Publié le Dimanche 2 novembre 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Citations

Souvent, on dit que la connaissance et la découverte sont les clefs de la tolérance et de l’intelligence. Que plus on apprend, plus on découvre, plus on ouvre nos champs des possibles, abat nos œillères et nos certitudes, pour s’ouvrir plus au monde, aux autres. Bref, qu’apprendre, c’est s’élever. Socrate, illustre philosophe grec qui, lui, n’aurait certainement jamais défilé dans la Manif pour Tous, expliquait que « Il y a d’un côté le bien, la connaissance, et de l’autre côté, le mal, l’ignorance ». On pourrait même, dans un moment de faiblesse ultime, citer Voltaire : « Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres ». Bref, plus l’homme sait, a de culture et de connaissances, plus il a l’intelligence nécessaire pour ne pas subir les carcans imposés par quelques obscurantistes et tyrans. Et bien entendu, ne pas à son tour se transformer en obscurantiste ou en tyran.

Internet est une plateforme extraordinaire de partage et de savoir. Et je ne parle pas forcément de Wikipedia qui, tout aussi culturellement formidable soit-il, n’est qu’une vision imparfaite et légère de sujets parfois trop graves ou sérieux pour être laissés à de parfaits ignorants.
Non, je parle de rencontres, de découvertes. Internet, c’est une porte ouverte sur l’extérieur, sans jamais bouger de chez soi. C’est une manière de rencontrer, d’apprendre. De découvrir des gens, des cultures, des savoirs différents des siens. Des habitudes, des croyances. Que nous ne sommes nullement obligés d’embrasser, mais qui permettent de décupler nos connaissances. Internet, c’est une merveilleuse possibilité de voyages, de découvertes, d’échanges. Comme le disait Edgar Morin, « La culture, c'est ce qui relie les savoirs et les féconde. »

Pour autant qu’on puisse avoir confiance en un gros type chauve qui se balade en slip (ce qui est finalement peut-être ce qui me rapproche le plus de lui), je suis quand même assez d’accord avec Bouddha et son « Vivez comme si vous deviez mourir demain, apprenez comme si vous deviez vivre toujours ».

Je sais que c’est un sujet qui revient souvent chez moi, dans ces éditos, et que vous commencez peut-être à en avoir un peu ras-le-bol. Même si, ma foi, cette dure lutte est nécessaire pour un bon rapport de force. N’est-ce pas Rocco Siffredi qui disait d’ailleurs « Tout bon rapport commence par une dure lutte » ? Ou Napoléon, je ne sais plus. Enfin bref. Chaque jour qui passe, chaque commentaire que je lis, ici ou ailleurs, mais il faut bien vous reconnaître cette immense qualité que c’est moins ici qu’ailleurs, chaque éructation de l’esprit posté par les Internautes, me désole finalement un peu plus. Alors qu’Internet devrait être source d’ouverture et de savoir, d’intelligence et de merveilleux, de découvertes et de rencontres, il est perverti par la bêtise, le racisme et la haine.
Finalement, le vrai virus d’Internet, ce n’est pas ce programme qui vient vous voler vos données ou les détruire. C’est ce qui vient de votre ordinateur pour détruire.
Je ne sais pas si c’est l’âge qui vient titiller mon mode « vieux con » qui devrait succéder à mon éternel mode « gros con », mais plus je navigue sur la toile, plus je me rends compte que c’est l’intelligence qu’on tue chaque jour, à grands coups de réflexion.
« Rien ne développe l'intelligence comme les voyages. » expliquait Emile Zola. Ça n’a jamais été moins vrai qu’aujourd’hui. Aujourd’hui où l’homme ne voyage à l’étranger que pour s’enfermer dans un club. Aujourd’hui où l’homme voyage sur le net pour s’enfermer dans ses certitudes de supériorité raciales, sociales, et sexuelles. Où il répand la fange de ses certitudes.
Bertrand Russell ne disait-il pas « L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les gens sensés pleins de doutes » ?
Ils assènent comme des vérités ultimes leurs haines et leurs venins, insultant, condamnant, abaissant toute personne ayant un avis contraire.

Je sais que je ne suis pas seul et que vous partagez avec moi cette volonté de lutter contre ce fléau. Même si ce combat est vain. Je vous citerai toutefois, pour vous redonner un peu d’espoir,
Francis Scott Fitzgerald : « La marque d'une intelligence de premier plan est qu'elle est capable de se fixer sur deux idées contradictoires sans pour autant perdre la possibilité de fonctionner. On devrait par exemple pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir, et cependant être décidé à les changer. »

Je continuerai donc de m’extasier, personnellement, pour des cultures différentes. Pour des pensées différentes. Pour des habitudes différentes. Je continuerai d’apprendre. Puisque comme l’explique Shad Helmstetter, « Apprendre, c'est déposer de l'or dans la banque de son esprit. »
Et je continuerai à le répandre. Comme ma fange. Comme mon éructation. Comme mes douteuses certitudes. Puisque comme le disait le poète Pablo Neruda : « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité ».
Je continuerai de vouloir élever une génération de débiles délaissée par ses parents et qui tente de s’élever toute seule aux vidéos de chatons, aux youtubeurs illettrés, au discours d’un parti d’extrême-droite, et à la peur véhiculée par des pseudos-journalistes persuadés que l’audimat vient avec le sensationnalisme à outrance.
Nous avons à portée de main l’intelligence, la culture, le savoir et le merveilleux. Regardez juste ce que nous sommes en train d’en faire.

J’ai cité Zola, Neruda, Socrate, Fitzgerald et même le gros Buddha, sans oublier quelques penseurs et philosophes contemporains. Qui citera la génération future ? Cyprien ? Sexion d’Assaut ? Marine Le Pen ? Ludovine de La Rochère ?