Dans la foulée, le magasine Wired a demandé à Ken Levine les raisons d’une jaquette aussi bidon. Levine a expliqué qu’à l’approche du bouclage du jeu, ils sont allés rencontrer des joueurs lambda pour prendre la température de l’attente générée par Bioshock 3.
Si à la rédac Vincent et Alex sont obligés se coltiner mes attouchements compulsifs dès que je tombe sur une image d’Elizabeth, chez Irrational, ils se sont rendus compte avec effroi qu’à part les puristes de la saga et les fans de FPS alternatif, personne ne savait ce qu’était Bioshock Infinite, et pire, que la plupart des joueurs nourris à Call of Duty ou Battlefield ne se souciaient absolument pas de l’existence de leur jeu.

Pour Levine, il est important de cibler cette partie du public qui "ne creuse pas" (le terme vient de moi, pas de Levine, nda), c’est-à-dire qui n’a pas spécialement envie de passer des heures à gratter pour savoir qui a fait quoi dans un jeu, un peu comme vous quand vous vous affalez devant un film un soir sans chercher les détails de l’équipe technique et tutti quanti.
Il y a des joueurs qui n’achètent un jeu que sur la tronche de la jaquette une fois qu’ils l’ont entre les mains en magasin, donc il fallait un artwork susceptible de taper dans l’œil des habitués aux jeux de flingues et d’action. Certains grinceront des dents en parlant de racolage, mais Levine rappelle qu’il ne vit pas dans le monde des bisounours et que produire un jeu de ce calibre coûte très cher.
Et se trouver une excuse en passant : puisque les joueurs payent 70 balles un jeu (sur console), ils doivent par la jaquette donner un résumé de ce que trouveront les joueurs dans le jeu pour ne pas les flouer sur la marchandise.

« Le monde du jeu, on l'oublie parfois, est important pour nous, mais... il y a des tas de produits que j'achète sans passer du temps à y réfléchir. La sauce pour ma salade. S'il y a une nouvelle sauce pour salade qui sort, je n'en aurai aucune idée. J'utilise de la sauce pour salade ; je ne lis pas Sauce Salade Magazine. Je me fiche de savoir qui l'a faite. Je ne connais aucune des personnalités du business de la sauce salade. Pour certains, les jeux sont comme la sauce salade. Ou les films, ou les séries télé.

J'ai regardé la couverture de Bioshock 1, un jeu dans lequel j'étais lourdement impliqué et que j'ai aimé, que j'ai adoré. J'ai pris du recul et je me suis dit, si je suis juste un mec, j'aime les jeux mais je n'y prête pas attention... Si je vois cette jaquette sur la boîte, qu'est-ce j'en pense ? Eh bien je pense que c'est un jeu à propos d'un robot et d'une petite fille. J'ai essayé d'être honnête avec moi-même. [...] Est-ce que j'achèterais ce jeu si j'avais 60 dollars et que j'achetais 3 jeux par an ? Est-ce que j'aurais seulement pris la boîte sur le rayon ? 
 

Je voulais que les gens non informés qui ne lisent pas IGN prennent la boîte et se disent "ça a l'air cool, fais voir derrière. Oh une cité volante, oh regarde cette fille, Elizabeth. Regarde cette créature". Et qu'ensuite ils se renseignent à ce sujet. »

Levine prend son propre cas comme exemple : avant de faire ses premières armes sur la saga « Shock », il n’était encore qu’un simple joueur quand il tomba sur la boîte de System Shock 1 en rayon. 
Même s’il travailla sur la suite du jeu en rentrant chez les développeurs, à l’époque, Levine explique avoir reposé le jeu dans son bac à cause de la pochette, qui ne lui évoquait rien, et dont il n’arrivait pas à comprendre ce qu’il tenait entre ses mains en terme de jeu. 
Pour lui, une jaquette bling-bling est un petit tribut à payer pour booster les ventes d’un jeu et s’assurer d’harponner la curiosité des joueurs. Mieux vaut grimer la pochette du boitier que le jeu lui-même non ?

Pendant ce temps, les joueurs qui ont tout compris à la vie relancent le même débat pour la sortie de Fuse sur consoles. Cette fois l’attaque concerne le fait que les soldats de la pochette… aient leur tête coupée au niveau du cadrage. 
Du coup, quand l’équipe de développement cherche, de son propre aveu, à mettre en avant « le xenotech, les armes qu’utiliseront les héros et qui tournent autour du "Fuse" autant que l’histoire, et puis un jeu qui se joue d’abord à 4 en coopératif », les joueurs gueulent et réclament des belles gueules. Bah non, moi aussi je ne comprends plus très bien arrivé à ce niveau.

Si la démarche d’Irrational Games est louable, on a quand même envie de dire à Levine, que pour notre part en France, quand on voit les affiches et les traductions des titres des films étrangers, on se dit que la démarche dessert plus qu’elle n’aide le produit, m’enfin… c’est sans parler des québécois qui ont droit eux à des perles ultimes en terme de traduction.
Quant aux pochettes, oserions-nous affirmer que souvent, les artworks japonais et/ou américains en jettent parfois plus que les versions européennes ? Parfois, parfois pas.

En attendant, arrêtez de suivre mes élans philosophico-mystiques sur le phénomène et allez voter pour votre pochette préférée. Les délais d’impression des boîtes approchent, donc il faut se dépêcher.
 

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