Publié le Mercredi 27 novembre 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Ryse : Son of Rome (Xbox One)
La déception ?
Bienvenue à toi, lecteur, qui aime les films de gladiateurs, les hommes en jupettes, les mâles musclés avec plein de plumes et surtout, oh oui, les sandalettes à lacets.Ryse Son of Rome est incontestablement l’un des fers de lance de la Xbox One. L’un des purs jeux représentatifs de la nouvelle génération de consoles, à en révéler tout le potentiel et, bien entendu, destiné à en mettre plein la vue.
Marius Titus est un jeune soldat romain. Après ses classes, il revient dans le doux foyer familial au cœur de la cité resplendissante. Sa joie sera toutefois de courte durée : une invasion barbare l’oblige à prendre les armes et il voit mourir sous ses yeux son père, sa mère et sa sœur. Il n’aura cesse de vouloir venger les siens et préserver la grandeur de Rome contre les traitres et les ennemis.
Ryse Son of Rome va vous emmener sur les pas de la Campagne de Bretagne, sur le sol romain mais également sur l’île. Car oui, à cette époque, la Bretagne, ce n’était pas une région de France où l’on trouve autant de porcs et de choux que d’alcooliques au mètre carré. C’était le nom donné à ces barbares de ce que l’on appelle aujourd’hui la Grande-Bretagne. Des sauvages d’une férocité à toute épreuve et qui vous déchiquetaient une carotide avec les dents juste parce que, ben, voilà, quoi, ils en avaient eu envie.
Et bizarrement, même si la campagne est assez courte, avec ses 6 heures de jeu environ, elle est, dans son scénario, plutôt plaisante. Alors attention : il ne faut pas s’enflammer non plus. On aurait aimé bien plus de cinématiques pour raconter une vraie histoire, plus dans le détail. Les retrouvailles avec le paternel auraient pu être plus longues, histoire de s’attacher à sa famille et vraiment ressentir quelque chose quand tout le monde y passe. On aurait pu avoir une plus grande confrontation entre le héros et l’envoyé de Rome sur les Terres de Bretagne. On aurait pu même avoir une forme d’histoire d’amitié entre la fille du roi Breton et le héros. On aurait pu… on aurait pu avoir plein de choses pour développer et étoffer l’histoire, la rendre plus intéressante, plus profonde.
Au lieu de ça, on enchaîne les missions et, si elles ne sont pas forcément décousues, elles paraissent quand même un peu vide de substance… et d’intérêt.
Pourtant, comme je le disais, l’histoire est plutôt plaisante. Et cela ne tient finalement qu’à une petite chose : c’est une période méconnue dans le jeu vidéo, très peu utilisée, mais qui montre ici qu’elle a un très fort potentiel.
Et on continue dans les bonnes nouvelles : c’est vrai que Ryse Son of Rome est une pure beauté. C’est vrai que graphiquement, c’est une vraie claque. Que l’on soit dans des environnements clos, comme lorsque l’on tente de protéger l’Empereur Néron, que l’on soit dans les rues de Rome, ou que l’on soit dans les forêts. De jour comme de nuit, le jeu envoie du lourd. Environnements très détaillés, effets de lumière et de particules sublimes, animations magnifiques… même les visages – cheveux mis à part, comme d’habitude –sont à tomber. Le Cry Engine 3 fait des merveilles et, finalement, Ryse Son of Rome s’inscrit comme le plus beau jeu de cette nouvelle génération de consoles, sans aucun souci. Voire carrément comme l’un des plus beaux jeux jamais sorti. Il suffit de voir l’attaque de Rome ou celle du débarquement en Bretagne pour être scotché. Des centaines de personnages à l’écran, des explosions, des flèches et boulets enflammés qui tombent de partout… limite on se croirait dans Call of Duty version Antique.
Voilà pour les compliments. Parce que pour le reste, Ryse Son of Rome a beau avoir une forme vraiment bluffante, le fond est d’une misère à faire pleurer les Dieux.
Si graphiquement, le jeu est une tuerie, il faut bien avouer que la version française est en-dessous de ce que l’on aurait pu espérer. Outre une synchronisation labiale foireuse, les voix ne collent ni aux personnages, ni aux actions. Le doublage est de mauvaise qualité et arrive même parfois à casser certaines scènes épiques.
Le plus gros souci, finalement, vient surtout du gameplay. Le jeu n’est finalement qu’une suite de QTE barbant et ultra-répétitif. Appuyer sur A pour contrer, B pour rouler sur soi-même, X pour frapper, Y pour déséquilibrer son adversaire (obligatoire pour frapper un ennemi armé d’un bouclier). C’est tout. Et vous pouvez finir les ennemis avec des coups de grâce (gâchette droite) qui là encore, vous demande d’envoyer du X (personnage avec une lueur bleue) et du Y (lueur jaune) au bon moment. Tous les ennemis se combattent de la même manière et on finit par rapidement en avoir ras-le-bol. Ah, si, vous pourrez aussi jeter des javelots (gâchette gauche) sur les archers…
Les quelques variantes, comme gérer une avancée de groupe en tortue (se protéger avec les boucliers puis avancer entre deux salves de flèches), gérer quelques actions à la voix via Kinect, ou prendre le contrôle d’un scorpion (arbalète sur pied) n’arrivant pas à varier les plaisirs. Même les moments de rage – le temps ralenti – ne sont pas spécialement excitants, à tel point que vous risquez de ne pas les utiliser du tout durant le jeu.
Le jeu est extrêmement facile : vous pourrez choisir une divinité pour vous protéger, ce qui vous donnera au choix, plus de rage, plus d’expérience ou un regain de vie après chaque combat.
Bref, Ryse Son of Rome est… chiant à jouer. Et ce ne sont pas les bonus à acheter grâce à l’expérience glanée (ou avec du vrai argent) comme un gain de santé, une rage qui dure plus longtemps, des coups qui portent mieux, ou encore plus d’animations lors des coups de grâce, qui viendront changer la donne.
De la même manière, les ennemis se ressemblent tous et du coup, on combat toujours les mêmes têtes, les mêmes personnages… c’est d’un pénible !
Un mode multijoueurs est également disponible. Il s’agit de faire face à plusieurs vagues d’ennemis dans une arène, ennemis de plus en plus forts. Plusieurs décors sont disponibles, et vous améliorerez votre équipement au fil de l’expérience glanée – difficile à obtenir. Il y a 11 cartes différentes, là encore on choisit une divinité avant chaque combat qui nous permettra d’obtenir des bonus, et roule ma poule, envoie tes vagues d’adversaires que je m’entraîne pour mon CAP Boucherie.
Ce mode multijoueur est sympathique, peut être joué seul – ben oui – mais là encore, on retombe sur le « je tue toujours les mêmes ennemis avec toujours la même jouabilité sommaire ».
Enfin, un mode coop permet de donner un peu plus de fun aux missions de la campagne, et nous ne saurions trop vous le conseiller pour mettre un peu plus de peps au jeu.
Au final, Ryse Son of Rome est un mauvais jeu, mais une vraie belle démo technique. Oh, relativisons quand même : quelques moments épiques, quelques passages sympathiques permettent quand même de rentabiliser son achat. Et puis le multi n’est pas si désagréable.
Mais bon. Quoi qu’il en soit, quand on voit la technique utilisée, quand on voit les défauts du jeu (jouabilité sommaire et répétitive jusqu’à la nausée, ennemis clonés, histoire trop courte et pas aseez détaillée), on en peut que rager d’imaginer ce que Ryse Son of Rome aurait dû être avec un poil plus de soin et d’attention, et ce qu’il est finalement. Déçu, donc.
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