Publié le Jeudi 20 mars 2014 à 15:00:00 par Cedric Gasperini
Test Infamous : Second Son (PS4)
Enfant bâtard ?
7 longues années se sont passées depuis les évènements de New Marais et la disparition de Cole McGrath. Mais tous les porteurs n’ont pas disparus : son sacrifice n’a pas eu une portée mondiale. Tout juste régionale. Depuis, le Department of Unified Protection, le bien-nommée DUP, les traque, les emprisonne et les étudie. Et tant pis si cela passe par quelques dissections ou tortures.Dans la banlieue de Seattle, Delsin est un jeune homme d’une vingtaine d’année, mi-branleur, mi- délinquant. Il passe son temps à tagger les affiches, notamment politiques. Sa cible de prédilection : celles de son frère, actuel sheriff du Comté, et qui est candidat à une prochaine réélection. Autant dire que l’entente entre les deux frères est relativement tendue.
Ils n’auront toutefois pas le temps de s’opposer bien longtemps : près d’eux, un camion du DUP a un accident et après quelques tonneaux, s’écrase sur le bitume. Les deux hommes se précipitent au secours des survivants. L’un d’entre sort de la carcasse et prend Delsin en otage. Et c’est là que la vie du jeune homme va basculer…
Le camion du DUP transportait en réalité des porteurs. Et Delsin se découvre être un récepteur à pouvoirs. Le contact physique entre les deux hommes donne donc à Delsin de nouveaux pouvoirs, simplement copiés à partir de ceux de son agresseur. Tout d’abord terrifié, il va peu à peu apprendre à la apprivoiser avant de se heurter à la triste réalité : le DUP, grâce à une savante campagne de désinformation, a bien ancré dans l’idée de la population que les porteurs ne sont rien d’autre que des terroristes. Des bio-terroristes, comme on les appelle. Rejeté, il va de plus devenir une bête traquée. Entre la fougue de sa jeunesse et son amour pour son frère, représentant de la loi, Delsin va devoir se forger seul son destin.
Revoilà donc la série Infamous. Une série exclusive aux consoles Sony qui débarque, aujourd’hui, sur PS4. Sony espère bien, d’ailleurs, l’ériger en fer de lance de sa nouvelle console.
Tout aussi sympathiques étaient les deux premiers épisodes, Sucker Punch avait toutefois poussé le concept dans ses retranchements et on voyait mal comment ils réussiraient à exploiter une nouvelle fois cette histoire de super-héros malgré lui, qui déambule dans des environnements urbains hostiles à sa condition de surhomme doté de super-pouvoirs.
On vous rassure de suite : ils n’y sont pas vraiment parvenus. On est en effet rapidement en terrain connu. Outre une petite introduction pour vous faire découvrir le personnage, ses amis, ses motivations, nous revoilà rapidement en pleine ville, à arpenter les immeubles pour enchaîner les missions, tout en évitant les ennemis ou en les affrontant. Le scénario est d’ailleurs sujet à débat. Il assure ce qu’il faut et offre toutes les garanties nécessaires pour une poursuite logique de l’aventure, mais il s’avère toutefois très plat, assez convenu et présente même quelques erreurs ou raccourcis malvenus. Comme le fait que Delsin comprenne seul, de suite, qu’il est un réceptacle à pouvoir. C’est d’ailleurs basé sur ce twist débarqué d’on-ne-sait-où que repose quasiment toute l’histoire : son amie est mourante à cause d’une méchante porteuse qui a trahi les siens pour aider le DUP et le seul moyen de la sauver est d’aller à Seattle, affronter cette méchante et lui piquer son pouvoir. Voilà. Il est fort d’avoir trouvé ça tout seul, le gamin, alors qu’il semblait ne pas être capable d’enfiler son pantalon tout seul cinq minutes avant…
Ce ne sera pas le seul évènement tiré par les cheveux. Ces cheveux qu’on ne verra pas des masses puisque le héros arbore en permanence un ridicule bonnet rouge, soit dit en passant.
C’est un autre reproche que l’on peut faire au jeu, d’ailleurs : le charisme de son héros. Légèrement agaçant, stéréotype du jeune écervelé, et auquel on aura franchement du mal à s’attacher. On est loin de la prestance d’un Cole McGrath. A l’image de Zeke, dans les deux premiers épisodes, les personnages secondaires sont d’ailleurs assez stéréotypés eux aussi et manquent peut-être, à défaut de jugeote, tout du moins de profondeur. Un sentiment renforcé par une V.F. qui manque clairement de punch, de conviction et de personnalité dans les voix.
Bref, vous l’aurez compris, le jeu est léger au niveau fond. On a du coup un peu l’impression de déambuler dans un de ces Comics débilitants que les USA ont l’habitude de nous pondre par paquets de douze.
Heureusement, si Infamous Second Son manque de profondeur, il n’en est pas pour autant un jeu raté. Loin de là. C’est même tout le contraire.
Très rapidement, vous allez être placé dans ce cruel et désormais habituel dilemme d’agir de bonne ou mauvais manière. Un bon ou mauvais karma qui sera définie selon votre attitude et qui influencera non seulement la réaction de votre entourage ou l’évolution de votre pouvoir, mais également le scénario et les missions. Car dans vos décisions, selon que vous serez puissant ou misérable comme le disait l’ami Michel, vous n’aurez pas accès aux mêmes missions. Parfois. Du coup, le jeu s’offre une vraie bonne rejouabilité. Bien plus marquée que dans les précédents opus. Un conseil toutefois : jouez-la à fond. Si vous décidez dès l’intro du jeu de partir dans un mauvais karma, tenez-vous à ce principe jusqu’au bout. Quitte à froisser votre propre morale. Car c’est là aussi où, malgré un scénario léger et sans subtilité, que le jeu fait fort : certaines décision vont vraiment titiller vos convictions et vous mettre quand même assez mal à l’aise. Mais essayez de jouer à fond un côté avant de réessayer le jeu en jouant à fond son opposé. C’est toujours plus amusant et vous proposera finalement plus de choses que de ménager sans cesse la chèvre et le chou.
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, ou un concept qui rapporte, Delsin va être doté de pouvoirs magiques. Deux lignes s’affrontent alors : le pouvoir de la fumée, que vous récupérez dans un premier temps, et qui vous permet de balancer des bombes fumigènes, de lancer une pluie de comète dévastatrice, de lancer des missiles de cendres ou des tirs de cendres et j’en passe. Vous pouvez aussi drainer la fumée des cheminées ou des feux en tous genres (y compris lorsque vous avez détruit une voiture) pour reconstituer votre pouvoir ou vous régénérer la santé. Vous pouvez aussi planer succinctement, vous lancer en l’air debout sur une voiture ou bénéficier des conduits d’aération pour atteindre rapidement le toit d’un bâtiment. Certains pouvoirs sont réservés au mavais karma, d’autres au bon.
La seconde ligne est celle du néon, que vous récupèrerez ensuite, et qui vous permettra par exemple de courir sur les murs, vous propulser à grande vitesse, ou là encore de balancer des tirs lourds, et de faire un maximum de dégâts. Les deux pouvoirs sont donc globalement basés sur deux axes : le déplacement et le combat. Le pouvoir du néon se recharge grâce aux enseignes lumineuses, ce qui fait qu’il sera plus volontiers utilisé de nuit…
A part ça, ma foi, on est dans de l’Infamous classique : un métro aérien qui tourne autour de la ville, des quartiers à libérer en détruisant des installations du DUP, quelques missions annexes (pas forcément passionnantes ou réussies) telles que démasquer un agent infiltré dans la population ou tagger certains endroits de la ville, combattre les gangs de drogue (ou les aider selon votre karma)… et j’en passe et j’en oublie. On passe son temps, donc, à courir, à grimper, à combattre, à récupérer des fragments sur des drones volants, fragments qui permettront d’augmenter la puissance de ses pouvoirs…
Le tout avec son propre frère qui passe son temps à vous appeler pour vous dire où aller et quoi faire. C’est vraiment un copier-coller des deux premiers épisodes, en quelque sorte. Un flagrant manque d’innovation et de personnalité qui, pourtant, est contrebalancé par les nouveaux pouvoirs, plutôt cools.
Autre grosse force de cet Infamous : son graphisme. Si l’on occultera une caméra qui a tendance à se barrer (mais c’est vous qui la contrôlez) ou paniquer près des murs, et si l’on pourra regretter quelques ralentissements, le jeu offre un niveau de détails assez bluffant. Les décors sont superbes. Les visages des personnages sont vraiment bien faits. Les animations sont proches de la perfection. Seattle est une ville vivante, avec son lot de badauds qui ne manqueront pas de vous saluer ou vous fuir, c’est selon, et son lot de soldats du DUP qui cherchent à vous descendre par tous les moyens, allant même jusqu’à vous pourchasser sur les toits. Alors l’IA n’est pas parfaite, loin de là, mais elle est bien agressive et tentera de vous prendre à revers. Certains soldats, dotés eux aussi de pouvoirs, permettent même de se sentir particulièrement vulnérable à de très fréquents moments. A moins d’être prudent et de vous la jouer tactique, vous risquez de trépasser plus d’une fois. D’autant plus que la ville est elle-même recouverte de caméras ou sillonnée par les drones qui ont tôt fait de révéler votre position et alerter les troupes au sol qui arrivent alors très rapidement.
Il y aurait bien d’autres choses à dire sur Infamous Second Son. Ses missions parfois lourdingues, parfois vraiment passionnantes. Son challenge plutôt élevé si l’on se la joue bourrin comme dans les deux premiers épisodes. Son graphisme digne d’un jeu next-gen et qui s’inscrit sans doute comme le plus beau jeu PS4 du moment. Son gameplay exigeant du fait du nombre important de touches utilisées à des actions primordiales, mais aisé à prendre en mains et facile à dompter pour autant. Sa très bonne durée de vie, pour peu que l’on veuille aussi prendre le temps de fouiller, de se promener, de remplir quelques missions annexes. La plus grosse part prise pour la dualité du karma.
Au final, donc, le jeu est loin d’être parfait : personnages manquant de charisme, scénario con-con et manque flagrant d’innovation dans son concept même. Pour autant, le système réussit une nouvelle fois à fonctionner. Par la liberté qu’il procure, par les pouvoirs quand même bien sympas, par une IA plus agressive, par un graphisme sublime, par une animation pas piquée des vers non plus, et parce que c’est Infamous, quoi, le jeu nous séduit une nouvelle fois. Et on se retrouve la manette en mains à se dire « ah, tiens, ça fait déjà deux heures que je joue ? Zut, je voulais juste vérifier un truc ou deux pour mon test… rhâââââ merde, il est déjà cette heure-là… je suis à la bourre… en plus je devais aller chercher mes gamins y’a… quoi… une demi-heure… ».
Bref, Infamous Second Son est bon. Aussi bon que ses prédécesseurs. Et si on aurait aimé plus, ça nous conviendra quand même complètement.
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Infamous : Second Son (PS4)
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