale, c’est… Mais gros connard, si tu conduis correctement, tu n’as rien à craindre ! Alors avant de venir faire ta putain de pleureuse, révise ton code de la route !

Personnellement, je milite pour bien plus de sévérité pour les condamnations d’infractions. On sait qu’un véhicule est une arme. Tout le monde en est conscient. Quand on n’est pas capable d’en conduire un, on s’abstient. Ou alors, on est un possible meurtrier en toute conscience.
Je suis pour la tolérance zéro sur l’alcool au volant (et j’en serai le premier emmerdé, croyez-moi). Pour la saisie pure et simple du véhicule quand on conduit sans permis (ça permettra de les revendre et de renflouer les caisses de l’Etat). Pour l’arrêt de la signalisation des positions de radars. Pour l’indexation des amendes sur le salaire.

Et je suis pour, d’ici quelques années, me monter une caisse pourrie, renforcée à l’acier, façon Mad Max, pour pouvoir faire du stock car avec les cons. Juste pour en devenir un aussi. Mais en plus méchant, en plus violent, en plus mortel. En plus moi, quoi. Ils feront moins les malins, avec le volant incrusté dans la mâchoire et un pied dans le coffre, l'autre dans un arbre.