L'Edito du dimanche

 

Publié le Dimanche 20 novembre 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Fast-Food Information

imageA bien y penser, je regarde assez peu la télévision. Alors attention, recadrons tout de suite les choses. Vous n’allez pas lire un édito qui vous pousse à éteindre vos écrans, à aller gambader à poil dans la nature et à manger bio ou, mieux, à devenir végétarien, voire végétalien, puisque c’est la grande tendance du moment. Si, si. Je vous jure. A grands renforts de campagnes anti-abattoirs et de dénonciations des conditions des pov’chtis nanimaux, on vous pousse aujourd’hui à abandonner la viande sous toutes ses formes et c’est limite si vous n’avez pas l’impression d’être un sale nazi lorsque vous mettez un steak haché dans votre caddie au supermarché. Je vous jure. Quand j’entends parler un végétarien, j’ai l’impression d’être le fils d’Hitler, de tuer les bébés phoques, d’être responsable du trou de la couche d’ozone, voire, pire, de voter Le Pen. Bonjour la pression qu’ils vous collent, ces cons-là.

Non, mon édito ne parlera pas de tout ça. Restez chez vous devant vos écrans. Dehors il fait trop froid pour aller se promener la stouquette ou la founette à l’air, et j’emmerde les bébés phoques. Comme disait Coluche, « je chausse du 42 en bébé phoque, moi ». Un steak de soja ne remplacera jamais un bon pavé saignant et il suffit de plonger son regard dans celui d’une vache pour se dire que c’est tellement con, cet animal, que ça mérite de finir découpé en morceaux juteux qui fondent sous la dent. Et est-ce que je vais les emmerder, moi, les bouffeurs d’herbe en leur rappelant que l’agriculture est responsable de l’empoisonnement des sols et des rivières, et que si je ne peux plus aller taquiner le goujon aujourd’hui, c’est leur faute à force de bouffer des courgettes ? (l’éditorialiste tient à vous signaler qu’il n’y a aucun sous-entendu graveleux dans « taquiner le goujon » et « bouffer des courgettes » et que ces deux expressions sont à prendre au sens propre).

imageNon, quand je dis que je regarde assez peu la télévision, c’est simplement que quand je l’allume, c’est soit pour jouer, soit pour mater un film ou une série TV via divers autres supports (Netflix, Blu-ray…). Mais la télévision au sens « chaîne TV » m’a perdu depuis bien longtemps. Je m’en fous de savoir comment atteindre 689 avec 10, 9, 25,7, 2 et 4. Je m’en cogne d’écouter une petite moche chanter faux sur une chanson à la con. Je m’en balance de voir des has-been se trémousser le fion en prime time. Je m’en branle de voir une grande asperge relooker des moches. Et surtout, oh oui, surtout, je m’en contrebats les boules de voir une bande de types qui n’ont jamais rien fait de marquant à la télé critiquer les émissions des autres tout en essayant d’être drôles en se collant une perruque et une plume dans le cul.

Pour autant, jeudi dernier (à moins que ce ne soit vendredi ? Ma mémoire déraille… ça doit être à cause des pesticides, j’ai bouffé des radis cette semaine), je suis tombé sur Quotidien, la nouvelle émission de Yann Barthès. Autant je ne suis pas fan de ses partis-pris basés uniquement sur des « morceaux choisis » montrés totalement hors-contexte, autant là, il avait invité une professeure d’économie à Sciences-Po Paris qui vient d’écrire un bouquin sur les médias. J’ai galéré pour  retrouver son nom et le nom de son bouquin, mais pire que le replay des émissions sur TMC, je ne vois guère que l’intégrale du concert de Sexion d’Assaut dans la salle communale d’Inzinzac-Lochrist en juillet 2006. Malgré tout, après plus de 30 minutes de pubs et de vidéos foireuses, j’ai quand même réussi à retrouver le passage. Il s’agit de Julia Cagé. Son livre s’intitule « Sauvez les médias ».

imageLa passionnante demoiselle expliquait à quel point le métier de journaliste a changé ces dernières années, et surtout, pourquoi il va droit dans le mur tout en accélérant. Des journalistes qui ne sont plus, comme c’était le cas jusque dans les années 80, issus des classes moyennes et proches des gens, mais qui se considèrent désormais comme l’élite, perdant du coup toute crédibilité face à leurs auditeurs/spectateurs/lecteurs. Des grands groupes à la tête des titres de presse qui pensent rentabilité avant professionnalisme et qui ne donnent plus les moyens à leurs journalistes de faire correctement leur boulot. La mort de l’information locale au profit des grandes villes, qui du coup est déconnectée de la réalité (les sondages foireux, à votre avis, ça vient d’où ?).
Et surtout, une nouvelle génération qui reste enfermée dans sa bulle et qui désormais préfère croire leurs soi-disant « amis » sur Facebook et Twitter plutôt que les journaux, qu’ils soient papier ou TV. Voire même qui sont persuadés que les Youtubers sont les nouveaux journalistes de ce siècle.
Elle préconisait, du coup, un retour à un journalisme plus « intime », avec des rédactions gérées par les journalistes. Pas par des gens du marketing.

Et c’est peut-être finalement toute l’histoire de notre société actuelle, en perdition : tout est désormais décidé en fonction des profits, par des gens qui manipulent des chiffres mais ne connaissent pas le métier qu’ils veulent gérer à grands renforts de graphiques et de courbes, doublé d’une nouvelle génération qui est dans le fast et la légèreté à outrance. De la consommation rapide, sans fond, sans profondeur. Et qui croit comme parole d’évangile ce qu’Internet, les blogs et les chaînes youtube leur régurgitent à longueur de journée. Alors que moi, perso, je n'y peux rien. Quand je vois Cyprien vanter les mérites de la livraison Premium sur Amazon, je leur envoie direct ma demande de résiliation. Afficher une tête de gland en Home Page, perso, ça me donne pas envie de cliquer sur un site.

Nous avons fabriqué une génération d’abrutis. Preuve s’il en fallait une, que nous sommes sans doute plus cons encore.

 

 
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Commentaires

Ecrit par dieudivin le 20/11/2016 à 13:24

 

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Malheureusement, il n'y a pas que la profession de journaliste qui est dénaturée par ce problème de rentabilité court-termiste.

Après les gens ne sont pas forcément plus con qu'avant, on les formate pour qu'ils évitent d'avoir un esprit analytique et d'être critique.

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Ecrit par scudik le 20/11/2016 à 15:07

 

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L'origine de ce problème ne rentrerait même pas dans ton jeu télévisé préféré, il a 11 lettres : capitalisme.

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Ecrit par Tyr le 20/11/2016 à 21:31

 

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En même temps, vu ta référence a été écrite par une "prof de science pot", tu as des chances que l'inverse se produise vu ces gens ne sont pas foutus d'avoir raison même en ayant des évidences sous les yeux.

Tu regardes trop la télé, mon grand Gizmo d'amour.
smiley 8

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Ecrit par Tyr le 20/11/2016 à 21:33

 

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Ecrit par scudik

L'origine de ce problème ne rentrerait même pas dans ton jeu télévisé préféré, il a 11 lettres : capitalisme.

Et comme souvent avec toi, la bonne réponse est socialisme... mais bon, vu que la différence avec le capitalisme est l'épaisseur du billet...

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Ecrit par scudik le 20/11/2016 à 23:33

 

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Ecrit par Tyr

Et comme souvent avec toi, la bonne réponse est socialisme... mais bon, vu que la différence avec le capitalisme est l'épaisseur du billet...

Ptdr et j'aurais dit ça où ? C'est chaud ton état. Tu te retrouves obligé d'inventer des propos aux autres pour pouvoir lâcher ta petite pique habituelle.

Je ne soutiens pas le socialisme pauvre attardé. smiley 32

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Ecrit par Paf le 21/11/2016 à 14:12

 

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Je ne suis pas d'accord avec vous deux, je dirais que le compte est bon:

(25x4x7) - 9 - 2 = 689

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