Publié le Jeudi 27 février 2014 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Thief (PC, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One)
Trahison !
Série culte de la fin des années 90, Thief a la réputation de ces jeux exigeants qui ne laissent aucune part à l’improvisation et à la chance. Malgré son statut de série importante, Thief n’a pour autant jamais atteint des sommets en termes de ventes, ce qui a poussé Eidos Interactive à l’abandonner il y a tout juste 10 ans. Aujourd’hui, Square Enix relance la licence phare du jeu d’infiltration où se fondre dans l’ombre est primordial pour survivre et mener à bien sa mission. Vous incarnez Garrett, un Maître-voleur. Mais si la patte de Garrett est reconnue dans tout l’Ouest du Pecos et même plus loin comme étant de velours pour chouraver tout ce qu’il peut, si c’est un cador de la dissimulation et un Prince de la furtivité, c’est par contre un piètre combattant et il a tôt fait de succomber sous les coups des gardes et de la milice s’il en vient à se faire remarquer.Ce nouveau Thief débute avec une petite mission en forme de tutorial. Après avoir vidé une habitation de tous ses objets de valeur, sans réveiller l’ivrogne avachi sur le lit, vous vous rendez sur les toits à votre rendez-vous. C’est votre ancienne complice, la sulfureuse Erin, qui vous y retrouve. La mission est de l’accompagner pour aller voler une relique sacrée. Vous allez donc réapprendre tous les gestes propres au voleur et à la discrétion. Voler, traverser dans l’ombre, assommer, et même passer dans un cours d’eau sans faire de bruit…
On vous place de suite dans l’ambiance : autant Erin est une grosse bourrine qui zigouille tous ceux qu’elle croise, autant Garrett est présenté comme bien plus subtil et ayant des principes bien arrêtés. Vous voyez de quoi je parle ? Il va donc falloir les respecter à la lettre durant tout le jeu sous peine de… eh bien sous peine d’avoir toutes sortes d’ennuis.
Manque de chance, la mission se solde par un échec retentissant.
Lorsque vous revenez à vous, une année a passé. Ne cherchez pas. Vous ne savez pas même ce que vous avez fait durant ces douze mois. Vous êtes dissimulés dans une charrette tirée par deux bouseux et qui vous font franchir les grilles de la cité.
Vous voilà à la Capitale. La cité est dirigée par un tyran, répondant au nom du Baron. L’homme a, pour asseoir son autorité déployé d’importantes forces de l’ordre dans la rue. Du genre forces de l’ordre qui ne ratent pas une occasion d’opprimer la population. Manque de chance, le Mal Gris, une sorte de Peste, s’est abattu sur la ville. C’est au milieu de cette ambiance oppressante et malsaine que Garrett va tenter d’atteindre le Baron et surtout, tenter de s’enrichir aux dépens de ses victimes. Quand bien même vous n’êtes pas un enfant de chœur et ne ratez pas une occasion pour servir vos propres intérêts, vous allez rapidement vous mettre en travers du tyran et devoir comprendre la terriiiiiiible (notez le nombre de i) machination qui se trame derrière tout ça.
Le jeu s’organise autour de tout un tas de missions à remplir. Elles se déroulent toutes de la même manière : trouver comment atteindre un bâtiment sans se faire remarquer par la milice. Entrer dans ledit bâtiment sans se faire remarquer par la milice, ses occupants et les gardes qui infestent les lieux. Se déplacer dans le bâtiment sans se faire remarquer par ses occupants et des gardes qui infestent les lieux. Atteindre votre but sans se faire remarquer de ses occupants et des gardes qui infestent les lieux. Sortir dudit bâtiment sans se faire remarquer par ses occupants et des gardes qui infestent les lieux. Revenir dans votre tanière sans se faire remarquer par la milice. Oui, je fais les répétitions que je veux. Oui, c’est lourd. Mais ce n’est pas moi qui ai commencé, c’est le jeu.
Pour parvenir à vos fins, vous aurez tout un arsenal : un grappin, utilisable uniquement sur les endroits marqués par de grosses rayures comme pour vous dire « C’est là qu’il faut l’utiliser », des flèches à eau pour éteindre les torches, des flèches grappins pour tendre une corde, et j’en passe et j’en oublie. Que vous utilisiez ou non ces outils, le jeu vous offrira différents moyens de réussir votre mission. Il y a toujours plusieurs chemins pour entrer ou fuir d’un endroit, plus ou moins facilement selon l’équipement que vous avez.
Bon. A la base, retrouver Thief était un vrai bonheur. L’ambiance, le personnage, ce jeu en vue subjective comme un FPS mais uniquement basé sur l’infiltration. Des ennemis qui ont tôt fait de vous repérer de vous faire rater une missions. Un jeu et un gameplay exigeant… Avouez que sur le papier, tout cela était vraiment tentant. Malheureusement, Square Enix a complètement raté sa copie et massacré son jeu. Contrairement à un Tomb Raider où les soucis de développement ont accouché d’un jeu somme toute très honnête, on se retrouve ici devant un raté quasiment total. Mais qu’ont-ils bien été faire dans cette galère ?
Si l’on retrouve une certaine ambiance et une certaine atmosphère propre à la série, si le fait d’incarner un voleur furtif est plaisant 5 minutes, c’est tout le reste qui cloche. Le gameplay a été simplifié au maximum. Une seule touche de contexte permet d’agripper, se baisser, grimper à une échelle… Résultat, on a tôt fait effectuer une action, comme ouvrir bruyamment un tiroir alors qu’on en voulait une autre, comme éteindre une torche. Idéal pour se faire repérer rapidement par un garde. De la même manière, un petit saut dans le vide quand on voulait grimper, c’est toujours rageant. Mais ce système perd surtout en spontanéité et en rythme. Par exemple, le scénario – loin d’être brillant au passage – abuse des cinématiques à base de « oups, je me suis fait repérer ». Déjà pénible quand avant, vous avez tout bien fait et géré votre mission sans le moindre souci, vous devez qui plus est prendre la fuite sur les toits… en n’utilisant qu’une seule touche. Passionnant. Si, si, je vous jure.
Outre ces soucis d’un jeu qui se trouve finalement totalement dirigiste dans le choix de vos actions, l’IA des ennemis est tout bonnement catastrophique. Si certains s’étonneront qu’il fasse soudainement noir et viendront jeter un œil, l’expression reste mal choisie puisqu’ils s’en retourneront bien vite sans se poser plus de question. Quand ils ne s’en inquiètent carrément pas. On obtient des situations abracadabrantes : des ennemis situés à moins d’un mètre de vous mais qui ne vous repèrent pas « parce qu’il fait noir ». Et s’en repartent donc dans le sens inverse.
Et ce n’est pas tout. Le monde est également relativement incohérent. Les gardes qui font leur ronde se lancent facilement à votre poursuite « sous prétexte qu’il y a un couvre-feu à respecter ». Mais ils laisseront tranquilles les mendiants ou les badauds, comme les commerçants.
Déjà pas bien difficile à la base, Thief se permet même de vous donner quelques petits bonus supplémentaires : une glissade totalement insonore qui vous permet de plonger rapidement de l’ombre à la lumière, ou encore une vision magique qui dévoile objets et personnages à proximité. Et quand bien même on pourra doser sa difficulté, comme virer cette vision magique ou limiter son inventaire, le jeu ne s’en trouve pas le moins du monde amélioré ou proposant un challenge plus passionnant.
On continue dans les bonnes nouvelles ? Des QTE rébarbatifs et abusés. Des passages de zones innombrables et carrément pénibles. Le jeu est en effet découpé en petites zones cloisonnées qui détruisent tout sentiment de liberté. Ils vous pourrissent également vos possibilités de fuite et rendent l’architecture complètement irréaliste. Temps de chargement pénibles, surtout quand on s’en enquille plusieurs à la suite en moins d’une minute, graphismes surannés même sur PC ou consoles next-gen, textures hideuses, jeu en 30 images seconde qui se met parfois à ramer… n’en jetez plus. Thief est un gros ratage. Un énorme ratage, même, compte tenu des attentes et des espoirs autour de ce titre.
Au final, le jeu se trouve être totalement sans intérêt. Oh, vous aurez quelques sympathiques moments, comme la découverte du gameplay, quelques missions amusantes… mais rapidement, la lassitude et la frustration vont s’installer. Durant la douzaine d’heures que durera le jeu, les moments de grâce seront extrêmement rares. Si d’aventure vous avez le courage d’aller au bout. Personnellement, je n’ai pas réussi. Quel gâchis. Quel gros gâchis.
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Thief (PC, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One)
Plateformes : PC - Xbox 360 - PS3 - Xbox One - PS4
Editeur : Square Enix
Développeur : Eidos Montréal
PEGI : 18+
Prix : 60 €
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