Publié le Mardi 4 mars 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

South Park Le Bâton de la Vérité (PC, Xbox 360, PS3)

Connard le barbare

J’avoue. Je ne suis pas spécialement fan de la série South Park. Du tout, même. Oh, j’ai essayé, hein, j’ai regardé quelques épisodes, j’ai tenté de m’y intéressé… mais non. Je n’accroche pas. Je me tiens au courant, pourtant. Du coup, je connais assez bien la série, ses coups d’éclats, son humour, ses critiques de l’Amérique et des dérives de notre société de consommation, voire ses moqueries du Star-System. C’est donc avec appréhension que je me suis lancé dans le test de South Park : Le Bâton de Vérité. Le jeu arriverait-il à me faire dépasser une ou deux heures de jeu ? Arriverait-il à m’intéresser sans m’ennuyer ? N’est-il pas réservé aux simples fans ? Et eux-mêmes, ne seront-ils pas trahis si l’univers et l’atmosphère ne sont pas respectés ?

Déjà, premier élément de réponse : South Park le bâton de la vérité a été développé en partenariat total avec les créateurs de la série. Après avoir débuté sous la houlette de THQ, c’est Ubisoft qui a repris le développement et a continué dans cet esprit : ne pas trahir l’univers de South Park.

Pourtant, le constat de départ est suffisamment original pour se demander comment insérer une telle aventure dans ce monde déjà bien défini :

Deux bandes de gosses s’affrontent dans un gigantesque jeu de rôle à travers la ville de South Park. D’un côté, les humains menés par le Grand Mage Cartman. De l’autre, les elfes menés par Kyle. Les deux factions s’affrontent pour le contrôle d’une étrange relique : Le Bâton de la Vérité. Vous n’y verrez sans doute qu’un bout de bois tordu, mais c’est en réalité un objet d’une puissance phénoménale. Mais si, puisqu’on vous le dit.


Vous êtes Connard. Oui, bon, ce n’est pas votre vrai nom, mais Cartman a une imagination limitée et a décidé de vous appeler ainsi. Nouveau venu dans la ville de South Park, vous êtes foutu dehors par vos parents pour que vous vous fassiez de nouveaux amis et que vous leur laissiez libre champ pour forniquer dans toutes les pièces de la maison. D’ailleurs, vos parents sont bien contents que vous n’ayez aucun souvenir du pourquoi ni comment vous avez été obligés de déménager en quatrième vitesse…

Vous déambulez donc dans la rue et vous tombez en plein jeu de rôle géant. Immédiatement, Cartman reconnait en vous une potentielle recrue. A vous de choisir votre rôle : magicien ? Guerrier ? Voleur ? Juif ? Chaque classe a des caractéristiques bien spécifiques et un équipement qui lui est propre. Cette introduction sera aussi l’occasion de découvrir les règles du jeu : Les combats se déroulent au tour par tour : vous avez à votre disposition des coups normaux ou des coups spéciaux (limités selon une jauge). Lorsque l’on vous frappe, vous pouvez essayer de parer et, parfois, de contre-attaquer. A chaque tour, vous avez la possibilité de frapper deux fois ou une seule fois et utiliser une capacité spéciale. Comme vous soigner ou soigner un membre du groupe, prendre une fiole particulière… Les coups, pour porter au maximum, demandent d’appuyer sur une touche au bon moment. Mais certains, encore plus vicieux, vous demanderont carrément d’enchaîner une combinaison de touches définie de manière aléatoire. Heureusement, tout est indiqué à chaque fois à l’écran pour ne pas vous perdre dans l’utilisation de la manette. Oui, la manette. Même sur PC, évitez le clavier et la souris, assez peu pratiques et dont l’utilisation, mal pensée, est à proscrire.

Un second personnage vous accompagne constamment. Le mage Cartman, le paladin Butters, ou même Jimmy le barde pour ne citer qu’eux. Là encore, chacun a ses forces et faiblesses, ses propres attaques et défenses, son propre équipement, et vous sera plus ou moins utile selon le combat que vous menez et le style de jeu que vous avez choisi. Si vous jouez par exemple un magicien, vous faire accompagner d’un autre magicien peut faire double emploi…
Chaque personnage a également ses coups spéciaux ou ses attitudes particulières et fidèles à la série. Par exemple, et c’est presque un coup à faire exprès de rater, Kenny meurt à chaque fois qu’on loupe l’utilisation d’un de ses pouvoirs. Cartman de son côté possède une attaque spéciale à coups d’insultes…


Globalement, on se retrouve en plein univers South Park. C’est violent, avec du sang à gogo, c’est vulgaire, avec un nombre d’insultes débitées au kilomètre, c’est parfois choquant, et les références sexuelles sont multiples.
Ne vous laissez pas abuser par le côté « Cartoon ». Comme la série animée, South Park Le Bâton de la Vérité est un jeu résolument adulte. Exclusivement adulte.

Et bizarrement… même en n’étant pas fan de la série… ça fonctionne. Le fait d’être partie intégrante de cet univers, de déambuler dans ce jeu complètement barré et politiquement très incorrect est particulièrement jouissif.

D’ailleurs, il suffit de fouiller un peu les alentours pour s’en rendre compte. Dans les placards, on trouve des godemichets, des préservatifs, des vibromasseurs, au milieu des cartes de hockey et autres sodas régénérants…

Que dire de plus ? Le nombre d’armes, d’armures, d’équipement est tout bonnement délirant. On peut s’équiper avec presque n’importe quoi et le jeu ressemble à une vaste boutique où l’on ne sait plus où donner de la tête tellement il y a de possibilités. Le jeu dure entre 10 et 12 heures, multipliant les quêtes annexes qui viennent se greffer à l’aventure principale.
Pour ne pas lasser (même si sur la fin, on tourne un brin en rond) et proposer des variations dans le gameplay, le jeu distille au compte-gouttes des améliorations et autres réjouissances, comme la pose d’une sonde anale permettant la téléportation, de la poudre de gnome pour rapetisser et atteindre de nouveaux endroits, ou encore une magie qui fleure bon, à base de pets. Ajoutez des endroits qui se débloquent, et des mini-jeux complètement cons et vous aurez un bon aperçu de ce qu’est South Park Le Bâton de la Vérité.

Au final, le jeu est un pur régal. Les fans y retrouveront tout ce qui a fait le succès de la série. Cette critique acerbe de la société, et même du jeu vidéo. Les personnages secondaires tels que Mr Hankey, Jésus ou Al Gore. Le graphisme et l’animation si particuliers. Et si l’on regrettera que seules les voix originales (sous-titrées en français) soient disponibles et non pas les doubleurs officiels francophones, c’est bien là le seul vrai reproche que l’on peut faire au jeu. Car il réussit à installer un vrai jeu de rôle, à tendance fantasy, dans cette ville moderne et complètement barrée. Et le pire, c’est qu’on ne trouve rien à redire. Ça paraitrait presque normal. Débilement ultra-violent, connement hilarant, délirant et vulgaire, South Park Le Bâton de la Vérité est un pur moment de bonheur comme on en voit trop rarement dans le jeu vidéo. Même sans être fan de la série, on se tort de rire, et on plonge tête la première dans l’aventure. Pire : ça donnerait presque envie de se mettre à regarder les épisodes, tiens. Preuve que non seulement le jeu est fidèle à l’univers, mais qu’en plus, il est vraiment réussi.