Publié le Dimanche 22 décembre 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Joyeux Noël ? Mon cul !

La semaine dernière vous êtes nombreux à vous être plaints de la teneur de l'édito, de son ambiance, de son petit côté nostalgique et rêveur.
À vous croire, je ne peux pas être empreint d'un certain vague-à-l’âme, d'un certain blues... Je ne suis à vos yeux que cet être froid, cynique, violent que vous pensez connaître.
Je suis la représentation même de l'abject, qui passe son temps à frapper les enfants, tromper son épouse, faire des croques-en-jambe aux petits vieux, mettre des coups de pieds aux clochards, balancer des mandales aux roumaines ou encore jeter des pavés sur les vitrines des magasins.

Alors que pas du tout.

En tout cas, je n'ai jamais jeté de pavés sur les vitrines des magasins.

Enfin… mais il faut savoir qu’à la base, je visais une enfant roumaine avec sa grand-mère clocharde pour essayer d'impressionner une copine de ma femme que je voulais mettre dans mon lit. Ou plutôt dans le sien parce qu'il ne faut jamais jamais jamais ramener de maîtresse à la maison. C’est un principe de base. Il faut au moins se montrer respectueux, bon sang.

Mais bref, j'ai raté mon lancer. Ça arrive, non ? En plus ce n'était même pas un pavé. Juste une brique. Avec un chien accroché dessus par sa laisse.

Enfin tout ça pour dire que non. Moi aussi je suis sensible. Moi aussi j’ai mes fêlures. Moi aussi je pleure à la fin de certains films. Notamment quand Jason ou Freddy, ils meurent. Moi aussi je peux avoir des sentiments.

Et puis merde, c’est bientôt Noël, non ? C’est l’époque où l’on est censé être rempli de joie et d’amour pour son prochain !
Et vous n’avez pas l’impression que je suis rempli de joie, là ?

Ok, concernant l’amour pour son prochain, j’ai un peu plus de mal. Mais je n’y peux rien si je me préfère à mon prochain. Parce que mon prochain, justement, il a surtout tendance à me les hacher menu-menu. Tous mes prochains, d’ailleurs.
Et puis à bien y réfléchir, Noël, c’est bien sympathique, mais bon. C’est le moment casse-couilles par excellence. Déjà, on doit se taper sa famille que, d’habitude, on fait tout pour éviter. Le beauf avec ses vannes minables, la belle-doche pinbêche, l’oncle bourré qui essaie de serrer votre femme entre le saumon et le foie gras, sans compter vos propres frères et sœurs dont, chaque année, vous vous demandez un peu plus ce qui les sépare du bulot. Rajoutez une ribambelle de chiards insupportables non-élevés par une mère qui « a tout lu Dolto » mais qui apparemment n'a pas le QI pour comprendre autre-chose que le Club des Cinq, et que vous avez juste envie de claquer d’une bonne grosse baffe dans la gueule en lui hurlant que « son intégrale de Game of Thrones, elle peut se le carrer où je pense et sans enlever la cellophane, et que ses gamins sont débiles, moches et tellement mal élevés que le jour où l’on récompensera les têtes de cons, ils feront partie du jury ».
Et je sais que bon nombre d’entre vous ont reconnu leur famille dans ce portrait.
Mais le pire, c’est qu’en plus de ses propres boulets, vous devez aussi vous taper celle de votre conjoint(e).
Et rebelote. Avec les mêmes andouilles et sous-développés. Avec finalement la même envie de voir si le beauf, quand on lui insère son nouveau Galaxy S4 ou son nouvel iPhone 5S, ça la fait vibrer quand il reçoit un appel avec sa sonnerie « Papaoutai ». Papaoutai ? Dans ton cul !

Vous allez me dire que je suis quelqu’un d’assez anal, au final. C’est d’ailleurs ce que me faisait remarquer mon amie Stéphanie (je vous ai déjà parlé d’elle ?) avant d’ajouter « c’est ce que j’aime bien chez toi ».
Mais faut c’qui faut, quoi bordel. Et puis, il parait que le stade anal, c’est rester gamin, nan ? Du coup, Noël, chuis en plein dans l’esprit !

Bref, Noël, en fait, c’est nul. En plus, vous vous retrouvez forcément avec de bons gros cadeaux de merde que vous, vous allez garder plusieurs mois « pour faire plaisir » alors que le petit con de neveu auquel vous avez offert un super hélicoptère télécommandé et l’intégrale de Playboy des années 1980 va s’empresser de les revendre parce qu’il veut s’acheter la nouvelle tablette pour « jouer à Minecraft » dessus. Les jeunes, c’est rien que des mongoliens qui savent pas ce qui est bien, tiens.

Bon. Là normalement, c’est le moment où j’écris le passage à base de « heureusement, dans ma famille, ce n’est pas comme ça » et autres « youkaïdi youkaïda » « on s’aime tous » « on est tous beau et intelligents même si j’ai quand même l’impression que moi un peu plus que les autres » et « y’a une ambiance du tonnerre dans ma famille à moi, c’est vraiment ça l’esprit de Noël ». Enfin, c’est le moment où je devrais l’écrire si je veux espérer recevoir le moindre cadeau et éviter de me prendre la bûche au chocolat en pleine gueule lors du réveillon vu que mes parents lisent cet édito… Voilà voilà. Je devrais l'écrire, hein... Mais… vous connaissez, hein…

Sur ces belles paroles, sur cette formidable envie d’aller sodomiser des rennes avec des lutins (toujours ce côté enfantin qui me caractérise) et de coller le Père-Noël dans sa hotte avant de le balancer à la Vologne, je vous souhaite quand même à tous un bon « Ho Ho Ho ! ».