Publié le Lundi 20 janvier 2014 à 12:00:00 par Alexandre Combralier
Test de Assassin's Creed : Liberation HD (PC, PS3, 360)
Errare humanum est, perseverare diabolicum
A quoi bon ? Deux mois seulement après la sortie du jouissif Assassin’s Creed IV : Black Flag, arrive aussi sur PC, PS3 et 360 un certain Assassin’s Creed : Liberation HD. Sous ce titre se cache la version censément améliorée d’un soft sorti en octobre 2012 (il y a presqu’un an et demi…) en exclusivité sur la Vita. Et rappelez-vous, Cedric en avait un test justement assassin en relevant tout ce qui était profondément agaçant, même pour un jeu portable : une Intelligence Artificielle aux fraises, un scénario plat et sans saveur, des bugs à foison… Un des rares points positifs du titre était sa qualité graphique, l’une des meilleures de la console portable de Sony.Avec l’arrivée de ce triste opus sur PC, PS3 et 360, Ubisoft n’a fait que retravailler le graphisme de son jeu pour tirer profit de la puissance des nouveaux supports. Autant commencer par là. Certes, Assassin’s Creed : Liberation HD n’a vraiment pas l’air d’un jeu portable. Ubisoft a affiné les textures, rajouté de la profondeur de champ, éliminé quelques problèmes de clipping, implémenté de réussis effets de lumière. Le rendu final est honnête et acceptable. Mais Liberation HD est tout de même assez loin des meilleurs standards actuels, au hasard, ceux d’un Black Flag. Les animations sont trop figées, les sauts trop mécaniques. Pire, lorsque l’on s’échappe dans le bayou, le rendu dégringole franchement avec des visuels ternes et des textures indignes de 2014.
Retravailler le graphisme, soit. Or ce n’était pas là l’urgence… Il aurait fallu retravailler des pans entiers des mécanismes du gameplay pour leur donner un peu d’intérêt sur des plateformes où la concurrence et l’exigence sont beaucoup, beaucoup plus grandes que sur une Vita désertée par les éditeurs. On se contentera d’une refonte de l’HUD et de quelques missions qui rallongent une durée de vie déjà trop longue (une quinzaine d’heures). Youpi. Ubisoft a même retiré le (modeste) mode multijoueur original présent sur la Vita. C’était sans doute demander trop d’investissement pour un jeu qui n’est de surcroît vendu que 20 €. Le prix sonne un peu comme un aveu. Sur PC et consoles HD, Assassin’s Creed : Liberation HD n’est pas qu’un sous-Assassin’s Creed, c’est un sous-jeu.
Le scénario est tout d’abord une franche déception. Le pitch de départ paraît pourtant original et rafraîchissant. Le jeu se passe au XVIIIème siècle, dans une Louisiane française puis espagnole, où l’esclavage et le négoce sont les deux principales occupations de la bonne société. Surtout, pour la première fois de la série, le héros est une héroïne, Aveline, métisse, élevée par une noble famille de culture française, mais qui ignore où est passée sa mère Jeanne, disparue.
La bonne impression de départ s’estompe radicalement par la suite. L’histoire s’embourbe dans les premières heures et ne sort de la confusion qu’au prix de la platitude et des clichés. La qualité d’écriture est déplorable ; les dialogues, ridiculement expéditifs, ou au contraire parfois inutilement longs et lourds, enchaînent les répliques convenues que l’on croirait tout droit sorties de l'encylopédie des « lieux communs d’un personnage du jeu vidéo » ; la mise en scène souffre de nombreux problèmes et les personnages n’ont ni charisme ni profondeur, y compris Aveline. Comment est-elle devenue un membre de la confrérie des Assassins ? Un point qui aurait dû être central est totalement évacué au début du jeu, et l’on sera donc largué sans trop comprendre le pourquoi du comment. La question de l’esclavage est enfin abordée avec une finesse et une subtilité qui ferait passer Dumbo l’éléphant pour Sissi l’impératrice. Et l’ambiance dans les villes se limite à croiser des Français avec un parapluie qui vous disent « Bonjour ».
Pour couronner le tout, c’est le doublage français médiocre qui vient rajouter sa sauce, achevant parfois l’immersion, comme dans ce passage de la séquence II, où la voix française d’Élise dit distinctement « Tousse » avant d’effectivement tousser, prononçant donc la didascalie inscrite probablement sur sa feuille en italique… Et l’on ne compte plus les mots mal prononcés (« calonies » au lieu de « calomnies », etc…). Bref, on n’y croit pas une seule seconde. On peut rire, à la limite. Notamment lorsque le père d’Aveline lui révèle qu’en fait, il avait depuis très longtemps une page du journal de Jeanne, sa mère biologique, dans un coffre, mais qu’il ne lui avait jamais révélé, même s’il voyait qu’Aveline était un peu obsédée par sa mère. Réaction d’Aveline ? « Oh merci papa bisou poutou kayou ». Même pas un petit « Tu aurais un peu pu le dire avant, non, j’ai 24 ans quand même ? ». Tout est plat, convenu, conformiste. Allez, une petite exception pour être gentil : les passages dans les intérieurs, avec musique au clavecin en fond, sont les plus réussis niveau ambiance. C’est dire la misère du reste…
Mais au fond, Assassin’s Creed IV était également loin d’être d’une tuerie niveau scénario. Le hit d’Ubisoft Montreal se rattrapait néanmoins par une ambiance jouissive et un gameplay qui laissait assez de place à l’exploration et à la liberté dans un vaste monde. Problème… Assassin’s Creed : Liberation HD est un jeu beaucoup plus dirigiste et linéaire. La ville de Nouvelle-Orléans est rapidement parcourue. De même pour le bayou, lorsqu’on vous autorise enfin à y aller. Les missions annexes sont réduites à leurs plus simples expressions. Le dirigisme du jeu s’illustre enfin pour ce qui devait être une franche originalité : la possibilité de choisir entre costume d’assassin, de dame (vous pouvez séduire les gardes, mais ne pouvez pas sauter) et d’esclave (plus discret, mais moins résistant). En réalité, c’est le jeu qui vous force à changer d’apparence au gré des missions, et l’on ne comprend alors plus tout à fait l’intérêt de la chose.
Restent donc les missions principales. Entre deux cinématiques consternantes de platitude, il faut aller le plus souvent d’un point A à un point B, où l’on suivra quelqu’un puis tuera quelques gardes. A ce propos, le système de combat reprend les codes de la série, c’est-à-dire pas franchement exaltants et trop faciles. Autre travers : l’Intelligence Artificielle, qui ne s’est guère améliorée avec le passage à la HD. Les gardes semblent encore plus aveugles qu’à l’ordinaire… ou bien démesurément rapides, vifs et malins quand il s’agira de retrouver votre trace.
Comme les pépins volent toujours en escadrille, quelques problèmes lassants viennent se rajouter au tout. Les bugs, tout d’abord. Vous ferez au moins une fois l’expérience d’être bloqué par un mur invisible… ou par un petit obstacle à monter lorsque vous serez en costume de Dame. Mais ces problèmes ne sont pas non plus innombrables au point de gâcher l’expérience (à vrai dire, le reste du jeu s’en charge). Plus embêtants sont les soucis de maniabilité. Le canoé est vraiment peu pratique à manier. Quant à l’escalade des arbres dans le bayou, elle devra s’accomplir avec une certaine prudence étant donné l’étrange propension d’Aveline à sauter dans le vide.
Assassin’s Creed : Liberation, à mon sens, méritait une petite moyenne sur PS Vita. C’était une vitrine graphique qui profitait surtout d’une concurrence aux abonnés absents. Mais sur PC, PS3 et 360, même à 20 €, et en dépit de quelques améliorations graphiques, le constat n’est plus vraiment le même. Liberation HD ne se défait jamais de son triste sceau de spin-off portable. Finalement, ce sont bien plus les limitations inhérentes au gameplay (le dirigisme, la moindre liberté…) qui transparaissent. On bâille dans le Bayou. Voici une question que le joueur se posera tout au long : « Pourquoi suis-je en train de jouer à Liberation HD, alors que Black Flag est cent fois supérieur et qu’il y a beaucoup mieux sur PC ou consoles HD ? ». Assassin’s Creed : Liberation HD souffre d’un mal métaphysique : c’est qu’au fond, on ne comprend pas bien l’intérêt de son existence.
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Assassin's Creed : Liberation HD (PC, PS3, 360)
Plateformes : PC - Xbox 360 - PS3
Editeur : Ubisoft
Développeur : Ubisoft Sofia
PEGI : 18+
Prix : 20 €
Images du jeu Assassin's Creed : Liberation HD (PC, PS3, 360) :
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